L'incroyable pouvoir de l'épargne
Notre argent ne dort pas, il pollue. L'épargne des français représente 6000 milliards d'euros. Et si elle était utilisée pour construire demain ?
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #30.
Si notre épargne finance le dérèglement climatique, on peut vite avoir l’impression de nager à contre-courant. On plonge quand même ?
Ce plongeon est propulsé par Asterion Ventures.
Ils me soutiennent depuis le début du Plongeoir, et leur mission résonne encore plus avec le plongeon du jour sur l’épargne :
Ils rassemblent les meilleurs Business Angels, pour qu’ils flèchent leur patrimoine vers des startups qui construisent un futur plus cool.
Ils investissent sur le long terme, et c’est la clef pour aligner rentabilité et impact.
Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
Aller voir le super boulot de Gaël Berthélémé, avec qui j’ai co-écrit cette édition. Sa newsletter sur l’épargne durable s’appelle Epinard.
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Constat 🧐 : Nous avons 6000 milliards d’euros d’épargne en France. Ce levier est peu utilisé par les banques pour financer le monde de demain. Si tu comptais l’impact de ton argent dans ton bilan carbone, ça serait le plus gros poste.
Sujet 🤓 : Pourquoi ça ne bouge pas assez vite ? Parce qu’il est très complexe de flécher l’argent sur les bons projets, et parce qu’on a tous des exigences personnelles différentes.
Inspis 😏 : Les banques éthiques se bougent depuis 30 ans. Depuis 2020, les néobanques vertes viennent mettre un coup de pied dans la fourmilière. Les assurances vies durables débarquent, et les plateformes de crowdfunding permettent d’investir avec un impact concret.
Défis 🤔 : Il faudrait que les banques éthiques accélèrent, ou qu’une néobanque devienne banque. Il faut convaincre les plus aisés d’investir à long terme dans la transition, et investir dans les projets qui en ont le plus besoin.
Alors, c’est parti pour un plongeon palpitant ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Constat : une épargne responsable ?
Sujet : les verrous à faire sauter.
Inspis : les leviers pour tout changer.
Défis : comment accélérer ?
Cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le directement dans ton navigateur ici 👇
1. Constat 🧐 : une épargne responsable ?
Les grandes personnes aiment les chiffres.
67 milliards d’euros : investissement annuel qu’il serait nécessaire de faire en France pour la transition environnementale (2,5% du PIB). C’est l’équivalent de ce qui a été investi pendant la crise du Covid. La transition, c’est donc un “quoi qu’il en coûte” permanent.
6000 milliards d’euros : montant de l’épargne des français. Il est là notre levier ?
350 milliards d’euros : investissements dans les énergies fossiles réalisés par des banques françaises, entre 2015 et 2022. Si ton épargne était intégrée dans ton bilan carbone, ça serait ton premier poste d’émissions de CO2. Oups.
13% : proportion des français qui connaissent l’épargne responsable. C’est une petite bombe. Quand on pédale toute la journée dans un sens et qu’on apprend que notre épargne pédale dans l’autre, c’est un tantinet agaçant.
La définition
La finance durable désigne l’ensemble des pratiques financières visant le long terme, pour favoriser une économie plus écologique, plus équitable, plus juste et plus solidaire (Ademe).
Pourquoi viser le long terme ?
Si tu vises une rentabilité à très court terme, tu auras toujours intérêt à exploiter au max les ressources naturelles. Par exemple, un trader gagnera toujours plus sur du court terme à parier sur l’évolution du cours des énergies fossiles.
Si tu vises le long terme, tu parieras au contraire sur des changements de paradigme. A 30 ans, tu peux imaginer favoriser les énergies vertes au pétrole.
50 nuances d’impact
Ce qui est prioritaire pour certains ne l’est pas forcément pour d’autres. Certains vont privilégier la lutte contre la faim, d’autres la lutte contre le réchauffement, ou encore la préservation des océans. D’où cette définition qui inclut l’écologie, l’équité, et la solidarité.
Quelques dates
1983 : création du fonds “Faim et développement” par le Crédit Coopératif. Le principe ? Une épargne non rémunérée, dont les intérêts financent des actions philanthropiques.
1986 : création de la banque éthique NEF. Elle investit uniquement dans des projets à impact social ou environnemental, et tout est transparent. Contrairement aux banques traditionnelles qui ne publient pas à qui elles prêtent.
2014 : Création de Lita.co, plateforme de financement participatif qui investit directement au capital de projets durables.
2015 : Accord de Paris, objectif 1.5 degrés max de réchauffement.
