Le grand défi maritime
Le monde maritime émet 1 milliard de tonnes de CO2 chaque année. Les défis sont massifs et passionnants. Plongeons dans le futur des bateaux.
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #8.
On est 4763, soit 747 de plus à se serrer sur le Plongeoir (+ 19% en 2 semaines). Bienvenue !
J’ai eu une chance inouïe pour ce plongeon. Écrire main dans la main avec l’équipe de Team For The Planet. Je suis fan de leur mission : financer des solutions ambitieuses qui tabassent les gaz à effet de serre, grâce à l’investissement de chacun d’entre nous. Ils ont 128 096 associés, sacré collectif.
Aucun business là-dedans, ils ne sont pas sponsors. Avant d’investir dans un projet, ils analysent le secteur dans le détail. Ils ont investi dans Beyond The Sea. J’ai voulu bénéficier de leur compréhension fine du futur des bateaux.
Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
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Lire les précédentes newsletters : Tsunami électrique, Le tourisme du futur, Les algues, joker de l’humanité, La révolution du goûter, L’agriculture, le mercato du siècle, et Les matériaux de demain.
C’est partiiii
Si tu attends au tel qu’Engie réponde (1 min)
Constat 🧐 : 1 milliard de tonnes de CO2 sont émises chaque année par nos bateaux. C’est 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, autant que l’aviation. L’impact des 100 000 bateaux sur la biodiversité marine est immense. Il est temps de changer de cap.
Sujet 🤔 : Cargos, pétroliers, bateaux de pêche, paquebots de croisière, course au large, nautisme : tous les acteurs prennent conscience du défi. Des lois commencent à être votées pour limiter la consommation de fioul. Il faut des solutions.
Inspirations 👏 : Les nouveaux carburants sont indispensables, mais insuffisants. La propulsion à la voile fait son grand retour, et la France a une énorme carte à jouer. La course au large développe de nouveaux imaginaires. Le monde du nautisme s’électrifie et allonge la durée de vie des bateaux. C’est passionnant.
Idées 💥 : Des idées de jobs, et 9 idées de boîtes. On plonge ?
Si “tous les conseillers sont actuellement en ligne” (20 min)
Au programme :
Constat : nos bateaux font des vagues.
Sujet : autant de bateaux que de défis.
Inspirations : tempête de possibles.
Idées : on plonge dans le grand bain ?
Allez go
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1. Constat 🧐 : nos bateaux font des vagues.
Naviguer à la voile a été la norme pendant des millénaires. Mais c’est vite devenu has been dans les années 1800. Le SS Great Eastern était le plus grand bateau du monde en 1858. Isambard Kingdom Brunel l’avait dessiné pour déplacer 4 000 passagers et 3 000 tonnes de marchandises.
En plus de ses 5 machines à vapeur et de ses roues à aubes, il se pavanait avec la dernière des technos deep tech : des hélices. Aujourd’hui 100 000 navires sillonnent les océans. No limit.
Un moyen de transport bien plus efficace que l’avion.
Selon la chercheuse Alice Bows-Larkin, le transport de marchandises par bateau est le moyen de transport le plus efficace.
Prenons un exemple. CMA CGM a inauguré en 2018 un porte-conteneurs de 400m de long, qui peut balader 20 000 conteneurs. Vu comme ça, on se demande où va s’arrêter le gigantisme.
Sauf que la puissance de ses moteurs équivaut à celle de 1600 Twingos (75MW). Donc c’est comme si chaque Twingo se baladait avec 12 conteneurs de marchandise sur le dos.
Bon beh c’est efficace, fin de l’histoire, je peux aller me refaire un café ?
Et non. Le problème c’est que nous avons doublé le volume transporté en 20 ans.
D’ailleurs Amazon est né il y a 20 ans. Jeff n’est pas seul responsable évidemment, mais c’est tout un symbole. Le monde entier peut être commandé en un clic, mais il faut parcourir les océans pour tout livrer.
Il y a du gaz dans l’eau.
Si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus gros émetteurs mondiaux. 1 milliard de tonnes de CO2 sont émises chaque année par nos bateaux. C’est 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, autant que l’aviation.
