Mieux vieillir : le défi d'une génération
8 millions de Français auront plus de 75 ans en 2030. Comment on les accompagne ?
Hello les plongeurs, voilà la newsletter du Plongeoir #81.
On est tous concernés de près ou de loin par le vieillissement de nos proches. Les aider à “bien vieillir” est un enjeu fascinant.
Mais avant ça un petit tour par la Nef. J’ai rejoint cette banque dingue il y a 2 mois. A toi de jouer ?
Le partenaire du jour : La Nef, banque éthique.

En janvier dernier, j’ai passé 1 semaine immergé dans cette banque coopérative incroyable. Le 10 janvier, j’ai publié leur Plongeon portrait.
La Nef est un des plus gros succès du Plongeoir.
Ils financent environ 500 projets par an, 100 % impact. Filière bio, énergies renouvelables, santé, économie circulaire etc.
Tout est transparent. La liste de tous les projets financés est disponible publiquement.
Je suis moi-même devenu épargnant et sociétaire de la Nef :)
Si tu veux reprendre la main sur ce que finance ton épargne, rejoins-nous :
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Constat 🧐 : La population française vieillit. Le nombre de personnes en perte d’autonomie explose. On a ajouté des années à la vie. Et si on ajoutait de la vie aux années ?
Sujet 🤓 : On a industrialisé la prise en charge des personnes âgées. Ça a eu du bon, parce qu’il fallait accompagner tout le monde. Mais on a créé un modèle trop déshumanisé. Donnons-lui une nouvelle jeunesse !
Défis 🤝 : On doit changer nos regards sur la vieillesse. La voir comme une opportunité. Il faut absolument prendre soin des auxiliaires de vie, dont la situation est catastrophique. Ouvrir les lieux de vie des séniors sur l’extérieur peut aussi apporter à tout le monde. Et utiliser intelligemment la tech peut retarder la perte d’autonomie.
J’ai co-écrit cette newsletter avec Guillaume Desnoës, co-fondateur d’Alenvi. Il vient d’écrire un livre ultra-inspirant avec Thibault et Clément : “Bonjour vieillesse”. Si tu veux croire en l’avenir, achète-le ici !
Merci aussi à l’habituelle Alice Carré-Seemuller, qui m’aide dans l’écriture de ces plongeons.
On plonge ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Constat : c’est le Papy-mamy boom.
Sujet : La vieillesse, un process comme les autres ?
Défis : Redonner de la vie aux années.
Oups, cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le dans ton navigateur 👇
1. Constat 🧐 : c’est le Papy-mamy boom.
Les grandes personnes aiment les chiffres.
80 ans : âge d’une personne née en 1945, juste après la guerre. Le baby-boom est devenu le papy-boom. Ou Mamy-boom, 60% des plus de 75 ans sont des femmes.
8 millions : nombre de Français qui auront plus de 75 ans en 2030, contre 5 millions aujourd'hui. La France vieillit, EHPAD qu’un peu.
+ 17 ans : gain d’espérance de vie depuis 1950 en France. C’est 80,1 ans pour les hommes, 85,7 ans pour les femmes.
4 millions : projection du nombre de séniors en perte d’autonomie en 2050. C’est quasi 2X plus qu’en 2015. On les aide à rester autonomes plus longtemps ?
30 minutes : temps maximal généralement autorisé pour une visite à domicile. Pour un lever, un petit dej, et une toilette. La pression du chronomètre déshumanise le métier. Les accidents du travail et maladies professionnelles sont trois fois supérieurs à la moyenne.
“Cette dictature de la pendule se retrouve jusque dans les smartphones des salariées, qui émettent parfois automatiquement une sonnerie cinq minutes avant la fin de chaque intervention, en guise de compte à rebours.”
Extrait d’un reportage France Infos de 2019
17,5% : taux de pauvreté des intervenants à domicile auprès des personnes âgées, contre 6,5% pour l’ensemble de la population. Il va falloir revaloriser ces métiers !