2016 : Création du label ISR (Investissement Socialement Responsable). C’est une forme de coup de tampon que peuvent obtenir les fonds qui respectent des critères Environnementaux, Sociaux ou de Gouvernance (ESG). Bon, ils ont un peu le tampon facile quand même.
2020 : Lancement de Green-Got et Helios, les premières néobanques vertes. Espérons qu’elles mûrissent vite.
Mars 2024 : Les fonds ISR excluent désormais les entreprises qui exploitent du charbon, des hydrocarbures, et lancent de nouveaux projets d’exploration. Heu c’était pas le cas avant ?
🙏 Ils font vivre le Plongeoir et on les adore
Depuis 2014, makesense a accompagné plus de 8000 entrepreneur·ses du bien commun, comme Too Good To Go ou Helios, bien dans le thème du jour. Et si tu en faisais partie ?
Rejoindre l’incubateur de makesense_entrepreneurs, c'est te faire accompagner pour faire grandir ton projet selon les principes du vivant. C'est aussi rejoindre une communauté joyeuse, fertile et engagée.
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2. Sujet 🤓 : les verrous à faire sauter.
L’accord de Paris a été signé en 2015, et 9 ans plus tard notre argent finance toujours massivement le dérèglement climatique.
Alors, pourquoi la finance traditionnelle n’envoie pas nos 6000 milliards dans la construction du futur qu’on souhaite ?
Parce qu’il y a des règles
La première chose qu’il faut comprendre, c’est qu’aucune banque ne peut investir à 100% dans des projets impact. Si ta banque investissait tout ton argent dans des éoliennes, comment tu ferais pour le dépenser ?
Les banques doivent respecter un ratio de liquidité. Même dans une néobanque verte comme Helios, 40% des dépôts sont investis en projets impact. Le reste sert à garder une part liquide que tu peux dépenser comme tu veux.
Parce qu’il est compliqué de flécher l’argent
Imagine que tu investis dans une assurance-vie.
Comme tu ne veux pas investir dans l’exploration pétrolière en Alaska, tu te lances dans des recherches pour comprendre où vont partir tes sous :
Dans une assurance vie, il y a plusieurs fonds d’investissement.
Chaque fond répartit ses investissements sur de nombreuses entreprises.
Chacune de ces entreprises développe des dizaines de projets à l’international. Certains sont durables, d’autres non. Par exemple Total investit dans le pétrole, comme dans le solaire.
Ces différentes couches sont utiles, parce qu’elles diversifient le risque. Si une boite se plante, ton assurance vie ne s’évaporera pas.
Mais en terme d’impact, ça noie clairement le poisson, voire la baleine. Il est quasiment impossible de savoir dans quoi est investi ton argent.
C’est pour ça que de nouveaux acteurs naissent, comme l’assurance vie durable Goodvest qui se paluche l’analyse de tous les fonds à ta place.
En ce qui concerne les banques, c’est le même bazar.
Tu as peut être entendu en 2022 le Crédit Agricole annoncer qu’ils n’investissaient plus dans les projets d’extraction de pétrole. Tu t’es peut être senti(e) fier(e), avec tes comptes au Crédit Patates. Sauf que petite nuance : ils n’investissent plus directement dans les projets…mais ils financent toujours les entreprises qui les portent.
Le financement par projet ne représente que 2,5 % à 3,6 % des financements octroyés en 2022 par nos banques. Une paille.
Pendant le même temps, BNP Paribas et Crédit Agricole ont prêté en cumulé plus de 13 milliards de dollars aux majors de l’énergie. Comment savoir si ça finance du pétrole ou du solaire ?
C’est une énorme limite du système actuel : il faut flécher l’argent sur les projets, pas sur les entreprises.
Parce qu’investir en bourse a peu d’impact
Ok Guillaume, je comprends que mon argent en banques tradi est compliqué à flécher. Mais moi, j’investis en bourse directement dans des boites qui vont dans le bon sens. Et paf !
Malheureusement, investir en bourse a rarement de l’impact. Tu vas simplement échanger des titres avec un autre investisseur, donc la boite que tu veux financer n’en verra pas la couleur. Sauf si tu participes à une introduction en bourse, ou à une nouvelle émission d’actions. Dans ce cas cet argent financera directement ses projets.
Parce qu’on a tous des exigences différentes
Certains vont vouloir exclure de leurs investissements ce qui pollue le plus, comme l’extraction pétrolière ou le charbon, mais pour le reste voudront maximiser le rendement. Dans cette stratégie, tu te dis que tu veux au moins que ton argent ne pédale pas en total contresens vis à vis de tes valeurs.