Les navires picolent majoritairement du fioul lourd. C’est l’un des carburants les plus sales au monde, un résidu visqueux du pétrole, difficile à brûler. Seul l’asphalte utilisé pour les routes est plus épais. Il est moins taxé que le gazole ou l’essence. C’est de la fioulie.
Les navires relâchent un sacré cocktail en plus du CO2 : dioxyde de Soufre (SOx), oxydes d’Azote (NOx), particules fines. Que de la bonne.
En Europe, la pollution de l'air due au transport maritime serait responsable de plus de 50 000 morts par an. Les études se multiplient. Quelques mesures ont été prises comme la baisse du taux de soufre autorisé : 0.5% max, voire 0.1% dans certaines zones protégées comme la Mer du Nord.
Ces décisions interdisent de fait l'utilisation de fioul lourd, et certains consomment désormais du gazole. Les bateaux s'équipent aussi d'épurateurs en circuit fermé (« scrubbers ») pour séparer le soufre des gaz d'échappement. En 2021, 70% des armateurs n’étaient pas en règle. Ils sont sûrement sous l’eau.
Flipper et ses copains flippent.
Les impacts des bateaux sur la biodiversité marine sont immenses.
Est-ce que tu as déjà entendu parler des antifoulings ? C’est une peinture qu’on applique sur la coque. Sans elle une couche épaisse de coquillages s’accumule en quelques semaines. Le poids à traîner est considérable, donc soit on plonge avec une brosse 2 fois par semaine, soit on applique un antifouling. L’impact sur l’écosystème marin est dingue. Il va falloir trouver le remède : un anti-folie.
Le transport du pétrole représente un tiers du trafic maritime mondial. C’est la cause principale des dégazages et des marées noires : les impacts sont dévastateurs. Pas besoin de te faire un dessin, ou de noircir le trait.
La France restera à jamais marquée par le naufrage de l’Erika en 1999, qui a libéré 10 à 20 000 tonnes de pétrole au large des côtes bretonnes. La marée noire la plus violente de l'histoire a été celle de Deepwater Horizon en 2010. 600 000 tonnes de pétrole brut se sont déversées dans le golfe du Mexique. Monde de Brut.
Si on veut diminuer l’impact du maritime, il faut diminuer le transport du pétrole. La première mesure est donc de décarboner le reste de l’économie.
François Marty, Responsable du Suivi des Etoiles, Team For The Planet
En dehors des marées noires, 3000 containers passent par dessus bord chaque année.
Les poissons n’ont pas besoin d’une livraison d’Iphone 15 Pro. Ces containers font aussi les cauchemars des marins, qui s’imaginent briser leur bateau en deux.
Le bruit des océans est une menace pour la vie marine. Des bruits extrêmement forts peuvent venir des bateaux de commerce, ou de l'exploration pétrolière. Les exercices de sonar maritime dérangent les baleines par exemple.
En plus, si un navire heurte une baleine à 15 nœuds, la collision sera mortelle dans 79% des cas. On remplace les sonars par des radars de vitesse ?
Les orques commencent à prendre leur revanche en attaquant des bateaux. Qui sait, peut-être que tout est lié. Orquestré.
2. Sujet 🤔 : autant de bateaux que de défis.
Les cargos
Sur les 100 000 bateaux qui sillonnent les océans, 50 000 sont des navires marchands industriels. Ce sont des porte-conteneurs, des vraquiers (qui transportent du vrac), des pétroliers, des chimiquiers ou des gaziers. Ils représentent le trois-quarts des émissions du transport maritime international.
Ils transportent 11 milliards de tonnes de marchandises chaque année et brûlent 300 millions de tonnes de fuel. Ça donne le tournis, mais la danse n’est pas terminée. L’OMI (Organisation Maritime Internationale) parie sur un doublement du transport sur les mers d’ici à 2050. Ouille.
Ambition : reach net-zero GHG emissions by or around, i.e. close to, 2050, taking into account different national circumstances.
IMO Strategy on Reduction of GHG Emissions from Ships.
Les 5 premiers mots pour affirmer l’ambition. Les 11 suivants pour expliquer qu’on n’y croit pas du tout. L’OMI a même diminué ses objectifs le 7 juillet. D’un objectif de -40% d’émissions à 2030, on est passé à -20%. Cette trajectoire permettrait d’atteindre l’objectif ambitieux de 0% au prochain meeting. Est-ce un jeu ?
