Produire ce que nous importons
On peut transformer des dizaines d’industries en recréant des filières agricoles. Matériaux, énergie, boissons, textile... C'est passionnant.
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #38.
On est 18 000 à se serrer sur le plongeoir, quel bonheur :)
Quand tu crées un média, ton rêve est toujours de trouver des sponsors alignés avec ton ADN. Je suis fils d’agriculteur, alors quand Hectarea m’a proposé de soutenir un vigneron bio dans l’Hérault, ça m’a parlé…
Ce plongeon est propulsé par Hectarea
Hectarea permet d’investir dans des terres agricoles pour soutenir les agriculteurs engagés tout en générant une rentabilité satisfaisante.
J’adore leur mission, parce que 50% des agriculteurs vont partir en retraite dans les 10 prochaines années. C’est le moment ou jamais de flécher ces terres vers une agriculture qui nous fait rêver.
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C’est un super vigneron installé en bio dans l'Hérault et qui a besoin de se développer sur 3,22 ha.
La rentabilité cible est de 5,5%. Et tu peux investir dès 500 euros.
C’est ce qu’on appelle donner du sens à son épargne non ?
Pour découvrir le projet de Konrad, inscris-toi :
PS : investir comporte des risques, ceci n’est pas un conseil en investissement mais juste un sponsor que je trouve très cool :)
Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Constat 🧐 : diversifier les cultures peut nous aider à relocaliser les ingrédients de nos fiertés nationales, comme la crêpe ou la moutarde. C’est aussi un moyen d’assurer notre sécurité climatique, en enrichissant nos sols. Structurer de nouvelles filières agricoles est à la fois une innovation, et un retour des savoirs faire locaux. Tu savais qu’on pouvait cultiver de la teinture bleue en Picardie ?
Sujet 🤓 : structurer de nouvelles filières répond à un vrai besoin des consommateurs pour des produits plus sains et durables. C’est aussi un excellent moyen de booster le revenu des agriculteurs, et de rendre l’économie plus résiliente au niveau local comme au niveau national.
Défis 🤔 : il faut mettre le paquet sur l’agronomie. Il faut aussi dépasser de nombreux freins logistiques et industriels sur les territoires, et créer de la valeur ajoutée pour avoir les moyens de nos ambitions. C’est aussi important de créer de nouveaux imaginaires pour rajeunir certaines cultures (exemple de la chicorée).
On plonge ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Constat : diversifier notre agriculture peut tout changer.
Sujet : pourquoi structurer de nouvelles filières agricoles ?
Défis : accélérer le développement des filières.
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1. Constat 🧐 : diversifier notre agriculture peut tout changer.
Les grandes personnes aiment les chiffres.
8693 litres : volume d’eau utilisé pour produire une consommation de 2 tasses de café par jour pendant 1 an. On se met au café d’orge, de lupin, ou à la chicorée pour produire une alternative locale ?
75% : Proportion des galettes bretonnes qui sont “made in China, Russia ou Ukraine”. On est passés de 370 000 hectares de sarrasin cultivés en France en 1900 à 2700ha dans les années 2000. On a retourné le sarrasin comme une crêpe.
80% : part des graines de moutarde importées du Canada. D’où la “pénurie importée” dans les rayons français à partir de l’été 2022, malgré de bonnes récoltes sur le territoire national. Ça pique.
3 : nombre de plantes qui fournissent plus de la moitié des calories mondiales (blé, riz et maïs), parmi les 6000 domestiquées dans l’histoire. Il faut réintroduire plus de diversité agricole en France pour assurer notre sécurité alimentaire, sanitaire et climatique.
6% : surface agricole française consacrée à 11 cultures qui pourraient apporter cette diversité : soja, pois, féverole, lupin, lentilles, pois chiche, luzerne, lin, chanvre, lin fibre, miscanthus. L’objectif fixé en Europe est de multiplier ces surfaces par 1,5 à 3 en 10 ans. On structure cette filière et on développe des super produits ?
