L'education : mère des batailles
Les défis du siècle à venir sont massifs, et nos enfants seront en première ligne. Plongeon dans le futur de l'éducation.
Hello, voilà la newsletter #33. On est 16 800 à se serrer sur Le Plongeoir, ça motive !
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Constat 🧐 : Le niveau des élèves dégringole d’année en année, surtout en France. On est la 7ème puissance mondiale, mais 23ème au niveau de l’éducation. Les profs démissionnent de plus en plus.
Sujet 🤓 : Le monde a changé : le savoir est désormais dispo partout. Il faudrait co-construire avec les élèves, et agir sur ce qui génère des inégalités.
Verrous 🤷 : Le management de l’éducation nationale est très conservateur. Les classes sont trop grandes et la formation des enseignants est à côté de la plaque (6 fois plus faible qu’en Suède).
Inspis 😏 : Les pédagogies alternatives comme Montessori, Freinet ou même l’école dans la nature inspirent de plus en plus. Dans les écoles publiques comme privées, les projets se multiplient.
Défis 🤔 : Il faut accompagner les instituteurs, mais aussi les enfants individuellement. Le rêve serait que chaque enfant découvre l’état de Flow. Enfin, l’IA est désormais accessible de tous : il faut l’intégrer dans la réflexion.
On plonge ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Constat : l’éducation en difficulté.
Sujet : qu’est-ce qu’il faut changer ?
Verrous : les freins au changement.
Inspis : qu’est-ce qui est tenté ?
Défis : que peut-on faire ?
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1. Constat 🧐 : l’éducation en difficulté.
Les grandes personnes aiment les chiffres.
23ème : classement de la France au classement Pisa. Il évalue 600 000 élèves de 15 ans dans 85 pays, sur la compréhension de l'écrit, les maths, la culture scientifique, et la pensée créative. Nous sommes donc 7ème puissance mondiale, mais trèèèès loin derrière sur l’éducation.
4 années : A 15 ans, le niveau à l'écrit des 10% d'élèves les plus riches équivaut à une avance de quatre années scolaires par rapport aux 10 % d'élèves les plus pauvres. Un léger sujet d’égalité des chances.
69% : pourcentage des parents d’élèves déclarant ne pas avoir confiance dans la capacité du Ministère de l'Éducation à enrayer la baisse du niveau des élèves.
La définition
“Éduquer ce n’est pas remplir des vases mais c’est allumer des feux”
Montaigne
L’éducation peut être vue comme un moyen d’acquérir des compétences pour exercer un métier. C’est la vision de l’OCDE, qui compare avec l’enquête Pisa le niveau académique.
L’éducation est aussi un moyen d’épanouissement personnel, qui a le pouvoir de nous rendre plus heureux, et qui peut nous aider à transformer le monde qui nous entoure. C’est la vision de l’Unesco.
Les grandes personnes aiment (encore) les chiffres.
23% : proportion d’enfants de profs parmi les promotions de l’ENA en 2019. Ils sont aussi 10% à Polytechnique, 22% à l’ENS. Ils sont pourtant moins de 5 % des effectifs globaux d’étudiants. Les profs savent faire jaillir le meilleur de chacun, mais le système éducatif semble les brider.
2600 euros : salaire net moyen des enseignants du secteur public en 2020. Les salaires des enseignants français sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE à chaque étape de leur carrière.
X6 : multiplication du nombre de départs volontaires de l’éducation nationale en 10 ans. 2 836 enseignants ont démissionné en 2022. Si les enseignants sont démotivés et peu reconnus, comment peuvent-ils se démener pour nos enfants ?
L’éducation est la mère des batailles, et elle semble en crise. Comment agir ?
Quelques dates
789 : Charlemagne charge les moines de donner une instruction religieuse à tous les enfants.
16ème siècle : les jésuites développent le modèle de l’enseignement secondaire tel qu’il existe encore : un professeur expose à l’oral son savoir à une grande classe.
1881 : Lois Jules Ferry qui rendent l’Ecole publique, laïque, gratuite et obligatoire.
1915 : Ouverture de la première école Maria Montessori aux Pays-Bas. Sa pédagogie : le libre choix de l’activité, l’autodiscipline, le respect du rythme de chacun et l'apprentissage par l’expérience.
« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter. »
2001 : lancement de Wikipedia. Internet se généralise et le savoir est disponible partout. Le professeur n’est plus le seul à détenir le savoir.
2018 : métanalyse de John Hattie : il a examiné des milliers d'études pour comprendre ce qui a le plus d’impact sur la réussite scolaire. Visiblement, ça n’est ni la dictée ni la poésie. 1 : Qualité du feedback et 2 : Auto-évaluation des élèves, pour les pousser à prendre en charge leur apprentissage.
2022 : Sortie de ChatGPT qui braque le projecteur sur les avancées de l’IA générative. Si une simple question sur son téléphone peut générer un exposé d’histoire, faut-il encore tout apprendre par cœur ?
🙏 Ils font vivre le Plongeoir et on les adore
Est-ce que tu connais Maxime Blondeau, le cosmographe aux 127 000 abonnés Linkedin ? On est voisins en Bretagne, et son boulot est superbe.
Tu as forcément déjà croisé ses magnifiques cartes, dont il se sert pour mettre en lumière les beautés et fragilités du monde.
Il se lance dans la publication d’un livre, qui rassemblera ses plus belles cartes. Sa campagne de crowdfunding a déjà dépassé les 1000 soutiens en 2 semaines. Perso, j’ai pré-commandé mon bouquin, hâte qu’il trône sur ma table basse ;)
2. Sujet 🤓 : qu’est-ce qu’il faut changer ?
Ne pas penser uniquement à l’académique
Selon France Travail, 85% des emplois de 2030 n'existent pas encore. Que doit-on enseigner ? Les élèves doivent probablement apprendre à apprendre.
En France, nous focalisons notre concentration sur l’enseignement théorique. Les pays dont le système éducatif est le plus efficace laissent la part belle aux projets, et au développement des “soft skills” (compétences psychosociales, comme la confiance en soi, la communication, l’empathie etc.).
C’est le cas à Singapour, modèle réputé comme étant le meilleur au monde. Les enfants terminent les cours à 13h30, et l’après-midi est dédié à de multiples activités. Elles sont intégrées dans l’emploi du temps de l’école pour ne pas créer d’inégalités.
Adapter la posture du professeur
La relation professeur - élève est encore aujourd’hui inspirée de celle des jésuites au 16ème siècle. De grandes classes, avec un professeur debout qui récite son cours.
A l’époque, le professeur était tout-puissant. Pourquoi ?
Il était le seul à détenir le savoir. Pour apprendre, il fallait l’écouter. Aujourd’hui, il possède une fraction du savoir disponible en 1 seconde sur un smartphone.
Le monde évoluait moins vite. Le professeur savait à quoi former les enfants pour qu’ils soient prêts à travailler. Aujourd’hui les révolutions s’enchaînent et de nouveaux métiers sont inventés chaque décennie.
Le monde a changé, le modèle d’apprentissage doit évoluer ?
Co-construire avec les élèves
Le savoir est désormais disponible partout. En revanche, une machine ne nous apprendra jamais à avoir confiance en nous, à prendre des initiatives, et à construire des projets en équipe.
Il faut apprendre ces compétences dès le plus jeune âge.
On a demandé à des enfants de 3 ans comment ils compléteraient la phrase “Et si nous….” et ils ont répondu « et si nous faisions des câlins ? ».
Alors la maîtresse a eu l'intelligence de dessiner avec eux un grand cœur à l'entrée de la classe. Quand les parents les quittent le matin, c'est là qu'ils se font un dernier câlin. Et quand ils veulent se faire un câlin dans la journée, ils demandent à la maîtresse ou à un de leurs petits camarades et au passage, ils apprennent le consentement. La prise d’initiative peut être encouragée dès le plus jeune âge.
François Taddei, chercheur et fondateur du Learning Planet Institute (Podcast Les adultes de demain)
Agir sur ce qui augmente les inégalités
En France, les enfants sont en dehors de l’école dès 16h30 tous les jours, tous les mercredis, tous les week-ends, et pendant 16 semaines de vacances par an. Pendant toute cette période les inégalités se creusent dès la maternelle. Quand certains vont prendre des cours de violon et de tennis, d’autres sont devant la télé. Un modèle à faire évoluer ?