Pour comprendre, tentons l’appel à un omi. Christophe (Velic Consulting) m’a donné sa réponse : tous les bateaux qui sortent des chantiers aujourd’hui émettront encore en 2050. Aucun n’est zéro émission aujourd’hui, il sera donc difficile de l’être en 2050. Ce n’est donc pas un jeu, plutôt un énorme défi.
L’Europe vise 55% de réduction des émissions de GES d’ici 2030.
Certains leviers ne nécessitent pas de changement technique :
Le premier est de réduire la vitesse. Peut-être qu’il faut accepter d’être livré moins rapidement ?
Le deuxième est évidemment d’acheter moins mais mieux, pour que moins de produits futiles traversent les océans. Tout un programme.
Chaque année de retard coûtera 100 milliards de dollars à l'industrie du transport maritime pour se décarboner. La motivation au changement devient palpable.
Les bateaux de travail
Il existe de très nombreux bateaux de travail comme les bateaux de dragage, d’exploration pétrolière, les navires militaires, et les bateaux de pêche.
La pêche paraît moins émettrice que le transport de marchandise. Mais c’est sans compter la pêche au chalut. Elle émet 580 à 1470 millions de tonnes de CO2 par an, soit potentiellement autant que tout le maritime. Ça n’est pas une blague, un poisson de novembre. La pêche au chalut racle tous les sédiments du fond de l’océan.
“Les sédiments marins constituent le premier réservoir de carbone à long terme de la planète. La perturbation de ces réserves en carbone […] est susceptible […] de contribuer à son accumulation dans l'atmosphère.”
Étude publiée dans Nature par 26 biologistes marins de l’Ifremer et d’universités américaines.
Allez, on arrête de chaluter les enfants.
Les paquebots de croisière
Bien que le marché des croisières ne représente que 1 % du trafic maritime mondial, l’impact est important. 218 paquebots ont émis 8 millions de tonnes de CO2 en 2022, l'équivalent de 50 000 vols entre Paris et New-York.
Le branchement électrique des bateaux à quai devient obligatoire en 2025 dans l’UE. Ça permettra l’arrêt des moteurs au port.
Le nombre de paquebots a augmenté de 25% en 3 ans. Le petit dernier “Icon of the seas” a fait le tour des réseaux sociaux. Pas l’icone de tout le monde visiblement.
Mes chers petits enfants si vous me lisez ici un jour, sachez que je n’ai pas trop compris non plus. L’architecte du bateau devait être en train de faire du toboggan quand le dernier rapport du GIEC est sorti.
Les Ferrys
Le transport en ferry émet environ 60g de CO2 par kilomètre et par passager, soit près de trois fois moins que l’avion. Ce calcul n’est plus valable si tu montes dans le ferry avec une voiture. Son poids moyen étant supérieur à 1 tonne, c’est comme si tu emmenais toute l’équipe de France de Rugby avec toi.
La pollution des ferrys est surtout un sujet sensible dans les ports. À Bastia, la pollution aux particules ultra-fines peut être 20 fois plus importante à proximité des quais.
La course au large
Les courses à la voile ont toujours nourri les rêves et les imaginaires. En plein confinement, 11 millions de Français s’évadaient grâce au Vengée Globe. Ces marins me passionnent, ma chambre d’enfant regorgeait de posters de Michel Desjoyeaux.
Mais le monde de la voile se découvre un paradoxe, et devient le reflet des débats de société actuels.
“Depuis 2010, l’empreinte d’un IMOCA (voilier du Vendée Globe) a presque doublé, passant de 340 à 550 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre.”
Damian Foxall, 11th hour racing team.
Est-ce que la quête de vitesse justifie toutes les émissions ? Les Français se souviennent de Jean le Cam qui sauve Kévin Escoffier en 2020, mais ils ne se souviennent pas du temps d’arrivée du premier.
Le nautisme
Plus d’un million de bateaux de plaisance se dandinent sur le littoral français, dont près de 78% à moteur. L’enjeu économique chez les Gaulois est majeur : on est le premier constructeur de bateaux de plaisance en Europe et le second au niveau mondial. Et puis on a quand même 473 ports.