La définition
Structurer une nouvelle filière agricole, c’est développer une culture émergente, ou relocaliser une production qui avait disparu. C’est aussi développer les étapes de transformation et distribution pour la valoriser.
Ce sujet me passionne, parce qu'on peut relancer énormément d’industries en repensant les filières agricoles : matériaux, énergie, alternatives au plastique, teintures, cosmétiques, aromatiques, alimentation, boissons, décoration, horticulture, mode…
Quand on regarde de plus près, ça peut prendre plusieurs formes :
Remplacer un produit importé par un produit cultivé en France
La Compagnie des Amandes : culture d’amandes en France.
Sericyne : soie naturelle produite dans les Cévennes.
Relocaliser en France tous les ingrédients d’un produit :
Le Gaulois : jeans dont toutes les matières premières sont françaises : culture du lin et teillage normands, teinture nordiste, tissage ligérien et confection rhodanienne.
Rebooster une filière qui existe déjà :
Cherico : nouvelle marque qui cherche à rajeunir le marché de la chicorée, en tant qu’alternative au café (par les fondateurs de Gallia). La chicorée est déjà produite par plus de 200 agriculteurs surtout dans le Nord.
JNPR : fabrication de spiritueux sans alcool. Ils replantent des genévriers en Normandie pour réduire les importations.
Quelques dates
Il y a plus de 2000 ans : la lentille verte apparaît dans la région du Puy-en-Velay. C’est même le premier légume à obtenir une AOC en France en 1996. Aujourd’hui elles sont devenues majoritairement… canadiennes. Moins de 27% des légumes secs qu’on consomme sont produits en France.
XIe siècle : la tapisserie de Bayeux est pigmentée d’un bleu intense grâce au Pastel des Teinturiers, plante cultivée en France. “L’or bleu” fait la fortune des teinturiers d’Amiens. Depuis, la concurrence du synthétique l’a fait quasi disparaître. En 2017, un couple d’agriculteurs réintroduit cette plante. Une nouvelle filière est en train de se recréer sous la marque Blue Pastel.
1927 : la principale artère marseillaise est rebaptisée “Cannebière” en référence au mot provençal « canébé » (chanvre). Marseille était l’un des plus grands comptoirs de chanvre au monde (cordages). Mais en parallèle, sa culture passe de 176 000 hectares en 1840 à 632ha en 1960. La concurrence des fibres synthétiques fait partir le chanvre en fumée.
1950 : le sud de la France est couvert de 12 000 hectares d’amandiers. En 2021, la France a importé 95% de ses amandes et ne cultive plus que 2200ha. La frangipane de la galette des rois n’a plus rien de français. Espoir : en 2023, la Compagnie des Amandes fait sa 1ère récolte, et en 2025 ça sera au tour de Greenpods.
2020 : 17900 hectares sont de nouveau dédiés au chanvre en France, 1er producteur européen, dont 1084 au chanvre textile. De fil en aiguille, le chanvre renaît de ses cendres.
2021 : L’appel à projets « structuration de filières » du Plan France Relance subventionne 100 projets (81,7M€). 3 filatures sont par exemple relocalisées. On a baissé la dépendance française à la filature de 100 % à… 97%.
2. Sujet 🤓 : Pourquoi structurer de nouvelles filières agricoles ?
Parce qu’il y a un vrai besoin.
C’est sympa de vouloir relocaliser des productions agricoles, mais il faut avant tout qu’elles répondent à un besoin.
Même si c’est toujours trop timide, de plus en plus de consommateurs demandent des produits plus durables, locaux, français, de qualité, sains. De nombreuses marques se sont lancées pour répondre à ces besoins et booster des filières agricoles locales :
Prendre soin de la planète
Chicorée : “L’alternative française au café” (Nourée), “Des ingrédients récoltés et torréfiés en France” (Bibo boissons)
Légumineuses : “En route pour une alimentation plus responsable… Au menu : du végétal 100% local” (Fayo), “Décarbonons nos assiettes… Et si votre fourchette avait le pouvoir de sauver la planète ?” (Hari&co)
Prendre soin de notre santé
Moins de caféine : “Faites confiance à votre énergie naturelle” (Nourée). “Énergie et focus, sans anxiété ni palpitations”(Bonjour)
Moins de sucre : “Yacon, la première alternative saine pour remplacer le sucre” (Yacon&co)
Plus sain : “Explorez le pouvoir des récoltes anciennes… Manger des graines n’a jamais été aussi sexy” (Vieille Graine)
D’un point de vue santé les produits cultivés en France garantissent aussi une sécurité sanitaire. Les normes sont plus strictes et protègent mieux les consommateurs.