Mais qu’est ce que tu décides d’exclure ? Est-ce que tu acceptes l’élevage intensif ? L’armement ? La fabrication de pesticides ? En fait, chacun aura son propre avis.
Pour s’y retrouver, les financiers ont construit des référentiels communs (normes, labels) qui permettent de mieux comprendre dans quoi on investit. C’est pour ça que parfois tu entends parler de fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) par exemple.
Jusqu’en 2023, tu pouvais trouver des compagnies pétrolières dans un fonds ISR. Là ça tombait vraiment bas. Disons qu’un fond ISR est la condition minimale mais pas suffisante.
Il existe des labels plus exigeants. Par exemple, Finansol n’inclut que des projets éthiques et écologiques, et Greenfin se concentre sur la partie écologique.
3. Inspis 😏 : les leviers pour tout changer.
Ce qui est génial quand il y a une situation qui semble grippée, c’est qu’il y a toujours des projets inspirants pour se projeter dans un futur plus cool.
Le conseil en finance responsable
Investir dans la finance durable est complexe, mais pas impossible. Si tu épluches tous les fonds et que tu connais tous les labels, tu peux investir au bon endroit. Certains se sont lancés pour te conseiller.
C’est le cas de Gaël Bertheleme qui a co-écrit ce plongeon avec moi, et qui écrit la newsletter Epinard sur la finance durable. Sa boîte s’appelle La Crèmerie.
L’engagement des banques éthiques
Des banques éthiques existent depuis plus de 30 ans, comme La NEF ou le Crédit Coopératif. Rien de nef.
Pourquoi elles sont intéressantes :
Il n’y a peu ou prou rien à dire sur leur impact.
Totale transparence sur les prêts réalisés.
Pourquoi c’est pas encore parfait :
La proposition de valeur est limitée et peu moderne. Par exemple, pas de compte courant à la NEF. Pour la majorité des consommateurs, l’impact social et environnemental a une vraie valeur, mais ne doit pas excuser un service moins complet. C’est le prérequis pour que ça devienne la norme.
Leur notoriété est faible. Aujourd’hui on connaît mieux les néobanques qui ont déployé quelques dizaines de millions d’euros en 4 ans, que la NEF qui a pourtant prêté 1,4Mds€ et qui existe depuis 38 ans.
Il faut un passage à l’échelle. La plus grande banque éthique en Europe, Triodos, a 12 milliards d’euros de bilan. Les grands groupes français ont entre 1 000 et 2 000 milliards.
L’influence des néobanques vertes
Les néobanques sont des boîtes qui proposent des services bancaires en ligne, comme des comptes courants, des livrets d’épargne ou des assurances vies. Tu connais sûrement Shine, Boursorama, N26 ou Revolut.
De nouveaux acteurs débarquent pour tenter de verdir l’épargne, comme Green-Got et Helios.
Ces entreprises n’ont pas l’agrément d’établissement bancaire. Elles ne peuvent pas investir directement, et sont forcément affiliées à une banque traditionnelle.
Comment ça marche ?
Le premier modèle, c’est celui de Green-Got.
Les fonds collectés sont placés chez leur banque tradi partenaire : Arkea. Tes dépôts ne sont donc pas fléchés vers plus d’impact que si tu étais client Arkéa.
Par contre, ils utilisent les frais d’interchange (commissions facturées aux commerçants lors d’un paiement CB) pour financer des projets et des associations.
Le deuxième modèle, c’est celui d’Helios.
Leur partenaire est une banque technologique allemande : Solaris. Cette boîte créée en 2016 s’est concentrée sur l’obtention d’un agrément, pour fournir ses services aux néobanques. Ils ne fournissent pas de crédits en leur nom.
Helios a mis en place un modèle de cloisonnement avec eux. Concrètement, ça veut dire qu’Helios a un compte chez Solaris, séparé du reste de leurs fonds. Helios a apparemment la possibilité de flécher l’argent présent sur ce compte sur les projets qu’ils souhaitent. Solaris s’occupe de la partie réglementaire et risque étant donné qu’ils ont l’agrément bancaire.
Pourquoi c’est intéressant :
Ces néobanques génèrent un gros coup de projecteur sur la finance durable. Beaucoup apprennent que la NEF et le Crédit Coopératif existent, parce que les néobanques vertes remettent le sujet de la finance à impact au cœur du débat public.
Elles montrent aux banques éthiques quel niveau de service est nécessaire en plus de la partie impact, pour générer un engouement massif.