Les bateaux sont utilisés 10-12 jours par an en moyenne. Leur analyse de cycle de vie n’est pas terrible. Ils sont construits à 60% en matériaux composites. La diversité des matières rend leur recyclage délicat.
L’APER est l’éco-organisme qui a pour mission de les déconstruire en fin de vie. En quatre ans et demi, ils ont déconstruit environ 10 000 bateaux. Une fois démantelé, 73% du bateau est valorisé pour créer de la chaleur, le reste est enfoui. 40 000 à 200 000 bateaux seraient encore à l’abandon. Pourquoi ? Le transport reste à la charge du propriétaire.
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3. Inspirations 👏 : tempête de possibles.
Une feuille de route pour décarboner le secteur maritime en France a été publiée en janvier 2023. Les initiatives se multiplient partout.
Les alternatives au fioul
Selon l’OMI 64% des réductions d’émissions viendront des carburants alternatifs au fioul lourd.
Le e-GNL est un gaz issu de la combustion de matière organique. Son bilan est bon, mais tout le monde se bat pour la matière organique, en particulier l’agriculture.
Man Energy parie sur l’e-ammoniac, un carburant à base d’hydrogène vert et d’azote. Les premiers cargos pourraient prendre la mer en 2025.
Le e-Methanol est le carburant favori de Maersk, qui développe un gigantesque projet de 10 milliards d’euros pour le développer. Il est produit à partir de dioxyde de carbone et d’hydrogène vert.
Pour produire de l’hydrogène vert (l’e-methanol et l’e-ammoniac), il faut des énergies renouvelables. Et un minimum de réalisme.
Il faudrait une fois et demie le parc nucléaire mondial en énergies renouvelables pour alimenter la flotte maritime de commerce grâce à des e-carburants (source Meet 2050).
François Marty, Responsable du Suivi des Etoiles, Team For The Planet
D'autres industries comptent sur l’hydrogène (coucou l’aviation et l’industrie lourde). Je crois totalement au potentiel de ces carburants, mais je pense qu’ils ne suffiront pas. Alors que j’étais dans cet état d’esprit je suis tombé sur cette image de Windship, et j’ai beaucoup ri.
En haut, le vent souffle dans les voiles, et le cargo avance. En bas, le vent souffle dans l’éolienne, puis dans le réseau, puis on en fait de l’hydrogène vert, puis il arrive au bateau. Total des pertes : 90%.
Et si le vent soufflait plutôt dans les voiles ?
Propulsion vélique
La voile a été délaissée avec l’arrivée des moteurs et du pétrole. Elle devient aujourd’hui une alternative incroyable. Le vent est inépuisable.
Les inventions se multiplient. Il existe des technologies pour réduire la consommation de carburant des cargos existants, mais aussi des cargos 100% à voile. Bienvenue dans un monde passionnant d’inventions et d’aventures, dans lequel la France a une bonne longueur d’avance.
Les Rotors
Le commandant Cousteau les utilisait sur l’Alcyone en 1985. Ses rotors Turbovoiles utilisaient l’effet Magnus. On crée une force perpendiculaire à la direction du vent pour propulser le bateau.
Une quinzaine de bateaux naviguent dans le monde avec des rotors sur le pont. LDA (Louis Dreyfus) va équiper 3 nouveaux cargos.
Les technologies principales sont Norsepower, Ecoflettner, et Anemoi.
Leur potentiel est de -8% d’émissions par an. Ils peuvent s’adapter à tous les bateaux existants.
Les Kites
Le navigateur Yves Parlier a créé Beyond The Sea en 2014. Il avait emmené un Kite pour son Vendée Globe, par sécurité en cas de démâtage. Team For The Planet a investi 1m€ en 2021 pour démocratiser leur SeaKite et leur LibertyKite sur tous les océans.
On cherche l'impact sur les émissions de CO2 le plus rapide et massif possible, c'est pour ça qu'on a choisi Beyond The Sea. Le Kite est la solution la plus facile à déployer massivement, en neuf comme en retrofit. C'est immédiatement rentable pour les armateurs, sans grosses modifications sur les bateaux.
Denis Galha Garcia, cofondateur & directeur innovation, Team For The Planet
Airseas est une autre une start-up française financée notamment par Airbus, qui développe le potentiel des kites. Le système « Seawing » veut déployer une aile de kite en haut d'un mât de 30 à 35 mètres. Leur techno vise les grands cargos.