La concurrence déloyale de l’import est par contre un gros souci. Quand tu es agriculteur et que tu t’efforces de produire au mieux en France, tu as parfois de quoi devenir fou. On importe par exemple du Canada la majorité de notre moutarde, alors qu’elle y est cultivée avec des pesticides qui sont interdits en France.
Deux moyens d’action :
Le politique : il faut inciter à ne plus importer ce qu’on n’a pas le droit de produire.
L’entrepreneuriat par la transparence : il faut co-construire avec les consommateurs.
Regarde ce que fait Omie pour mettre en avant sa purée de pois cassés, et soutenir les filières de pois en France.
Je n’ai plus envie d’acheter de la moutarde importée maintenant que j’ai conscience de cette concurrence déloyale. J’adore ce que fait Maison Dupont, en relançant la filière moutarde en Normandie.
Pour limiter notre impact sur l’environnement.
Quand on relocalise la production agricole, on réduit le transport et donc les émissions de CO2.
Mais hop hop hop attention, local ne rime pas forcément avec durable. Le transport ne représente que 13,5% des émissions de l’alimentation, contre 67% pour la production agricole.
L’exemple le plus connu est probablement celui de la tomate. Importer une tomate d’Espagne de saison émet 4X moins de CO2 que la produire sous serre et hors saison en France.
Ce qui a le plus d’impact, c’est de produire mieux :
L’agriculture régénératrice et l’agroécologie sont les plus gros leviers pour améliorer la qualité des sols, capter plus de CO2, et diminuer l’usage de la chimie. Retrouve le plongeon sur le sujet ici.
Les aides se multiplient chez les agriculteurs avec le verdissement de la PAC (malgré un assouplissement récent)
Ce qui a aussi de l’impact, c’est de produire autre chose :
Le chanvre est par exemple très peu sensible aux maladies et aux insectes. Il ne nécessite aucun fongicide ou insecticide. Introduire ce type de culture dans les fermes est un super moyen de réduire l’utilisation de la chimie.
Le bambou se développe en France : c’est le pari d’Horizom. Leur objectif est de planter 1000 ha / an. Pourquoi ? Le bambou est un puits de carbone extrêmement efficace. En plus il permet de créer rapidement de la biomasse pour l’énergie (ex : chauffage bois), le bâtiment (ex : construction bois), ou l’agriculture (ex : paillage et apport de matière organique dans le sol). Il complète bien le marché du bois, parce qu’il est peu sensible aux incendies.
Les aides publiques se multiplient pour développer de nouvelles cultures de diversification avec une dimension agroécologique. Si on reprend l’exemple du chanvre qui peut servir en béton de chanvre, la réglementation RE2020 pousse au développement des matériaux bio-sourcés.
Pour booster le revenu des agriculteurs.
L’introduction de nouvelles cultures dans les fermes permet aux agriculteurs :
D’obtenir de nouveaux débouchés pour améliorer leur revenu. Développer une nouvelle culture (ex chanvre) pour un marché émergent (ex béton de chanvre), c’est souvent créer de la marge. Attention cependant à répartir la valeur de façon équitable sur la filière pour que l’agriculteur soit bien rémunéré.
Exemple chez Horizom : leurs agriculteurs partenaires produisent 300 hectares de bambous en 2024. Ils bénéficient d’un revenu garanti par hectare.
Autre exemple intéressant : Cultiv, qui valorise l’agriculture en cosmétiques.
De créer de la résilience agronomique. Grâce aux nouvelles cultures, les terres deviennent plus riches, moins dépendantes aux engrais, et moins sensibles à l’érosion lors de fortes pluies.