Elles influencent les groupes traditionnels bancaires, qui se demandent comment ils pourraient accélérer leur transition.
Elles investissent dans des projets impact, même si pour le moment c’est encore petit. Green-Got a donné quelques centaines de milliers d’euros à des associations, et Helios a investi environ 6M€ dans des projets.
Pourquoi il faut rester vigilant :
Les néobanques semblent parfois insinuer que grâce à elles, ton épargne devient impact. C’est beaucoup moins évident que ça :
Pour des raisons réglementaires, elles doivent respecter le ratio de liquidité et donc max 40% peut être investi dans des projets (ex Helios).
Pour les startups qui basent leur impact sur les frais d’interchange, le fléchage des fonds est le même que pour la banque tradi à qui elles sont affiliées (ex Green-Got).
Il faut forcément garder un compte dans une banque traditionnelle :
Tant que ces néobanques ne pourront pas prêter de l’argent, tu devras passer par ta banque tradi pour avoir un crédit, et tu devras y garder un compte.
Les nouvelles assurances vies
Goodvest a lancé en 2020 son assurance vie responsable. Ils ont déjà collecté plus de 50 millions d’euros. Helios a lancé son assurance vie, en partenariat avec Goodvest. Green-Got vient d’en créer une aussi.
Pour améliorer l’impact d’une assurance vie, il faut éplucher toutes les entreprises de tous les fonds, et choisir uniquement les placements les plus responsables. Un travail de titan, qui permet à tous de bénéficier d’un impact meilleur.
Ce qui est sympa, c’est que Goodvest te permet de choisir vers quel impact orienter l’épargne. Encore une fois, on a tous une vision différente des priorités.
L’investissement direct dans les projets : le crowdfunding.
De nombreuses plateformes permettent d’investir projet par projet, avec plus d’impact qu’en bourse :
Acheter des parts du capital des projets : Lita, Tudigo, Keenest
Prêter de l’argent contre partage des revenus futurs : Erable°
Certains sont même spécialisés sur un secteur d’activité, comme :
Feve, Eloi ou Hectarea qui te permettent d’investir dans des terres agricoles.
Les foncières immobilières, comme Habitat et Partage, qui te proposent d’investir dans des logements participatifs.
Le financement des énergies renouvelables comme Enerfip ou Lendosphere.
Pourquoi c’est intéressant ?
Le meilleur moyen d’investir avec impact reste probablement de sortir l’argent des banques et de l’investir directement dans des projets.
Pourquoi il faut rester vigilant ?
C’est bien plus risqué d’investir projet par projet, donc il faut évidemment diversifier les investissements par soi-même, et investir prudemment
Va voir le super boulot de Gaël Berthélémé, avec qui j’ai co-écrit cette édition. Sa newsletter sur l’épargne durable s’appelle Epinard.
4. Défis 🤔 : comment accélérer ?
Quelle solution adopter pour passer à l’échelle ?
Les placements gérés par les banques traditionnelles financent les énergies fossiles et leur transformation prend trop de temps. Pour que ça bouge, il faut soit :
Convaincre les banques traditionnelles de changer radicalement
Accélérer les banques éthiques existantes (ex NEF, Crédit Coopératif)
Faire naître une nouvelle banque verte à partir d’une néobanque
Même si l’impact des néobanques n’est pas encore énorme, leur influence est massive. Elles font réfléchir les banques traditionnelles et les banques éthiques.
Et qui sait ? Peut être qu’une d’entre elles deviendra une vraie banque. Memo Bank a réussi à obtenir l’agrément bancaire pour s’occuper des pros (avec un impact carbone 4X inférieur à la moyenne). Rien n’est impossible !
Convaincre les plus aisés
Pour le moment, le ressenti qu’on peut avoir est que la majorité de la population est prête à investir dans un monde à +5°C si ça leur rapporte 0,3% de taux de rendement en plus sur les 5 prochaines années.
Aligner performance financière et impact est beaucoup plus simple quand on a les moyens :
Ceux qui ont peu d’épargne cherchent une rentabilité plus élevée. Ils ont aussi besoin de débloquer leurs fonds rapidement en cas de besoin. C’est plus difficile dans ces cas là de parier sur le long terme, et donc sur les produits les plus durables.
Ceux qui sont aisés peuvent parier sur des changements de paradigmes, comme l’énergie et l’alimentation de demain. Ils peuvent mobiliser une partie de leur capital sur le long terme. La rentabilité peut être intéressante parce que des changements profonds auront lieu dans l’industrie d’ici 20 ou 30 ans.
