Hors série / Comment trouver une idée de boîte ?
34 entrepreneurs nous racontent comment ils ont trouvé leur idée. À toi de trouver la tienne ?
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #46.
Pour les 3 prochaines semaines, je t’ai préparé une belle surprise.
J’ai pris beaucoup de temps à réfléchir à ce qui pourrait apporter le plus de valeur à celles et ceux qui veulent plonger dans le grand bain.
J’ai contacté 34 entrepreneurs géniaux croisés cette année, et je leur ai demandé de me laisser 3 messages vocaux :
1/ comment ils ont trouvé leur idée (newsletter d’aujourd’hui)
2/ comment ils ont trouvé leur(s) cofondateur(trices) (newsletter du 16 août)
3/ comment ils ont financé leurs 12 premiers mois (newsletter du 23 août)
Résultat : 7 heures de vocaux analysés. Si tu veux créer une boîte un jour, c’est évidemment super précieux. Si tu es juste curieux, c’est le meilleur moyen de comprendre comment le futur se construit.
Avant de démarrer, je voulais te présenter mon super sponsor pour ces 3 éditions spéciales du mois d’août.
C'est simple pour moi de te parler d’eux, parce que je suis un client fidèle depuis le début du Plongeoir. Dès qu’un entrepreneur me demande :
"Je vais créer ma boîte, un conseil pour l'administratif ?"
Je réponds : "Va donc faire un tour sur Legalstart ;)"
Ils t'accompagnent tout au long de la vie de ton projet : création d'entreprise, dépôt de marque, pacte d'associés, comptabilité, recouvrement de factures, changement de dirigeant, etc. Tu peux choisir le degré d'accompagnement que tu souhaites et ils sont joignables hyper facilement par téléphone si t'as besoin.
Un entrepreneur sur 10 qui se lance passe par Legalstart. Ça montre la qualité de leurs services et la simplicité des démarches. En 10 ans, ils ont accompagné 750 000 entrepreneurs...
Le plus renommé : leur note est de 4,7/5 sur 3600 avis sur avis vérifiés, ça ne s'invente pas.
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Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Analyse 🤙 : J’ai résumé la naissance des meilleures idées en 10 conseils concrets. Par exemple, il faut parler de son idée un maximum. C’est l’exécution qui compte, donc il faut se faire challenger. Il faut tomber amoureux du problème et pas de la solution, et il faut aussi faire attention au bon timing pour se lancer. Pour chacun des conseils, des entrepreneurs ont partagé des témoignages passionnants.
Vocaux 📣 : Les messages vocaux de ces 34 entrepreneurs sont exceptionnels. Du petit lait ! N’hésite pas à aller écouter ceux que tu veux :
Alexandre (Temo), Siham (Off Campus), Tanguy (Stokelp), Pierre-Amans (Bib Batteries), Blaise (Battwoo), Laurent (Lalilo), Matthieu (Ticket for Change), Clément (Morning), Thomas (Les Others), Marc (Feve, Dataiku), Frédéric (Simplon), Hubert (Leakmited), Cécilia (May), Joseph (Goodvest), Yacine (Circull’Egg), Salomé (Drive tout nu), Jacques (Grain De Sail), Maeva (Helios), Etienne (Milpa), Sébastien (Lormauto), Clément (Willy Anti-Gaspi), Alexis (Revolte), Timothée (Secondly), Boris (Mindday et Sport Heroes), Tanguy (Zalg), Henri (Osiris Agriculture), Juliette (PepPsy), Julien (Hubcycle), Paul (Hectarea), Jérémie (Keenest), Mathieu (Agoterra), Alix (Master Camp), Djamina (Hisseo), Raphaël (Lokki).
ENORME merci à eux !
On plonge ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Analyse des vocaux : 10 conseils pour trouver une idée.
Les 34 vocaux des entrepreneurs (il faut que tu ailles sur l’article en ligne ici pour les écouter).
Cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le directement dans ton navigateur ici 👇
🤙 Analyse des vocaux : 10 conseils pour trouver une idée.
Voilà la synthèse des 34 vocaux d’entrepreneurs en 10 conseils concrets.
1. Les idées volent, parles-en
Les idées de génie n’existent pas. Elles volent (Clément, Morning). Elles sont dans l’air (Frédéric, Simplon). Il faut absolument parler de son idée et la confronter.