C’est le sujet chaud du moment
Tu te souviens du scandale Orpea en Janvier 2022 ? Un film est sorti sur le sujet fin mars. L’enquête Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet dénonce l’obsession de la rentabilité et la maltraitance envers certains résidents.
Et pendant ce temps-là dans le monde politique, les projets de loi se succèdent, mais les mesures mises en place ne sont pas à la hauteur des enjeux. Le dernier projet “Bien vieillir” d’avril 2024 s’est élagué pour devenir “l’autorisation des animaux de compagnie en EHPAD”. Peut-être que c’est utile. Mais est-ce qu’on ne devrait pas prendre plus le sujet en mains ? Nom d’un chien ?
Définition
Beaucoup parlent de bombe démographique ou de tsunami gris pour parler de la vague de personnes âgées qui arrive sur la société. Ça ne fait pas rêver !
Et si on évitait de voir ça comme un problème explosif (on dit même papy boum) ?
Il faut créer une société où on peut “bien vieillir”. Mais ça veut dire quoi ?
“Il s’agit de renforcer les compétences des personnes âgées pour prolonger leur autonomie et soutenir santé et qualité de vie à domicile le plus longtemps possible.”
En fait c’est simple, le “Bien vieillir” est le miroir de l’évolution de la santé. Selon l’OMS, la santé n’est pas juste une absence de maladie. C’est un bien-être physique, mental et social.
On veut donc une vieillesse qui devienne une maturité épanouie. Où le bonheur est un fil conducteur :)
La petite histoire des vieux
On a toujours été vieux. Même si on était vieux à 50 ans autrefois. Et qu’on ne restait pas vieux longtemps.
La vieillesse comme secteur d’activité est par contre toute jeune à l’échelle de l’humanité.
Pendant très longtemps, on s’occupait nous-mêmes de nos parents âgés. Ils vieillissaient chez nous. La solidarité familiale était bien plus grande que la solidarité nationale.
Les premières personnes âgées qui ont bénéficié de services professionnels d’accompagnement sont les deux extrêmes de la société :
Les gens aisés. Quand ils vieillissaient, leurs “domestiques” devenaient de fait des auxiliaires de vie.
Les personnes les plus pauvres et isolées, à qui les premiers hospices étaient destinés.
Tout a changé à la fin de la seconde guerre mondiale :
La durée de vie s’est allongée avec les progrès de la médecine.
Les enfants se sont éloignés de leurs parents. Si tu regardes ton arbre généalogique, tu verras souvent qu’on habitait au même endroit que nos parents jusqu’au milieu du XXe. Aujourd’hui un tiers des plus de 50 ans n’a pas d’enfant à moins de 25 km.
Les femmes ont développé leur activité pro. Sans surprise, celles qui géraient les enfants géraient aussi les grands-parents.
On est passés en 40 ans d’une gestion familiale à une gestion pro de la vieillesse :
Avant les personnes âgées étaient prises en charge par leur famille ou se retrouvaient dans des dortoirs d’hospices précaires.
Aujourd’hui tout le monde peut être accueilli en chambre simple ou double. Avec un suivi médical adapté en EHPAD. On peut aussi rester chez soi le plus longtemps possible, grâce à la loi Borloo de 2006. Elle a multiplié les incitations fiscales pour développer le secteur de l’aide à domicile. Ça a créé des milliers d’emplois.
Les scandales récents ne doivent pas faire oublier ces progrès réalisés en un temps record. Maintenant à nous de regarder l’avenir pour construire un futur bien plus cool.
2. Sujet 🤓 : La vieillesse, un process comme les autres ?
L’industrialisation de la prise en charge
L’objectif a clairement été de trouver le moyen de prendre en charge tout le monde.
Alors a fait deux choses en parallèle à partir des années 1975 :
On a créé des normes. Logique : avec des maisons de retraite qui allaient pousser partout, il fallait standardiser le niveau de qualité attendu. Mais l’humain, ça ne rentre pas dans une norme. Résultat : on n’a pas réussi à créer un environnement où les personnes âgées s’épanouissent, ni un cadre de travail motivant pour les pros. Alors que les deux vont ensemble.