La transition du secteur maritime est littéralement un océan bleu, tout est à faire, la concurrence n’existe pas. Sur le retrofit et les kites, il y a 2 sociétés, françaises, pour 100 000 bateaux à propulser.
Denis Galha GarciaLe potentiel des kites de -20% d’émissions par an. Ils peuvent s’adapter à tous les bateaux existants.
Les cargos à assistance vélique
Ayro est une startup impressionnante. Dirigée par l’ancien CEO de Dashlane, la startup a déployé ses voiles sur Canopée, un cargo qui transporte Ariane 6. Le bateau développé par Zéphyr et Borée vise 30 à 40% d’économies de carburant.
Zéphyr & Borée développe des projets de cargos hybrides et préparent 6 nouveaux porte containers. Ils peuvent concevoir, construire et exploiter des cargos à assistance vélique.
SolidSail est développée par les Chantiers de l'Atlantique. La voile est rigide et pliable. Neoline construit le premier cargo équipé pour un budget de 60m€.
Windcoop est une coopérative lancée à l’initiative de Zéphyr et Borée et Arcadie, un importateur d’épices. Ils ont levé 5 millions d’euros et leur premier cargo devrait relier Madagascar en 2026.
Michelin s’est lancé dans l’aventure en développant la voile Wisamo. Leur voile gonflable a été éprouvée avec “le professeur” Michel Desjoyeaux.
D’autres technos existent comme Computed Wingsails ADD Technologies, Aeroforce, Bar, ou Yara.
Le potentiel de tous ces cargos à assistance vélique est de -30 à -80% d’émissions, surtout sur des bateaux neufs.
Cargos 100% voile
Ces cargos uniquement à voile sont plus petits, mais excellents pour transporter des produits à forte valeur ajoutée et accéder aux plus petits ports. Leur potentiel d’impact est massif : -80 à -90% des émissions de GES.
Grain de Sail est une entreprise géniale créée à Morlaix par Jacques et Olivier Barreau, des frères jumeaux. Ils ont commencé par lancer leur marque de cafés et de chocolat : leur CA était de 8m€ en 2021. Ils ont financé un cargo en 2018, puis un deuxième en 2023. Le petit nouveau pourra balader 350 tonnes sans moteur, et réduira de 90% l’empreinte carbone du transport. Une aventure saine et ambitieuse.
Towt est un pionnier. Ils ont démarré en 2011 par affréter des voiliers traditionnels pour transporter des denrées à la voile. Ils veulent lancer leur propre cargo en 2024. Ils ont lancé le label Anemos, qui garantit une baisse de 80% de l’impact. Imaginez un industriel indiquer “transporté à la voile” sur ses produits : puissant et difficile de revenir en arrière.
Hisseo est une autre coopérative. Leur lancement est tout frais et leur objectif est de multiplier les cargos à voile en Méditérannée. Entourés par Francis Joyon, leurs cofondateurs ne manquent pas de vision et de potentiel. Le tout avec un statut à lucrativité limitée. Superbe.
Vela a été lancée notamment par François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2016. Leurs petits trimarans rapides veulent compléter les cargos à voile existants, notamment sur la route Nord Atlantique.
Fair transport et Blue Schooner sont des petites compagnies qui exploitent un bateau traditionnel de transport à la voile. Leur modèle est mixte : tu peux payer pour aller voyager sur leur voilier.
Les conseils pour creuser le fret à la voile
Windship est l’association qui rassemble tous les acteurs de la propulsion vélique en France. Leur livre blanc est une bible.
Velic consulting est un cabinet de conseil spécialisé. Ils actualisent une liste des bateaux à propulsion vélique.
Ferrys à voile
Iliens relie Quiberon à Belle-Ile à la voile, et crée l’alternative au Ferry.
Sailcoop est une coopérative créée notamment par Arthur Le Vaillant, skipper du trimaran Mieux. Ils permettent des traversées vers la Corse à la voile.
Optimisations pour cargos
Silverstream a développé une technologie qui génère un matelas de bulles d’air sous la carène du cargo. La réduction des frottements réduit la consommation de carburant de 5 à 8%.