Combien de fois on voit des gens qui ne veulent pas parler de leurs idées de boîtes à tout le monde ? C’est le sujet qui revient le plus dans ces vocaux.
Il faut en parler à tout le monde, à ta famille, tes amis et même à ton chien. Plus t’en parles, plus ça sera concret (Raphael, Lokki).
Il faut surtout en parler à de potentiels clients, c’est eux qui doivent te donner leur avis. On te dira beaucoup “C’est cool ce que tu veux faire”. Réponds-leur à chaque fois “Merci, tu serais prêt(e) à payer pour ça ?”
2. L’idée n’est rien sans exécution
Beaucoup de monde aura la même idée en même temps que toi. L’idée représente max 10% du succès. Ce qui fera la différence, c’est l’exécution (Clément, Morning).
Il y a ceux qui la gardent pour eux, et ceux qui la confrontent avec des dizaines de personnes et la peaufinent. Ils rencontrent alors les bonnes personnes qui pourront s’associer avec eux et renforcer l’idée encore et encore.
Je ne suis pas certain d’avoir eu une idée de génie en lançant cette newsletter. Par contre je peux te dire que je sens bien passer l’exécution ;)
Olivier et Jacques Barreau ont créé Grain De Sail, une boîte que j’adore et qui transporte du chocolat, du café, ou encore du vin en cargos à voile.
L’idée initiale date de 2010. Olivier avait été contacté par Stéphane, un paludier de Noirmoutier. Il voulait un avis sur un vieux gréement pour savoir s’il était en état suffisant pour transporter son sel. L’idée a germé ensuite dans la tête d’Olivier et Jacques : pourquoi ne pas transporter plus de marchandises à la voile ?
Aujourd’hui Grain de Sail développe et opère des cargos à voile qui réduisent le bilan carbone du transport maritime de -90%. L’idée venait d’un paludier, mais c’est son interprétation par Olivier et Jacques et leur exécution pendant 14 ans qui a fait le succès.
3. Le timing est fondamental
Les belles idées sont celles qui arrivent au bon moment par rapport au besoin des clients. C’est le fameux “Time to market”.
Regarde Goodvest, l’assurance vie durable. Selon Joseph, ils ont convaincu plus de 10 000 clients en 2 ans, dont 3000 au lancement en 2020. 5 ans avant, personne ne pensait à l’impact de son épargne. C’était le bon moment.
J’adore aussi l’exemple de Salomé au Drive tout nu. Ils ont eu l’idée en 2012 mais le sujet n’était pas du tout brûlant chez les consommateurs. Il n’y avait même pas encore d’épicerie vrac. Ils ont attendu 2017 pour démarrer, et c’était une super intuition.
4. Les bonnes idées arrivent par grappe.
Si tu lances ton idée au bon moment, tu ne seras pas la seule personne à y penser. Si d’autres personnes ont la même idée que toi, c’est bon signe.
L’innovation arrive toujours par grappe. On était nombreux à avoir la même idée de “formations numériques”. Xavier Niel a lancé l’école 42 la même semaine que nous, et Le Wagon s’est lancé juste après. On a tous surfé la même vague, et c’était une belle vague.
Fréderic, co-fondateur de Simplon (formation inclusive au numérique)
Le mieux quand tu vois d’autres acteurs qui veulent faire pareil c’est de leur parler pour comprendre comment vous pouvez être complémentaires (Mathieu, Agoterra).
Par exemple, Djamina (Hisseo) était super inspirée par ce que faisait Grain De Sail à Morlaix. Elle s’est dit : “Tout se passe en Atlantique, mais rien en Méditéranée. Lançons-nous en Méditérranée.”
5. Les bonnes idées sont des synthèses
Une idée ne ressemble pas à un éclair de génie, plutôt à un déclic. C’est à chaque fois la conclusion d’apprentissages et de rencontres.
Le process de maturation de l’idée jusqu’au lancement a pris en moyenne 6 à 12 mois pour les entrepreneurs qui ont témoigné.
Il ne faut pas hésiter à creuser plein d’idées parce qu’elles disent toujours quelque chose de ce qu’on cherche. Et à un moment les choses vont se regrouper autour d’une idée. Elle ne sera pas forcément parfaite car une idée n’est jamais parfaite. Mais elle va nous donner un max d’énergie.