On a créé un modèle financier qui rassurait les investisseurs. Résultat : des milliers de personnes ont mis leur argent dans des maisons de retraite et des EHPAD. Des boîtes comme Emeis (ex-ORPEA) ou Clariane (ex-Korian) sont devenues de vrais placements boursiers. C’était super pour construire plein d’établissements très vite. Mais il y a eu un effet rebond. Les actionnaires ont tendance à maximiser la rentabilité…donc à rogner sur le temps passé avec chaque résident, ou sur les salaires du personnel.
Comme souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
En 2002 on a mis en place un process dans chaque établissement pour prendre soin de chacun. Par exemple un projet de vie personnalisé pour s’adapter aux besoins et aux envies de tous. Ou des chartes de la bientraitance dès 2012.
Mais pour prendre soin d’une personne âgée, il ne faut pas des chartes. Il faut lui redonner un sentiment d’utilité sociale. Il lui faut des relations humaines.
Des métiers de l’humain déshumanisés
Tape par exemple “Tâches d’une auxiliaire de vie” sur ton moteur de recherche.
Tu trouveras plein de pages du type :
Comme si leur métier se définissait davantage en négatif qu’en positif.
On comprend bien le besoin d’encadrer leur boulot. Il faut les protéger des demandes excessives des personnes qu’elles accompagnent ou de leurs familles par exemple.
Mais imagine-toi dans un métier avec autant de “(not) to do lists”. Quelle place pour l’adaptation à chaque situation, le bon sens ? Et tout simplement pour la motivation ?
Les pros de l’aide à domicile (plus de 95% de femmes) ont des conditions de travail très compliquées :
75% travaillent à temps partiel. 61% ont le choix de leur temps de travail (contre 85% pour la moyenne des salariés). Il faut avouer que la gestion du planning est un casse-tête dans ce métier. Les demandes tournent toujours autour des mêmes besoins (toilette le matin, déjeuner le midi, coucher le soir). C’est difficilement conciliable avec un temps plein.
Malgré leur job à temps partiel (majoritairement subi), leurs journées et leurs semaines sont super longues. Les horaires de travail sont très morcelés. Et il faut souvent travailler le samedi, le dimanche et les jours fériés.
Le film "Au Boulot !" met en avant le super job des auxiliaires de vie, en donnant la parole à ces "travailleuses invisibles".
“Le monde de l’aide à la personne aujourd’hui renvoie à ce qu’était le monde ouvrier du début du XXe siècle. La plupart des salariées sont rémunérées au SMIC, 7 sur 10 subissent du temps partiel. [...] L’auxiliaire de vie est ainsi formée à accomplir des tâches « mécaniques », à voir son temps organisé et réglé à distance par un coordinateur, contremaître qui ne dit pas son nom. Le planning d’interventions doit être exécuté à la minute.”
Guillaume Desnoës, Thibault de Saint Blancard et Clément Saint Olive, La société du lien
Si on résume, les personnes qui s’occupent de nos parents ou grands parents sont mal rémunérées. Elles sont fatiguées, et peu valorisées. La classe 🙃.
Pour redonner de la vie aux années chez nos aînés, il faut des professionnels en nombre et épanouis. Il y a un sacré challenge ici non ?
Le partenaire du jour : La Nef
Ils financent environ 500 projets par an, 100% impact. Filière bio, énergies renouvelables, santé, économie circulaire... J’ai ouvert mon livret il y a 2 mois. Tu nous rejoins ?
3. Défis 🤝 : Redonner de la vie aux années
Et si le “bien vieillir” permettait d’être à la fois vieux et heureux ?
“Certains voudraient vivre vieux, c’est une erreur, moi je veux partir heureux.”
Vianney & Renaud, dans Maintenant
Changer les attentes et les regards
L’espérance de vie n’augmente plus autant qu’avant. Les attentes évoluent. On veut du bien-être à tous les âges de la vie.