Pour rendre notre économie plus solide.
Relocaliser la production permet aussi de :
Renforcer l’économie locale. Ça développe l’emploi sur les territoires puisqu’il faut souvent transformer les récoltes en produits finis.
Par exemple, Hari&Co a structuré sa propre filière de légumineuses en 2021. Leurs agriculteurs partenaires appelés “hari’culteurs” produisent dans un périmètre de 100km autour de l’usine située dans la Drôme.
Créer de la résilience au niveau du pays. La crise du Covid, les sécheresses, la guerre en Ukraine ou encore les attaques en mer Rouge démontrent à chaque fois à quel point on est fragiles et dépendants. Il faut raccourcir les chaînes d’approvisionnement.
3. Défis 🤔 : accélérer le développement des filières.
Mettre le paquet sur l’agronomie.
Qui dit introduction de nouvelles cultures dans les fermes, dit aussi essuyer les plâtres. Il n’y a pas le même recul agronomique sur la production de lentilles, que sur celle du blé.
L’introduction de nouvelles cultures dans les rotations peut parfois générer une stagnation ou une baisse des rendements.
Voilà quelques exemples parmi tant d’autres :
On sait difficilement faire pousser du soja sans irrigation
On manque de diversité génétique en lentilles et pois chiches
On a du mal à se battre contre les champignons (ex Aphanomyces) dans les pois. Les fabricants d’aliments de bétail ont pourtant besoin d’une régularité dans les volumes d’appro. Ils se sont partiellement désengagés du pois. Un pois c’est tout.
Évidemment le changement climatique n’est pas le bienvenu pour résoudre ces soucis agronomiques : stress hydrique et thermique plus fréquent, développement des ravageurs.
Pour y remédier, il faut investir dans la recherche agronomique.
L’association Lin et chanvre bio teste par exemple de nombreuses variétés légales de chanvre (10 en 2024), et de nouveaux itinéraires agronomiques.
C’est important de bien suivre ces avancées, parce qu’elles sont déterminantes pour parier sur des filières à relancer. Sauf si tu as envie de faire toute la recherche toi-même ;)
Dépasser les freins logistiques et industriels.
Il n’y a pas que la production agricole qui compte quand on structure une filière. Une fois la récolte terminée, il faut la transformer en produit fini.
Si on veut recréer une filière complète en local, il faut développer des usines de transformation. C’est un sacré défi parce que ces usines coûtent cher.
Elles doivent aussi :
Être spécifiques à chaque filière : par exemple, le lin nécessite spécifiquement des usines de teillage (pour séparer les fibres de la tige), des filatures (pour transformer les fibres en fil), et des usines de trituration (pour extraire l’huile des graines).
Être positionnées à proximité des fermes : les produits récoltés dans les fermes sont lourds et volumineux, donc il faut réduire les transports.
L’exemple du lin est complètement fou. La France est de loin le 1er producteur mondial, avec 130 000 hectares cultivés. Sauf que comme on n’a quasiment pas de filature en France, on exporte la quasi-totalité de notre production pour être transformée en fils en Asie puis réimportée.
C’est lin-pide : il faut investir dans des outils de transformation en France. 3 premières filatures ont été financées, dont la “French Filature” en Normandie, qui emploie 35 salariés et produit 250 tonnes de fil de lin par an.
C’est le même topo pour le pois : 44 % de notre production est exportée sous forme brute, pour être transformée à l’étranger. Il faut développer en France des usines qui concentrent ces protéines. Le marché est là : les produits alimentaires et cosmétiques à base de protéines végétales se multiplient.
Ne soyons pas trop bisounours, si le boulot est fait ailleurs c’est parce qu’il n’est pas rentable en France.
Comment rentabiliser la transformation des récoltes en France ?
Créer des process qui demandent peu de main-d’œuvre. Oulah c’est difficile d’écrire ça. Pourtant, il faut rendre le process profitable en France pour qu’il soit relocalisé. Il vaut mieux développer une usine assez automatisée en France, qu’une usine très manuelle à l’autre bout du monde. En plus, le secteur agricole a déjà beaucoup de difficulté à recruter.