Matthieu, co-fondateur de Ticket for change
Timothée (Secondly) raconte le même type d’expérience au démarrage. Il analysait plein de projets potentiels. Son analyse durait 1 semaine, 2 semaines, puis partait à la poubelle. Mais à chaque fois il essayait de garder la substance pour se dire : “qu’est ce qui m’a plu, et qu’est-ce que je retiens”.
Son cahier des charges a évolué pour devenir : une activité industrielle, dans l’environnement, avec une dimension sociale importante et de l’innovation.
Un jour de 2012, l’obligation de recycler l’ameublement et donc les matelas est votée. Sa famille fabriquait des matelas. Ça cochait toutes les cases, go !
6. Tombe amoureux du problème, pas de la solution
Voilà le deuxième conseil qu’on retrouve le plus souvent dans ces vocaux.
La bonne nouvelle, c’est que des problèmes qui nous dépassent il y en a partout. C’est une période dorée pour créer des boîtes et assos qui vont changer le monde. Marc Batty, co-fondateur de Feve
Quand tu trouveras un problème suffisamment important pour toi, il ne te lâchera plus jamais le cerveau. Tu le sauras.
J’aime bien l’exemple de Blaise (Battwoo). Il était intéressé par la mobilité électrique. Fin 2023, il est tombé sur un chiffre : les batteries des véhicules électriques en fin de vie ont encore 80% de capacité en moyenne. Il n’a plus jamais oublié ce chiffre.
À chaque fois qu’il avait une idée il se demandait : “est-ce que ça va permettre de prolonger la vie des batteries qui ont encore du potentiel ?”
C’était pareil pour Cécilia, la cofondatrice de May. En 2019, il y a une grève des urgences. Elle analyse quelles populations encombrent ces urgences. Ce sont les personnes âgées (logique) et les moins de 6 ans (pourquoi ?). La période de la petite enfance génère énormément de questions.
Elle n’oubliera jamais ce problème, et elle a depuis développé un service digital de soutien aux parents.
7. Si tu veux vraiment tomber amoureux, cherche les problèmes qui t’animent.
Quand on est vraiment amoureux de son problème, on peut se battre pour lui pendant des années et des années. C’est clef, parce qu’entreprendre est un marathon.
Une vraie question pour moi était : est-ce que je suis prête à mettre 100% de mon temps sur ce projet pendant 15 ans ? Et ce que ça me fait suffisamment vibrer ? Maeva, Helios
Être amoureux de son problème est une clef majeure pour embarquer du monde autour de soi. Le projet devient “incarné” et tu pourras convaincre beaucoup plus facilement tes futurs salariés, clients, fournisseurs.
L’exemple d’Hubert (Leakmited) est super parlant. Il a grandi au Cameroun. Quand il était petit il a déménagé dans une résidence neuve, sans souci d’eau. Mais à partir de l’adolescence ça s’est beaucoup dégradé. Il devait se lever le matin assez tôt pour faire des réserves d’eau à cause des nombreuses fuites sur le réseau.
Il a commencé à réfléchir à ce sujet très tôt, et pas de doute que ça l’anime encore aujourd’hui.
Ce problème si marquant pour toi peut venir de ta vie perso, mais aussi de ta vie pro évidemment.
Lorsqu’on commence à voir quelque chose qui nous dérange dans notre métier, que c’est généralisé à l’ensemble des boîtes, et que ça engendre des pertes financières, alors c’est probablement une bonne idée.
Tanguy, ex-acheteur industriel qui a co-fondé Stokelp (vente de matières premières en surplus entre usines).
8. Parle plus vite aux clients et aux utilisateurs
Il faut passer un max de temps sur le terrain chez tes futurs clients. Tu dois comprendre les problèmes de chacun de manière ultra concrète (Pierre-Amans, BIB).
J’aime bien l’exemple de Laurent (Lalilo) qui voulait travailler dans l’éducation. Il avait demandé à sa belle-mère (professeur des écoles) de lui ouvrir sa classe. Il a passé des heures à comprendre le problème de l’apprentissage de la lecture chez les élèves les plus en difficulté.
Ce que j’adore en particulier avec les exemples de Pierre-Amans et Laurent, c’est qu’ils sont tous deux polytechniciens. On a parfois en tête l’image de profils éloignés du terrain ? Preuve que non !