Certains enfants décrochent très tôt avec fatalité. Beaucoup croient qu'ils sont mauvais parce que leurs parents l'étaient, et seulement 46 % des élèves français croient que leur intelligence peut évoluer (Pisa 2018). C’est pourtant fondamental.
Le cerveau a la capacité de changer ses connexions neuronales tout au long de la vie et il est possible d'améliorer ses compétences à tout âge.
Grégoire Borst, directeur du laboratoire de psychologie du développement de l’éducation de l’enfant, CNRS (Podcast les adultes de demain)
Une notation intensive peut donner confiance à celui qui a 17/20, et faire perdre confiance à tous les autres. Certains professeurs distribuent encore les copies par ordre de note décroissante, ce qui est dévastateur psychologiquement pour les plus en difficulté (voir La tyrannie du mérite, écrit par un prof de Harvard). La confiance en soi ne se décrète pas, elle se travaille.
Les troubles neuro-développementaux (dys, trouble de l’attention, autisme, etc.) et handicaps sont trop ignorés. Les classes sont chargées, il manque de personnel spécialisé, et les enseignants ne sont pas formés. Il est compliqué de s’occuper de ceux qui ont besoin d’un apprentissage différent.
3. Verrous 🤷 : les freins au changement.
L’École que les enfants vivent aujourd'hui est grosso modo la même que celle que nos parents ont vécue. Pourtant, la société a énormément changé.
Qu’est-ce qui bloque ?
Les premiers à bloquer ? C’est nous.
L’éducation est tellement importante pour le futur de nos enfants, que nous avons parfois peur de l’erreur.
Le système existant est conçu pour être conservé. Ceux qui ont un levier pour faire bouger le système ont souvent réussi grâce à lui, et sont moins volontaires pour le faire évoluer.
C’est un peu pareil pour les parents d’élèves. Ils sont souvent en demande de changements de pédagogie pour la maternelle et le primaire, mais sont moins volontaires pour qu’on transforme le collège et le lycée. Nous avons souvent peur que nos enfants ne soient plus compatibles avec le monde de l’enseignement supérieur et du travail.
Un management spécial
Les instits et les profs ne sont pas encouragés à innover. Ils remontent quasiment tous la même chose : “on se sent étouffés par notre administration.”
Après avoir creusé un peu, c’est vrai que c’est un management spécial :
Pas de RDV possible avec la RH. Si tu es salarié et que tu as envie d’aller parler à ta RH, tu peux demander un RDV. Dans l’éducation nationale, c’est impossible. Ils ont une “DPE”, pour Division du Personnel Enseignant, dans chaque rectorat. Mais il est impossible de les rencontrer, sauf raison exceptionnelle.
Le système d’inspection. Tu n’as aucun suivi de ce que tu fais de bien ou de mal dans ta classe. Tu dois te débrouiller pour t’améliorer. Et une fois tous les 5-6 ans, un inspecteur vient t’écouter 1h travailler, puis pendant l’heure qui suit va décrypter tout ce que tu as dit et juger ta pédagogie. Ils ne sont pas connus pour être formés à l’art du feedback constructif.
Je me souviens d'une collègue, admirée de tous de ses élèves et de ses collègues. L'inspecteur l'a démolie, et elle s’est retrouvée en arrêt maladie plusieurs semaines. Quand on ressort de là, on a l'impression d'être le pire des profs.
William Lafleur, ex prof d’anglais (podcast “Les adultes de demain”)
Des réformes qui s’enchaînent. Les enseignants ont le sentiment de ne jamais être sondés. Pour eux, ces réformes sont sans réflexion profonde. La réforme du bac de Jean-Michel Blanquer en est un exemple : suppression puis retour des maths en première après de nombreuses critiques d’experts.
Peu d’orga pour créer une intelligence d’équipe dans les écoles. Pas de rituel d’équipes chaque semaine pour partager les apprentissages, ou d’outils partagés pour que chacun apprenne des autres. Au Japon, il existe par exemple les “lessons study”.
Des classes trop grandes
Dans nos rêves absolus le professeur peut faire jaillir le potentiel de chaque élève. Les profs sont très bons pour transmettre la flamme. La preuve : leurs enfants sont souvent ceux qui font les meilleures études.