J’adore l’histoire du magazine “Vieux” lancé par Antoine de Caunes. Âgé de 71 ans, il a lancé ce magazine pour changer les regards sur la vieillesse. Et il crée de nombreux pieds de nez :
Il appelle le magazine “Vieux” pour éviter les périphrases. D’un air de dire, “Oui je suis vieux, pas “personne âgée”. Pourquoi contourner le sujet ? Mais c’est canon cette période.”
Il veut sortir des caricatures “des vieux tout voûtés, qui s'ennuient et qui attendent plus ou moins sereinement la fin".
Le magazine est un gros succès, et pas uniquement chez les plus âgés. Chez tout le monde. En fait on adore tous nos vieux ;)
“Notre société n’aime pas la vieillesse, mais elle aime les vieux.”
Guillaume, Thibault et Clément dans “Bonjour vieillesse”.
Un exemple encore plus dingue est Mamy Ruby et ses 50K followers sur TikTok. Regarde cette vidéo :)
En mettant des noms et des visages derrière le grand âge, on le considère moins comme un fardeau. Et si le grand âge était avant tout une opportunité collective ? Du partage, de la sagesse. Et un moment d’accomplissement individuel pour ceux qui vieillissent ?
La projection de personnes célèbres aide à changer le regard sur l’âge. Sophie Davant a publié le livre “Quel bonheur de Vieillir !”. Pour ne pas regretter le temps Davant.
La série “Raconte-moi ta vieillesse” du Monde est un autre bel exemple. Tout comme le livre Bonjour Vieillesse, en projetant en 2035 dans la société du “Bien vieillir”.
Prendre soin de ceux qui prennent soin
Les professionnels du lien ont besoin de se sentir reconnus, utiles et fiers de ce qu'ils font. Le sens au travail diminue fortement la charge mentale dans les métiers du “care”. C’est prouvé.
Et pour que ça marche, il faut un bon management :)
Les recettes sont déjà là, il faut les déployer. L’idée n’est plus de multiplier les process pour contrôler les personnes qui vont chez chaque personne âgée. Mais plutôt de leur donner un cadre pour travailler sereinement.
Il faut offrir de l’autonomie, et de la responsabilisation. La même chose que ce qu’il faut donner aux personnes âgées pour qu’elles vieillissent mieux tiens.
Prenons l’exemple de la gestion du planning :
Il faut créer de la confiance. Chez Alenvi, chacun organise son propre planning. Les équipes sont sectorisées de manière méthodique. Chaque personne passe le moins de temps possible dans les transports, organise son temps plus facilement et peut s’ancrer localement.
En échange, il faut de la transparence. Chacun doit partager son planning publiquement, et transmettre les infos sur les personnes qu’il accompagne. Pour faciliter les remplacements si besoin.
La boîte offre donc de la confiance au salarié. Le salarié lui rend de la transparence. Et tout ça crée de la résilience.
Beaucoup de monde dira que ces modèles horizontaux ne sont pas possibles à grande échelle.
Pourtant ça marche aux Pays-Bas chez Buurtzorg avec 15 000 personnes. C’est aussi le cas chez Acorus avec 1 800 salariés (dans le BTP, lis leur portrait dans Le Plongeoir)
C’est plus facile de transformer une petite boîte qu’une grande, donc il faut agir tôt. Vivat et AMF-AD ont toutes les deux réussi à créer ce modèle sur des équipes de plus de 200 personnes dans l’aide à domicile. Ça permet de réduire le turn-over et l’absentéisme. Et c’est même rentable financièrement.
De plus en plus d’EHPAD se transforment aussi avec des équipes autonomes, comme “Noel Leduc” dans le Nord.
Pour que ça fonctionne, il faut changer quelques fondamentaux :
Suivre l’épanouissement des équipes. Le collectif L’Humain d’abord a créé l’« Indice d’alignement humain ». Pas mal de gens l’utilisent, comme Ancre à Domicile en Drôme-Vaucluse ou l’association A.G.A.P.E.S en Gironde.