Syroco a été créée par Alex Caizergue, connu pour être l’homme le plus rapide sur l’eau, et 4X champion du monde de kitesurf. Ils développent des technos avec des armateurs comme CMA CGM pour diminuer leur conso de carburant.
Bateaux électriques
Il est difficile de déplacer un énorme cargo à l’électrique. Mais pourquoi on ne croise pas plus de petits bateaux électriques ? Les technos sont encore chères, et les batteries lourdes. Un semi-rigide avec une autonomie de 1h à 20 noeuds ou 12h à 5 noeuds coûte aujourd’hui 95 000 euros.
Les plus petits bateaux et les moteurs de voiliers commencent à s’électrifier. En attendant la révolution qui arrivera dans le sillage de celle des voitures électriques.
Torqeedo est leader de l’électrique de plaisance depuis 15 ans. Ils proposent tous types de moteurs. Epropulsion est son concurrent chinois.
Temo est une startup installée à Vannes qui réalise 2,5m€ de CA en vendant un moteur électrique léger pour annexes de bateaux et pour voiliers.
OceanVolts propose surtout des moteurs électriques pour voiliers.
NaviWatt développe le refit de bateaux thermiques en électrique, et vend des semi rigides ou bateaux professionnels électriques.
Bluenav ajoute des petits moteurs électriques sur des bateaux existants pour réduire leur conso grâce à l’hybride.
Weenav a été lancée en 2022 avec comme objectif la motorisation électrique à fortes puissances.
Planet Nautic loue vend et reconditionne des bateaux électriques. Centre SAV Torqeedo, ils développent aussi un système de contrôle à distance des moteurs.
Course au large
Si la France est en avance sur la propulsion à la voile, c’est aussi grâce au dynamisme de la course au large. C’est un laboratoire d’idées.
La Vague est une asso créée par les skippers les plus engagés.
La Fédération Française de Voile a lancé le projet Course au large 2030.
Roland Jourdain est le pionnier des changements de mentalité. Il a été le premier à faire son Analyse de Cycle de Vie en 2012 avec Veolia. Il a lancé Kairos environnement et le fond Explore pour faire évoluer les matériaux et les imaginaires.
L’ACV la plus complète est désormais celle de 11th Hour.
Adrien Hardy et Simon Fellous, bougent les lignes en Mini 6,50.
Quand tu mets un bateau sur un cargo après une transatlantique, c’est 12 tonnes de CO2. Sans compter le billet d’avion du marin. Si on remplaçait la minitransat par un aller-retour aux Açores ça serait tout aussi génial, et bien moins cher ?
Adrien & Simon, pour Voiles et Voiliers
Romain Pillard a développé le trimaran “Use it Again” pour promouvoir la seconde main.
Arthur le Vaillant raconte de nouveaux récits avec son Trimaran Ultim “Mieux”.
Team For The Planet fera parler du réchauffement climatique au prochain Vendée Globe. Ils n’ont rien sponsorisé, on leur a offert de la visibilité sur le bateau de Sam Goodchild.
Optimisation des bateaux de plaisance
La démocratisation de la plaisance date des années 70. La déconstruction de ces bateaux est un immense défi. Composés de fibres composites, de bois, d’acier, d’aluminium, d’inox, de fonte, de mousse, de toile et de fluides divers, ces bateaux sont des déchets complexes.
On les fait durer ?
Yellow Impact Sailing propose des séminaires d’entreprises responsables à La Trinité sur mer, via des entraînements et des régates en voiliers. Leur ADN est de maintenir tous leurs voiliers en parfait état sans les changer.
On les partage ?
Location
ClickAndBoat et SamBoat permettent de louer un voilier partout.
BedBoat utilise les bateaux qui ne naviguent pas en logements.
Abonnement
Saileasy simplifie l’accès à des bateaux en libre-service. Pour 30 euros par mois tu peux réserver un bateau sous 1h, sans pour autant être proprio.
LibertyPass te permet de t’abonner à l’année à un bateau. Tu deviens un co-locataire fixe.
On les simplifie ?
KISS : Keep it smart and simple est un trimaran écologique des Glénans à monter soi-même avec les élèves. La sensibilisation des plus jeunes est clef.
On les recycle ?