Mais au quotidien, ils ont 22 à 25 élèves en moyenne, parfois 35-40 au lycée.
Ça n’est pas nouveau, et ce chiffre s’est même amélioré pour la maternelle. Par contre, il est loin des attentes actuelles.
J’avais des classes d’anglais de 36 élèves. Je les voyais deux heures par semaine. Ils vont parler deux minutes en anglais par semaine : comment peut-on améliorer leur niveau ?
William Lafleur, ex prof d’anglais (podcast “Les adultes de demain”)
Une formation à côté de la plaque
Les retours des instituteurs sont unanimes : la formation continue est d’un niveau très éloigné des attentes. Certains remontent des formations fin septembre sur le thème de “comment préparer ses premiers cours”.
Ils n’ont droit qu’à 18h de formation continue par an (contre 104 heures en Suède). C’est d’autant plus important d’insister là-dessus que la formation initiale des profs est très théorique.
Seulement 55 % des profs se disent formés à la gestion des comportements des élèves et de la classe au cours de leur formation initiale (moyenne OCDE : 72 %).
Les professeurs se forment à 80 % par leurs propres moyens, en dehors des formations proposées par l’Éducation Nationale. Plus de 50% se forment eux-mêmes sur Internet et via les réseaux sociaux. Le niveau est tellement bas que beaucoup de formations privées se développent.
Mais est-ce à l’instituteur de payer de sa poche ses formations, vu son salaire déjà faible ?
🙏 Ils font vivre le Plongeoir et on les adore
95% des hommes ne consultent jamais de psychologue. Pourquoi ?
Sans doute parce que culturellement, un homme doit toujours être solide et rassurant… un peu comme un gros camion.
Sauf que même un gros camion, ça va chez le garagiste de temps en temps.
Tu as compris l’idée ?
Dépression, anxiété, dépendances, etc. : fini de “gérer ça tout seul”.
Grâce à une équipe de psychologues spécialisés dans le suivi masculin, Let’s Tolk permet enfin à ceux qui n’aiment pas parler d’eux de se tourner vers une aide extérieure et professionnelle.
4. Inspis 🙏 : qu’est-ce qui est tenté ?
En France, il y a 12 millions d’élèves inscrits de la maternelle au lycée, pour 850 000 enseignants.
Public : 10 millions d’élèves.
Privé sous contrat : 2 millions d’élèves. Les enseignants sont obligés de suivre le programme scolaire, et l’Etat finance le 3/4 de leur budget.
Privé hors contrat : environ 100 000 élèves. Les enseignants sont libres de leur programme, et l’Etat ne finance pas leur fonctionnement. Ils doivent simplement respecter un socle commun de connaissances, compétences et culture.
C’est 5X plus qu’en 2011. C’est donc un signal : de plus en plus de parents et d’enseignants veulent un nouveau modèle.
C’est moins de 1% des élèves en France, donc c’est marginal en volume.
Quelques exemples d’écoles hors contrat
Montessori
Tu connais le lien entre Larry Page, Roger Federer, Anne Franck et Georges Clooney ? Ils sont allés à l’école Montessori.
La pédagogie Montessori est une méthode éducative développée par Maria Montessori (1870-1952). Il y a environ 400 écoles qui disent appliquer la pédagogie Montessori en France, et 60 000 dans le monde.
Pour Montessori, ce qui va créer la motivation, c'est le fait que chaque enfant va à un rythme différent. Donc le matériel est en libre accès, les classes sont multi-âges. On pense qu’il faut fournir le bon travail au bon moment, et que c'est ça qui crée la motivation.
École dans la nature
Une forest school est une école où les enfants passent toute la journée dehors dans la nature. Le phénomène est né en 1927 aux US. Ça me fait penser à l’excellent film “Captain Fantastic”. Il existe plus de 3000 forest schools en Europe, dont 2000 en Allemagne. En France, il y en a seulement une trentaine pour le moment.
Les intérêts éducatifs sont potentiellement multiples : développement de la capacité d’attention, sensibilisation au respect de la nature, plus de capacité à coopérer, moins de stress, une meilleure santé physique.