Horizom a par exemple pivoté d’une récolte des cannes de bambou brutes très intensive en main-d’œuvre vers une récolte mécanisée qui broie les bambous et les transforme en plaquettes.
Développer des technologies qui s’adaptent aux nouvelles cultures. Parfois, une nouvelle filière nécessite de tout réinventer, des process de récolte à la transformation. Si ça coûte trop cher, on finit par devoir produire à l’étranger.
Hyler est un constructeur de machines agricoles belges. Il a inventé en 2021 une machine qui permet de récolter les tiges de chanvre de manière à ce qu’elles deviennent compatibles avec les usines de teillage existantes pour le lin. Évidemment, ça change tout.
Développer des débouchés pérennes. C’est bien sympa de tout faire pour diminuer les coûts de production et de transformation d’une culture en France, mais il faut savoir à qui la vendre.
L’usine Emanuel Lang a relancé en 2019 la première filature de lin française. Lauréate de France Relance, elle a bénéficié de plus de 3,8M€ de subventions. Faute de débouchés, ce symbole du renouveau industriel textile français s’est retrouvé en liquidation en 2023.
On ne peut pas uniquement penser à la relocalisation industrielle. Il faut absolument créer de la valeur ajoutée business, pour créer des débouchés profitables sur le long terme pour ces usines.
En attendant que les débouchés deviennent importants en France, Yacon & Co a fait le choix de produire au Pérou. On espère qu’ils trouveront vite les possibilités de le faire en France, mais il est parfois nécessaire de s’assurer que les gens achètent suffisamment le produit avant d’investir dans l’usine en France, au risque de devoir mettre la clef sous la porte.
Créer de la valeur ajoutée.
Les cultures de diversification sont peu valorisées par rapport à d’autres cultures présentes dans nos fermes françaises comme la pomme de terre, la betterave, les légumes ou même le blé. Elles sont surtout destinées à l’alimentation animale.
Si on veut leur redonner le boost qu’elles méritent, il faut créer des débouchés bien plus rémunérateurs. Ça tombe bien, c’est ce qui est le plus passionnant ;)
J’aime bien l’exemple d’Embrin : une marque de textiles en lin pour la maison, développée sur la ferme familiale de Camille et Alexis en Normandie. Ils valorisent super bien le lin de la ferme et de la coopérative locale “Terre de lin”.
Pour créer cette valeur ajoutée il faut :
Innover dans la proposition de valeur au client.
Yacon & Co, t’apporte une alternative au sucre (via le yacon).
JNPR te propose une alternative au spiritueux alcoolisé, via la baie de genièvre normande et de nombreux aromates mariés par un barman réputé.
La cacahueterie de Soustons est la seule ferme qui produit des cacahuètes en France (40 tonnes par an). Ils se sont associés avec un chocolatier pour développer des friandises et créer un maximum de valeur ajoutée. Malin.
Valoriser les coproduits. On ne peut plus se permettre de jeter tout ce qui ne nous intéresse pas dans une plante (ex : la peau d’un fruit si on valorise la pulpe). Ces coproduits représentent 40 % du volume des nouvelles cultures. En plus comme ces nouvelles productions sont amenées à se développer, on va doubler le volume de leurs coproduits d’ici 2035. Il faut absolument trouver le moyen de mieux les valoriser.
Bâtilin produit par exemple un isolant pour le bâtiment fabriqué à partir des anas de lin, co-produit issu du teillage du lin.
Flashback sur un ancien Plongeon pour un panorama large des coproduits.
Faire évoluer les mentalités.
Parfois il n’est pas nécessaire de réinventer la roue, mais il faut réinventer les imaginaires.
L’exemple de la chicorée est frappant. La filière existe depuis longtemps en France, et elle est même bien structurée. Par contre, c’est un marché un peu vieillissant. C’est une super opportunité pour écrire un nouveau récit et venir titiller le marché du café.