Transformer la formation, et valoriser le “prendre soin” comme compétence pro. Une auxiliaire de vie qui a “perdu 5 min” avec une personne âgée isolée pour retrouver ses lunettes lui a sauvé sa journée. Ça lui a aussi évité une potentielle chute, et donc une perte d'autonomie… Compani se concentre sur ce défi.
“Un jour on pourra se former à l’École Polyempathique (X) ou aux Hautes Etudes du Care (HEC)”
Guillaume, Thibault et Clément dans “Bonjour vieillesse”.
Décloisonner la vieillesse
Pour “industrialiser” la prise en charge des personnes âgées, on les a rassemblées dans des maisons de retraite. Mais on se rend compte qu’il est super bénéfique de mélanger les publics.
Les cafés intergénérationnels Chez Daddy sont géniaux. Ils permettent de rompre l’isolement des personnes âgées et de créer du lien entre générations. Ils lancent même maintenant des habitats inclusifs pour seniors Maisons Daddy dans les étages.
Les crèches intergénérationnelles qui s’installent dans des EHPAD sont aussi passionnantes. On en parlait dans la newsletter sur les 1 000 premiers jours. Par exemple Tom & Josette. Voir les yeux des aînés s’illuminer face aux enfants, c’est canon !
L’EHPAD Jardins d’Haïti à Marseille est aussi inspirant. La “maison à vivre” pour personnes âgées accueille des étudiants, une crèche, un espace de coworking, un restaurant, une école de musique… J’adore l’exemple de Kersalic en Bretagne aussi dans cet article. Make sense accompagne d’ailleurs beaucoup d’EHPAD à créer des tiers lieux.
Et évidemment il ne faut pas oublier les acteurs historiques qui font un boulot exceptionnel, comme Les petits frères des pauvres.
Les habitats partagés sont aussi un super moyen de “mieux vieillir”. Ils permettent aux personnes âgées de conserver des interactions sociales et de rester plus longtemps autonomes. Combien de fois j’ai entendu mes parents dire que pour leurs vieux jours ils se mettraient bien en coloc avec leurs amis :)
Les Maisons partagées Alenvi sont des colocs de personnes âgées avec des troubles cognitifs. Rien de tel que de continuer à jardiner, faire la vaisselle ou bricoler pour mieux vieillir. Les habitats partagés pour seniors se multiplient, comme Cosima ou Domani.
L’association Ensemble 2 générations fait un super job. Ils ont créé plus de 7000 cohabitations entre jeunes et séniors depuis 2006. C’est beau non ?
Il existe aussi le modèle public “Accueil familial” qui permet à un accueillant familial agréé d’être rémunéré pour l’accueil d’une personne âgée. Cettefamille est une boîte qui facilite ça d’ailleurs.
C’est marrant de voir qu’on vivait autrefois avec nos aînés chez nous, et qu’on recrée aujourd’hui des modèles d’habitats partagés. On se rend compte que tout n’était pas à jeter.
Mobiliser intelligemment la technologie
Alors perso je préfère encore appeler mes parents que laisser une IA le faire comme ici… Mais la tech peut être utile aux auxiliaires de vie pour passer plus de temps sur le “prendre soin” et l’humain.
La domotique et la télésurveillance
La domotique peut être utile pour :
Géolocaliser les personnes atteintes de troubles de la mémoire notamment via des bracelets électroniques.
Alerter les proches et réagir en temps réel en cas de crise (chute, AVC…) : bracelets, capteurs, sol intelligent…
Si tu veux creuser un exemple de boîte, TelegrafiK vient de se faire racheter par le Groupe Bataille.
La télésurveillance peut faire un peu peur, parce qu’on n’a pas trop envie de se faire surveiller H24 par une IA. Mais pour maintenir à domicile nos aînés plus longtemps, c’est super utile.
Epoca ou Presage surveillent l’activité d’une personne. Si une anomalie survient, ça accélère le passage d’une auxiliaire de vie ou d’un médecin .