École totalement libre
La Sudbury valley school aux US est un exemple assez fascinant : les élèves y sont totalement libres. Par exemple, Laura Poitras n’y a appris à lire qu’à 13 ans. Elle s’est épanouie différemment et a réalisé le film sur Edward Snowden (Oscar du meilleur documentaire en 2015).
Il existe des dizaines d’autres pédagogies, comme celle de Freinet utilisée par plus de 300 000 enseignants dans le monde.
Qu’est-ce que ces pédagogies alternatives ont en commun ?
Elles ont d'abord en commun le fait qu'il y a du plaisir. On donne du sens au savoir, on part de ce que les enfants ont envie d'apprendre, et on tient compte de leurs différences. On développe l'autonomie, la responsabilité, et l’estime de soi.
Marie-Laure Viau, podcast les adultes de demain.
Les inspirations dans l’école publique
Le nombre d'expériences innovantes dans l'éducation nationale est souvent sous-estimé. Il y aurait quelque chose à inventer pour les valoriser.
Bâtisseurs de possibles rassemble 100 enseignants de la maternelle au lycée. Ils se sont lancés dans un projet : identifier des problèmes de développement durable à attaquer, et lancer des projets en classe. Un Plongeoir à l’école en fait ;)
Juline Anquetin-Rault est enseignante à Rouen. Elle a été sélectionnée parmi les 10 finalistes du Global Teacher Prize, le Nobel de l’éducation. Son modèle de “Classe autonome” met les élèves en position de co-concepteurs des cours et projets, ce qui booste leur motivation.
Jérémie Fontanieu est prof à Drancy (93). Il a inventé une méthode pédagogique qui met les parents au centre de la scolarité. Résultat : 100% de réussite au bac, dans un établissement où c’est loin d’être le cas habituellement.
Plus de 5000 projets existent partout en France pour améliorer l’apprentissage des élèves. Exemple de cette serre connectée à Créteil, ou de cette école à Briançon qui profite de sa proximité avec l’Italie pour développer une bibliothèque franco-italienne avec ses élèves.
5. Défis 🤔 : que peut-on faire ?
Accompagner les instituteurs
De nombreux instituteurs réinventent leur métier chaque jour, et il faudrait trouver le moyen d’essaimer ces apprentissages.
Certaines plateformes existent, comme etreprof.fr développé par Ecolhuma. Comment mieux essaimer les initiatives déjà testées ?
S’inspirer de pédagogies alternatives
Les écoles hors contrat représentent uniquement 1% des élèves, mais leurs pédagogies peuvent être inspirantes. Certains cherchent à les démocratiser, comme Public Montessori, qui forme les enseignants du public à la pédagogie Montessori, ou Observe qui crée des jouets éducatifs.
Accompagner les enfants individuellement
Les enseignants gèrent de trop grandes classes. Il faudrait pouvoir utiliser le temps des devoirs pour s’adapter à chaque enfant. C’est un exercice souvent compliqué pour les parents.
EducUp permet aux personnes qui n’ont pas les moyens de payer des cours particuliers d’obtenir des aides.
Certains se sont lancés pour aider les élèves avec des troubles Dys. C’est le cas de Poppins.
D’un point de vue plus techno, beaucoup réfléchissent à l’utilisation de l’IA pour aider aux devoirs (ex Romy, Eliott).
Développer les “soft skills”
Comment préparer les cerveaux de nos enfants au futur et pas au présent ?
Bien entendu c'est important d'apprendre à lire, écrire, compter. C'est en revanche une condition nécessaire mais absolument pas suffisante à l'épanouissement.
Les élèves français sont systématiquement en bas de classement en ce qui concerne les Soft Skills (compétences psychosociales) (enquête PISA sur 65 pays) :
Confiance en ses capacités à réussir : 62ème/65
Anxiété des élèves : 62ème
Collaboration : 49ème
Comment résoudre des défis comme le changement climatique si nous ne sommes pas capables de collaborer, et que nous sommes peu confiants et anxieux ?
Certaines boîtes comme Soft kids, Scholavie ou Lili s’y attellent.