Cherico est une marque lancée par les anciens fondateurs de la bière parisienne Gallia. Ils veulent convertir de nouveaux consommateurs qui ne s’identifient pas aux marques historiques. Marketing pop, nouveaux lieux de consommation (coffee shops, coworkings), “l’amie du petit-déjeuner” ne sera bientôt plus “la boisson des grands-parents”.
Écrire de nouveaux récits est important sur tous les marchés pour créer de la valeur dans les filières agricoles, des matériaux biosourcés aux alternatives végétales à la viande.
Hari&Co a par exemple beaucoup bossé pour réintroduire la notion de plaisir dans la cuisine végétale. Transformer des légumineuses de la région Rhone Alpes en produits alimentaires n’aurait pas suffi. Le rayon “alternatives végétales” ne dégageait pas assez de gourmandise pour convertir. Ils ont prouvé grâce aux restaurateurs que la cuisine végé pouvait devenir cool, gourmande, et sans additifs. Une fois que c’était prouvé, ils ont lancé leurs produits en supermarchés (2020).
Atteindre une taille critique de l’amont à l’aval.
Une filière ne tient pas qu’à un fil : il faut tirer tous les fils en même temps. Et pas que dans le textile ;)
Il faut que tout soit développé en parallèle. Si tu développes une usine extraordinaire de transformation mais que la production dans les fermes n’est pas au point, ça ne fonctionnera pas.
Il faut mobiliser tous les acteurs en même temps et qu’ils grandissent progressivement : agriculteurs, fabricants de machines agricoles, industriels, distributeurs, financeurs.
Pour que ça marche vraiment bien, il faut désintermédier au maximum la filière, ou a minima qu’un acteur la coordonne. Il faut que la communication entre la production et la distribution soit la plus fluide possible.
Ça peut se passer de deux manières :
Soit un collectif fait un excellent travail de coordination, sans capter trop de marge dans le process. J’ai l’impression que c’est le cas pour la laine française ou pour le pôle européen du chanvre.
Soit une marque tente de rassembler autour d’elle, pour le bien de la filière. C’est le cas du Slip français ou des jeans Le Gaulois, qui essaient de rentabiliser les activités de chacun des maillons de la chaîne de valeur pour démocratiser le “made in France”.
C’est tout pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
Merci à Hectarea pour son soutien en tant que sponsor de cette édition.
Si tu ne l’as pas fait, fonce t’inscrire pour suivre le projet de Konrad. Tu peux investir dans des parcelles (dès 500€) pour qu’un vigneron bio se développe, et viser 5,5% de rentabilité.
C’est ce qu’on appelle donner du sens à son épargne non ?
Merci à Alice qui a co-écrit ce plongeon avec moi.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
Plonge dans l’épisode 2 pour passer à l’action : liste des projets déjà lancés, idées de jobs, opportunités de boîtes à créer, et bien évidemment des super vocaux d’expert(es) et d’entrepreneurs.
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like / commentaire avec ton ressenti, ça ne mange pas de pain et ça fait du bien.
Si tu as trouvé cette newsletter utile, partage-la. C’est uniquement comme ça que ce projet grandit.
À très vite,
C'est passionnant, merci pour cette newsletter ! Une autre belle histoire sur une filière qui nous parle à tous > Hopen, qui relocalise la filière du houblon en France depuis 2019 https://hopenhoublon.fr/ :)
Et, en tant que consommateurs, ne pas oublier qu'encourager la relocalisation des filières c'est aussi accepter du changement : la qualité ne sera pas forcément la même (exemple de la laine française, moins douce que la laine chinoise ou australienne), et le prix non plus (surtout si on veut rémunérer correctement les agriculteurs pour le travail supplémentaire) > mais ça vaut le coup !
Spot-on sur les enjeux de construction de filière, pré-existante (comme la viti) ou en développement. Dans ce nouveau modèle, les expertises croisées d'agronome, ingénieurs technique et marketing-sales, un dialogie fertile pour créer les nouvelles valorisations, viables et profitables. Un article génial, merciiii, sur l'ensemble des enjeux, qui nous animent sur la filière Vin avec Pépite Raisin!