Batho crée des hébergements insolites sur terre pour donner une seconde vie aux vieux bateaux.
Composit Recycling a mis au point un pyroliseur mobile pour dissocier la fibre de verre de la résine des bateaux en fin de vie. En chauffant, la résine va s’évaporer sous forme d’huile, et pourra être revendue à des industriels pour faire du plastique ou alimenter des moteurs thermiques. Gros potentiel.
4. Idées 💥 : on plonge dans le grand bain ?
Des idées de jobs, 9 idées de boîtes. On plonge ?
Tu cherches un job ? Ils recrutent :
Beyond The Sea : commercial(e), équipier(e) naviguant(e)
Temo : ingénieur, responsable industrialisation
Silverstream : ingénierie, supply, sales
Ayro : tous types de postes
Bluenav : Director Manufacturing operations
Torqeedo : tous les postes en Allemagne
Samboat : CMO, produit
Clickandboat : Head of brand, Compta
Les boîtes que j’ai décidé de ne pas lancer.
Les nouveaux carburants : bien que fondamentaux, ils nécessitent des expertises que je ne maîtrise pas suffisamment.
Les bateaux électriques : ils se développeront, mais c’est pour le moment un marché de niche réservé aux toutes petites embarcations.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas y aller, mais mon intuition me dirigerait sur d’autres projets.
Lance un projet de logistique bas carbone.
Projet #Logicarb : propose une solution “end to end” de logistique bas-carbone.
Lorsqu’un industriel veut transporter ses produits à la voile, il faut aussi penser à une logistique bas-carbone de l’entrepôt jusqu’au voilier.
Les besoins sont spécifiques. Par exemple, il ne faut pas que cela soit en container, mais en palette.
Deviens logisticien bas-carbone, et utilise tous les transports bas-carbone existants (voile, ferroviaire, etc.)
Crée un label de transport bas carbone.
Projet #LabelCO2 : valorise les marques qui améliorent leur logistique grâce à un label à apposer sur les produits.
Towt a développé le Label Anemos garantissant -80% d’empreinte carbone par le transport à la voile. Grain de Sail communique sur ses chocolats et cafés en indiquant qu’ils sont transportés à la voile. C’est très inspirant.
Il faudrait inclure le transport train, électrique, vélo-cargo. Étendre le label en dehors du maritime, sans perdre en ambition de décarbonation.
Ce label pourrait devenir une vraie marque. Sa mission : permettre au consommateur de comprendre quels produits sont acheminés avec les solutions les plus bas-carbone.
Lance la lettre verte des colis
Projet #ColisVert : développe une techno qui permet d’afficher l’empreinte carbone de chaque choix de livraison.
La lettre envoyée avec un timbre vert permet de s’assurer que la livraison sera la plus écologique.
Il est impossible de savoir quel sera l’impact carbone de nos choix de livraison, lors d’une commande sur internet. Si je connaissais l’impact de la livraison en 24h, est-ce que je la choisirais ?
Vends une solution de calcul et d’affichage des émissions aux plateformes e-commerces, en commençant par les plus engagées.
DC Brain, IA pour supply chain responsable, peut être un bon partenaire.
Développe une IA d’optimisation de trajets en cargos.
Projet #CargoAI : optimise l’impact carbone des cargos.
L’intelligence artificielle va révolutionner les routes empruntées par les navires car ils doivent réduire leur consommation de carburant.
Utilise des données comme le courant, la météo ou les performances du bateau, pour optimiser les routes à suivre.
CMA et LDA investissent beaucoup dans les outils de routage.
Certains bateaux stationnent plusieurs semaines à leur port d’arrivée, moteurs allumés, avant de décharger. Optimise la vitesse du cargo pour qu’il arrive au meilleur moment.
Propose des séminaires impact sur des voiliers.
Projet #ImpactVoile : vend aux comités d’entreprises des régates impact.
Développe des entraînements et régates en équipes sur des voiliers d’occasion que tu t’efforces de réparer et de ne jamais changer.
Les entreprises cherchent à développer les TeamBuilding en France, pour diminuer leur impact. Les régates à la voile sur des bateaux à impact minimal sont un excellent moyen de souder les salariés autour d’une démarche environnementale.
Des projets existent sur la cote Atlantique et en Méditerranée, mais il va en falloir d’autres. Développe le lac d’Annecy ?