Il va falloir convaincre les plus aisés, pour qu’ils investissent sur le long terme dans la transition.
Les Business Angels peuvent financer des startups Greentech dans des fonds à impact comme Asterion. Ils peuvent aussi investir dans des fonds “Brown to green” dont l’objectif est de financer la transition des PME / ETI (ex Abenex).
Une performance extra financière ?
C’est peut-être l’obstacle le plus difficile à franchir pour le secteur financier. Il faudrait dépasser la notion de performance financière (ou rendement).
Peu importe là où tu te rends pour investir ton épargne, je suis certain que les premiers chiffres que tu verras, c’est une performance en %.
Si on veut réellement mettre la finance au service de la transition, il va falloir :
Motiver à un autre type de performance, basé sur les résultats atteints en terme d’impact écologique ou social.
Un travail canon a été réalisé par Team For The Planet autour des Dividendes Climat par exemple. 1 dividende équivaut à 1 tonne de CO2 évitée.
Inventer d’autres référentiels pour comparer les boîtes. C’est le nerf de la guerre en investissement : être capable de comparer factuellement deux entreprises pour sélectionner la “meilleure”. Savoir qui est le plus rentable, c’est simple. Savoir qui a le plus d’impact, c’est une autre paire de manche.
On peut calculer les émissions de CO2 évitées, mais quid du respect de la biodiversité, de la protection des océans ? Des impacts sociaux ?
Peut être qu’il faut sortir de ces comparatifs mathématiques, et accepter une sélection “subjective” par des acteurs de confiance ? Aujourd’hui 41% des français expriment une forte défiance envers les promesses écoresponsables des acteurs financiers. Un nouvel acteur de confiance à inventer ?
Investir dans les projets qui en ont besoin
Pour construire des produits financiers durables, la plupart des banques et des fonds achètent des actions en bourse. C’est plus simple mais ça a très peu d’impact.
Investir dans le lancement d’une nouvelle rame de TGV, ou dans une ligne de métro ? Pareil, faible impact. Pourquoi ? Ces projets ne manquent pas de financement. Si tu n’investis pas, quelqu’un d’autre le fera.
C’est évidemment bien mieux de financer ça qu’une centrale à charbon. Mais le défi est de financer les projets qui en ont le plus besoin.
Ce sont souvent des projets plus petits, peu communiqués, et répartis dans les territoires.
A la Nef, 50% des financements sont des créations d’entreprises, dans des secteurs pionniers. Nous avons soutenu dès le démarrage Biocoop, le fournisseur d’énergie Enercoop, la foncière agricole Terre de Liens, le Réseau Vrac etc.
Olivier Torrente, CFO de la NEF (dans son blog)
C’est le financement de ces pionniers sous financés qui transforme concrètement la société. Les business angels et les fonds impact s’impliquent de plus en plus dans cette mission. Les acteurs du crowdfunding en financent aussi. D’autres leviers ?
C’est tout pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Merci à Gaël Berthélémé et sa super newsletter Epinard, pour sa contribution super précieuse à l’écriture de cette édition.
Plonge ici dans l’épisode 2 pour creuser la vision de quelques Business Angels, la liste de toutes les boîtes lancées, des idées de jobs et de boites à lancer, et bien évidemment des super vocaux d’entrepreneurs.
🙏 Un grand merci à Pierre Guilbaud de m’aider à faire découvrir le Plongeoir à un max de personnes, notamment par Linkedin. Je te recommande sa newsletter, qui raconte son cheminement vers l’entrepreneuriat impact, je les lis toutes !
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À très vite,
Les transports en commun manquent chroniquement de financement, à commencer par le réseau ferroviaire. Une bonne manière de placer son argent dans la transition écologique serait d’augmenter les fonds publics destinés aux transports publics. Le transport c’est 31% des GES en France, premier poste. Si tu veux avoir de l’impact, mets ton argent dans le bus et le train.
un grand merci pour l'ensemble de vos publications :-))
Outre un style très agréable et une structuration hyper pertinente pour bien comprendre les différents niveaux de réflexion, c'est une vraie bouffée d'oxygène intellectuelle au milieu du flot d'informations habituelles toujours typées de la même façon. Sans compter une ouverture au monde et à tous le acteurs qui œuvrent pour penser et agir différemment.
Vous m'ouvrez à d'autres possibles, vous m'aidez à avoir d'autres points de vue, et c'est un sacré cadeau que vous me faites toutes les semaines. Un immense MERCI