L’histoire de Raphael (Lokki) et de son cofondateur est aussi très parlante. Alors qu’ils réfléchissent à une idée de boîte, leur voisin loueur de vélo débarque. Ils discutent et se rendent compte qu’il galère. Il n’est pas visible, gère un planning Excel, un logiciel de caisse séparé. Ils appellent alors tous types de loueurs de vélos, kayaks, skis, paddle etc. Beaucoup partageaient cette frustration, alors ils ont développé un logiciel de productivité pour loueurs de matériel outdoor.
Hubert (Leakmited) et Henri (Osiris Agriculture) pensent qu’ils auraient pu gagner beaucoup de temps en parlant aux clients plus rapidement.
Chez Circull’egg, c’est justement ce qui a fait la différence. Ils voulaient valoriser les coquilles d’œufs, mais il fallait trouver le moyen de créer de la valeur pour le collagène et le carbonate de calcium. Ils ont fait le tour de tous les clients imaginables, pour finalement valoriser ce coproduit auprès de secteurs aussi différents que le petfood, la cosmétique ou encore les matériaux.
9. Teste rapidement ton idée à petite échelle
Qu’est-ce que tu peux lancer comme test pour vérifier si ça peut fonctionner à moindres frais ?
Siham et Alice (Offcampus) voulaient créer un lieu cocoon et y organiser des cours du soir incroyables, avec des profs d’astronomie ou de philosophie par exemple. Elles ont commencé par organiser un cours avec un prof dans un bar un soir et ont pu apprendre de ce test rapidement.
Je suis content qu’on se soit lancés rapidement avec un blog sans se poser de question sur le design ou autre. On a pensé après, et ça nous a forcés à avancer.
Thomas Firh, Les Others (média outdoor)
D’ailleurs, Etienne (Milpa) a une réflexion dans son vocal que je trouve sympa. Il raconte que si c’était à refaire il éviterait évidemment de reproduire de nombreuses erreurs. Mais au final, ce sont ces erreurs qui l’ont aiguillé. Alors aurait-il réussi sans ?
Un enfant ne pourrait pas apprendre à marcher par de la théorie, sans accumuler les erreurs. Un entrepreneur non plus.
L’histoire de Willy Anti Gaspi est super parlante.
En fevrier 2021 on se lance dans la vente de produits bio accessibles, Good Marché. On galère, on a des mini marges.
Un jour, on fait le tour des produits bientôt périmés. On lance une rubrique anti-gaspi sur le site. 75% des clients achètent dessus. Au bout de 2 semaines on a pivoté et on a tout misé sur l’anti-gaspi.
C’est compliqué d’avoir la bonne idée directement. Il faut se lancer vite et s’adapter.
Clément, Willy Anti Gaspi
Même s’il faut se lancer vite, certains paramètres peuvent être modélisés facilement au démarrage tout de même (Clément, Morning). Par exemple, la taille du marché potentiel (Djamina, Hisseo). Beaucoup d’entrepreneurs dépensent une énergie dingue pour lancer un produit, et se rendent compte 2 ans plus tard que le marché potentiel est minuscule.
10. Travaille en collectif
Dernier élément que j’ai fortement ressenti en analysant ces vocaux : il est super utile de travailler en collectif. Ça aide évidemment à confronter l’idée, mais aussi et surtout à se soutenir mutuellement. Chacun vit la même étape dans sa vie, et tout le monde se comprend.
Par exemple Mathieu (Agoterra) s’était créé un petit groupe Whatsapp de 10 entrepreneurs en cours de lancement dans la décarbonation. Tanguy (Zalg) avait trouvé à Vannes un programme pour challenger son idée en 1 mois avec des experts. Hubert (Leakmited) a participé à Entrepreneurs First. Salomé (Le Drive Tout Nu) avait rejoint Ticket for change.
Le lien est trop beau : on a justement lancé Plouf pour ça avec Pauline. On est 80 dessus, et tout le monde s’entraide. C’est ici que ça se passe.
🙏 Cette newsletter a nécessité énormément de travail. Si tu penses qu’elle peut apporter de la valeur à quelqu’un de ton entourage, partage-la. C’est le meilleur moyen de nous remercier !