Permettre à tous les enfants de découvrir l’état de Flow
Parfois en écrivant certaines newsletters, je peux vivre ce que les chercheurs appellent l’état de flow. Je suis à fond, et je me rends compte après 3h de boulot que je ne me suis même pas levé pour aller boire un verre d’eau. J’ai perdu la notion du temps. En ce qui me concerne, ça m’arrive quand j’ai le sentiment d’inventer, d’emprunter une route qui me semble inconnue. Pour d’autres c’est en créant, en manageant des équipes, ou en résolvant des problèmes qui paraissent insolubles.
J’ai réussi à comprendre ce qui pouvait générer l’état de flow chez moi à 35 ans. Certains comme Tabarly ou Orelsan l’ont découvert dès le plus jeune âge.
Lorsque l’on est en état de flow, le cerveau libère plusieurs hormones, induisant une grande capacité de traitement de l’information, une augmentation de la motivation et de la créativité. Une baisse de l'activité dans le cortex préfrontal a même été identifiée, sans doute liée à la perte de conscience de soi et de la notion de temps.
Comment permettre à plus d’enfants de découvrir ces sensations, pour changer le cours de leur vie ?
Éduquer avec l’IA, pas contre l’IA
Lorsque ChatGPT a débarqué, le premier réflexe a été de savoir comment éviter la triche au collège et au lycée. Il y a un principe de réalité : les IA génératives sont là. Pour sensibiliser les élèves au danger du feu, on ne supprime pas la cheminée du salon (sauf en maternelle / primaire).
Il faut que chaque élève sache maîtriser les dérives de ces technologies bien mieux que nous. Il faut qu’ils puissent bénéficier de leur puissance. Mais il faut aussi qu’ils apprennent à gérer leur capacité d’attention, et leur déconnexion.
Les IA ont de nombreuses limites (sinon je ne passerais pas 40h à écrire ces newsletters). Évidemment je pourrais demander à ChatGPT : “écris-moi une newsletter sur le futur de l’éducation”. Mais elle n’aurait rien d’utile, : elle synthétiserait les idées passées. L’objectif que je me donne est d’apporter de nouvelles clefs.
L'objectif de l'école est de remettre un outil (même s'il est puissant) à sa place d'outil. C'est un intermédiaire pour l'intelligence de l'élève. Si on arrive à des situations où ChatGPT peut répondre à un devoir entier parfaitement, c'est sans doute que l'évaluation elle-même n'est plus adaptée.
Bastien Masse, spécialiste de l’IA et Education. Podcast “Les adultes de demain.”
L’IA devrait nous forcer à remonter le niveau attendu des devoirs. Comme elle est désormais accessible à tous, l’exigence de ce qu’on attend d’un écrit doit augmenter.
C’est tout pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Plonge dans l’épisode 2 pour visualiser la liste des boîtes déjà lancées dans l’éducation, des idées de jobs, de boîtes à créer, et bien évidemment des super vocaux d’entrepreneurs.
Merci à Emma Bertoin qui m’a aidé à enrichir le contenu : elle organise des ateliers partout en France pour repenser l’école.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre.
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like / commentaire avec ton ressenti, ça ne mange pas de pain et ça fait du bien.
Si tu as trouvé cette newsletter utile, partage-la. C’est uniquement comme ça que ce projet grandit.
À très vite,
Newsletter sur l’école très complète, tout en étant synthétique et facile à lire … merci pour ce décryptage qui en même temps donne envie de passer à l’action et soutenir ceux qui sont déjà engagés !
Encore du super boulot Guillaume…les chiffres sont très parlants et je me représente bien ce qu’ils signifient: maman de 2 enfants, 8 et 6 ans, les maîtresses de mes enfants sont au bout du rouleau et le taux d’absence/démissions est effrayant. Alors en tant que parent on compense puisque nous avons la chance d’avoir le temps/l’argent/les compétences. Mais je vois déjà certains des copains/copines de mes enfants qui n’y arriveront pas et cela me frustre beaucoup ….par ailleurs, je confirme l’importance des méthodes d’education alternative comme Freinet: j’ai fait toute ma primaire dans ce modèle et cela reste les meilleures années de ma
vie d’une point de vue éducatif avec à la clé des compétences “soft” que j’ai pu valoriser dans ma carrière: l’autonomie/prise d’initiative et l’esprit d’équipe!