Lance une solution de gestion de copropriété de bateau.
Projet #CoproNav : crée une plateforme qui permet de simplifier la copro d’un bateau.
Les bateaux naviguent très peu et les candidats à la copropriété sont nombreux. Leur gestion est compliquée. Comment prévoir l’entretien à plusieurs, mais aussi les frais et l’agenda de disponibilité du bateau ?
Développe un logiciel SaaS et diminue l’impact des bateaux en facilitant leur partage.
Crée une course de voiliers impact.
Projet #RouteDuCarbone : développe une régate bas-carbone.
De magnifiques voiliers performants sont aujourd’hui relégués en seconde division, comme les Figaro 2, ou les Pogo 2.
La compétition est maximale quand tout le monde a le même bateau. Il faut créer de nouveaux imaginaires. Développe une flotte de monotypie avec des bateaux légendaires entretenus.
Vends à des sponsors un projet de course bas carbone qui attire des coureurs talentueux et engagés. Ils sont de plus en plus nombreux.
Pour finir sur les idées voici les conseils de 5 personnalités inspirantes du futur des bateaux, si tu veux te lancer.
Marc Thienpont, CEO de Beyond The Sea, raconte la puissance de la filière vélique.
Jacques Barreau, cofondateur de Grain de Sail, un des pionniers du transport à la voile. Il explique comment minimiser l’impact.
Djamina Daniel-Caseneuve, cofondatrice de Hisseo, nouvelle coopérative de transport à voile. Son modèle de lucrativité limitée est inspirant.
Dimitri Caudrelier, dirigeant de Yellow Impact Sailing, entrepreneur actif dans la transformation du nautisme. Il nous parle du potentiel du refit.
Arthur Le Vaillant est skipper, notamment du trimaran Ultim Mieux. Je lui ai demandé s’il fallait continuer à chercher la vitesse à tout prix ?
Merci de m’avoir lu et écouté jusqu’au bout. Si tu as décidé de plonger, retrouve la communauté du Plongeoir sur Discord pour en parler.
Énorme merci à François et l’équipe de Team For The Planet pour son aide ;)
Tu peux lire les précédentes newsletters : Tsunami électrique, Le tourisme du futur, Les algues, joker de l’humanité, La révolution du goûter, L’agriculture, le mercato du siècle, et Les matériaux de demain,
J’ai deux derniers services à te demander :
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À très vite,
Guillaume
Guillaume ne le sait pas encore mais ImpactVoile existe déjà, ça s'appelle ZOMIA et ça va encore plus loin !
La navigation à voile ⛵️ a énormément à nous apprendre !
Mais ça se concrétise comment dans la vraie vie ? 🧐
En perso, la voile c'est cool entre pote.
En pro, ça marche bien pour la cohésion d'équipe mais c'est très ponctuel. Et il y a plein d'autres enseignements du bateau qui seraient très utiles aux entreprises pour appréhender leurs problématiques avec davantage de sobriété.
- Prise de recul
- Communication
- Responsabilisation & Engagement de chacun
- Humilité
- Objectifs ambitieux
- Frugalité
- Prise de décision, etc.
La navigation, avec ses contraintes très fortes, permet de développer un état d'esprit de gestion de projet adapté à l'incertitude. Et ça c'est TRÈS intéressant pour faire de la Stratégie ou mener des démarches d'Innovation.
J'ai donc monté ZOMIA avec ça en tête, et un gros focus sur l'Humain (je suis designer).
ZOMIA c'est un studio d'accompagnement en Stratégie & Innovation. On n'est plus juste dans l'expérience marquante isolée dans le temps. Chez ZOMIA on prend un de vos sujets et on utilise les enseignements du bateau pour le résoudre.
Avec un petit tour sur l'eau quand même 😋 parce que c'est exceptionnel et qu'on est adepte de faire vivre des expériences aux gens pour qu'ils aient des déclics.
https://zomia-experience.com
Et pour faire durer les bateaux, il faut les... entretenir ! C'est pourquoi nous avons créé Ready4Sea, le carnet d'entretien digital des bateaux de plaisance. Une solution qui pourrait figurer dans votre inventaire.
A installer sur votre mobile 👉 https://ready4sea.com/install-app