Aller plus loin : les 34 vocaux des entrepreneurs.
Voilà tous les vocaux et mes notes. N’hésite pas à te balader dedans et aller écouter uniquement ceux qui t’intéressent. Il faut que tu sois sur l’article en ligne ici.
Alexandre Seux, co-fondateur de Temo (moteurs électriques pour bateaux, portatifs et faciles d’installation)
Il faut démystifier ce sujet : les idées de génie n’existent pas.
Des moteurs électriques de bateaux il y en avait déjà. On a simplement fait une fusion d’un moteur pour bateau avec une trottinette électrique, pour améliorer l’expérience des clients.
En analysant le marché, je me suis dit que le futur de la plaisance serait électrique.
L’idée qui marche est celle qui a une temporalité perso, pro, et une envie de prise de risque. Et puis ce moment où les planètes s’alignent, qui dépasse largement l’idée.
L’idée est toujours la même, mais elle s’est transformée en 3, puis bientôt 10 produits autour de ce sujet d’électrification des bateaux.
Il faut absolument parler de son idée et la confronter. On ne se fait pas voler son idée, c’est la force d’exécution qui fera la réussite.
Siham Jibril, co-fondatrice Off-campus (cours en présentiel à destination d'adultes animés par des professeurs passionnés et passionnants sur des sujets permettant de mieux comprendre le monde ou tout simplement s'aérer l'esprit.)
J’avais lancé un podcast GénérationXX, 100 épisodes en 2017-21. Je voulais moins de digital. Je ressentais le besoin d’apprendre, de creuser des sujets. Sociologie, géopolitique, astronomie, économie. Je ne voulais pas non plus aller à la fac.
Notre constat était que tous les débats étaient polarisés. On ressentait le besoin de temps long et de nuance.
Avant d’ouvrir un lieu, il fallait tester l’idée : est-ce que les gens sont prêts à payer pour un cours du soir ?
Tanguy de Cottignies, cofondateur de Stokelp (Achat vente de surstocks et surplus de matières premières alimentaires en frais, surgelé et ambiant (sec) pour les professionnels de l'agroalimentaire.)
L’idée est venue de mon ancien métier, parce que je dirigeais la partie achats et gestion des stocks d’une PME agro. Dans mon métier, j’étais confronté à des choses qui me dérangeaient : gaspillage, problématiques de gestion.
On en a parlé avec un ami directeur commercial, on a mûri l’idée pendant 2 ans en confrontant l’idée. L’idée a peu divergé depuis, on est toujours sur le même modèle, qui s’est simplement optimisé.
Petit conseil : lorsqu’on commence à voir quelque chose qui nous dérange dans notre métier, que c’est généralisé à l’ensemble du métier, et que ça engendre des pertes financières, alors c’est probablement une bonne idée.
Pierre-Amans Lapeyre, co-fondateur de Bib Batteries (suivi de batteries et gestion de leur seconde vie).
En 2020, je rencontre Martin chez X-HEC entrepreneur. On veut travailler sur un projet à impact. On a commencé à s’intéresser à la fin de vie des batteries.
On a rencontré de nombreux propriétaires de batteries de vélos électriques partagés, comme Lime, Bird etc. On nous donnait gratuitement des batteries en fin de vie qui valaient pourtant beaucoup d’argent. Pourquoi ? Ils n’arrivaient pas à comprendre l’état de leur batterie pour pouvoir les valoriser ensuite.
Si c’était à refaire : arriver au moment où un problème arrive, et pas avant. Ça fait 3 ans qu’on bosse ce sujet des batteries. Depuis 2018 on sait que le sujet des batteries de fin de vie sera important mais ça arrive seulement maintenant.
Conseil : aller passer des journées dans les entrepôts de vos clients, comprendre tous leurs problèmes concrets. N’ayez pas peur de perdre du temps de manière ultra-simple sur le terrain.
Blaise Pruvost, co-fondateur Battwoo (batteries de seconde vie).
Blaise m’a aidé fin 2023 à écrire le Plongeon sur les batteries. Il était à ce moment-là en pleine réflexion pour lancer son projet, suite à un passage chez Ticket For Change.
Je cherchais à créer dans la transition écologique, et en particulier dans le secteur du transport. J’ai d’abord creusé le retrofit : mettre de l’électrique dans un véhicule thermique existant sans en produire un nouveau.