Les robots et la réalité virtuelle
La critique qui peut être faite à la réalité virtuelle est de s’enfermer plutôt que de sortir s’émerveiller. C’est vrai, mais pas quand on est isolé en EHPAD ? À ce moment-là de ma vie, je serai sûrement content d’enfiler mes lunettes et de sortir en ski de rando par VR ;)
La réalité virtuelle peut être utilisée à la fois au niveau thérapeutique et récréatif. Lumeen est très plébiscitée par les EHPAD.
C’est un peu pareil pour les robots. Dans le cas de personnes atteintes d’Alzheimer par exemple, les résultats semblent super intéressants. Regarde par exemple cette vidéo sur le robot Paro.

Beaucoup de seniors se sentent exclus du numérique. On pourrait se dire que l’IA va encore accélérer le mouvement.
Mais ça n’est pas certain du tout. C’est à la technologie de s’adapter aux séniors et pas l’inverse. L’IA permet désormais d’échanger simplement avec la voix.
La startup Elliq aux US est intéressante. Une personne âgée échange naturellement avec le produit, et elle peut faire des exercices sportifs, lancer un jeu de société, visiter un pays ou une culture.

Mais attention au tout numérique : la moitié des plus de 75 ans n’a pas accès à internet.
Le format papier et les ateliers en présentiel
Famileo est un énorme succès. Les plus jeunes alimentent l’App en photos et en texte via leur téléphone. Les grands-parents reçoivent tous les mois le journal sur papier. L’entreprise est rentable et en forte croissance. Ils se développent dans d’autres pays d’Europe et aux US.
J’aime bien aussi l’exemple de Neosilver. Une communauté de 5 000 intervenants qui animent des ateliers bien-être, sport, culture, jardinage etc. Leur plateforme relie les établissements et tous ces intervenants. Leur modèle économique est sain, et ils viennent d’attirer la Banque des territoires et Mirova à leur capital.
Et voilà, c’est fini pour aujourd’hui.
Il reste un énorme défi dont on n’a pas parlé dans cette newsletter, tu vois lequel ?
Le modèle économique du grand âge. Personne ne sait comment on va financer la perte d’autonomie progressive de millions de personnes. On peut faire économiser énormément d’argent à l’État en décalant l’âge de cette perte d’autonomie…
On en parle la semaine prochaine. Il faut agir et lancer des projets.
🙏 Énorme merci à Guillaume Desnoës, et à Alice pour la coécriture de ce Plongeon.
On se retrouve vendredi prochain !
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
J’ai deux derniers services à te demander :
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À très vite,
Merci Guillaume pour tes articles, toujours inspirants, pédagogues, sympathiques à lire.
Le sujet de ce jour tombait à pic pour moi, qui souhaite me reconvertir dans l'accompagnement des personnes âgées, encore autonomes ou plus vraiment.
Tout ceci nourrit ma réflexion et va m'aider à avancer dans la maturation du projet.
Encore merci.
Bonjour Guillaume, je tenais à te remercier pour ton travail qui fait parti de mes petits plaisirs inspirants !
Ton post du jour corréle parfaitement avec un projet que j'ai en tête.
Quand on a une idée et qu'on est seul(e), il y a des jours où on trouve du sens à notre projet et d'autres ou on se dit qu'on a pas le niveau pour le mener à bout.
Je souhaite créer un lieu de vie intergénérationnel (Restauration, animation, jardinage, travaux manuels) qui permette au mamies (et papys) de venir cuisiner des plats de leur culture et de maintenir une activité manuelle et de partage avec les plus jeunes.
Un lieu où les anciens auraient l'occasion de raconter leur vie, et qu'il puisse transmettre aux plus jeunes leur histoire, autour d'un plat traditionnel.
Je pensais au départ uniquement à un restaurant, mais au final, l'idée du lieu de vie, de rencontre, par exemple un tiers lieux, serait plus intéressant et plus complet.
Je suis en région parisienne. Si quelqu'un, parmi les lecteurs, serait intéressé de participer à cette aventure, j'en serai des plus heureuse !