En creusant ce sujet je suis tombé sur une stat : les véhicules électriques en fin de vie ont encore 80% de capacité restante de batterie en moyenne !
Laurent Jolie, co-fondateur de Lalilo (Edtech : accompagnement des professeurs pour différencier l’apprentissage de la lecture et lutter contre l’échec scolaire)
Je voulais travailler dans l’éducation, et j’ai demandé à ma belle-mère, professeur des écoles de m’ouvrir des classes.
On a suivi une classe de CP. Une élève de la classe avait beaucoup de difficultés. Elle n’arrivait pas à lire “une” et quand on lui demandait la première lettre, elle ne reconnaissait pas le “u”. La maîtresse leur a dit : “malheureusement, je ne peux pas sauver tout le monde”. Ça nous a marqués, car elle ne pouvait pas. Elle passait 2h à préparer les cours, et il y avait beaucoup d’autres élèves en difficulté.
On a testé plein de projets. Puis on est revenus au problème de cette élève qui n’arrivait pas à apprendre. On a développé un petit logiciel pour qu’elle apprenne mieux à lire, et ça marchait super bien.
Sauf qu’à l’analyse du modèle économique : déconvenue. Pas de modèle en France, personne ne voulait payer. On est partis aux US, à San Francisco, et là ça a décollé. On est revenus plus tard sur le marché français.
Lalilo a été revendu à Renaissance Learning après 8 ans de développement, et Laurent est sorti en janvier 2024. Il est en train de relancer un projet dans l’éducation.
Matthieu Dardaillon, co-fondateur de Ticket for Change (2013), et aujourd’hui auteur de l’excellente newsletter “Redessiner le monde”.
J’étais étudiant en école de commerce, j’avais 22 ans. On avait monté un projet de 9 mois autour du monde à la rencontre d’entrepreneurs sociaux. Je creusais plusieurs idées en parallèle, autour de l’incubation de projets sociaux.
Pendant 15 jours, j’ai fait le tour de l’Inde avec 450 jeunes dans le train. Une initiative pour aller voir le changement et vouloir en être. Une expérience qui m’a bouleversé. Je me suis dit “je veux adapter ça en France”.
Une idée qui a connecté plein de choses que j’avais creusées avant. Réunion de plein de choses, super synthèse.
1,5 mois après je m’étais demandé “est ce que je peux faire autre chose que ça” ? Il n’y avait aucun argument pour ne pas essayer. Et je sentais que j’allais trop le regretter. Cette idée m’appelait tellement et m’excitait trop.
Conseils : ne pas hésiter à creuser plein d’idées parce qu’elles disent toujours quelque chose de ce qu’on cherche. Et à un moment les choses vont se regrouper autour d’une idée, qui ne sera pas forcément parfaite car une idée n’est jamais parfaite. Mais qui va nous donner un max d’énergie.
Ensuite ça évolue, Ticket a beaucoup bougé mais ça nous a mis le pied à l'étrier.
Clément Alteresco, fondateur & CEO de Morning (2012), solutions de bureaux et coworkings dans Paris.
Aujourd’hui Morning, c’est 100M€ de CA, une boîte BCorp et une super culture. J’ai fait un plongeon portrait sur eux ici ;)
Je travaillais chez Fabernovel et j’ai lancé “Bureaux à partager”. Le constat était que les bureaux sont souvent trop grands et peuvent être partagés.
Les idées volent : ne jamais la garder secrète et en discuter tout le temps. La partager, la triturer, la challenger. Il ne faut pas chercher LA bonne idée, il y a plein de potentielles idées. Il faut surtout l’affiner. Il faut en discuter. L’idée n’est même pas 10% de la valeur d’une boîte. On peut parler d’exécution plutôt.
À l’époque je ne savais pas bien modéliser les idées, calculer la taille de marché. Il faut le faire.
Thomas Firh, co-fondateur et rédac-chef du média Les Others (2012) et Recto Verso. Réalisateur du podcast Les Baladeurs (j’en suis fan !).
L’idée de départ est sortie de terre de manière simple : on avait envie de lancer un blog pour partager nos passions de pleine nature, outdoor.
C’était même pas du tout une idée de boîte au démarrage.
D’un blog on est passé à un magazine papier, puis au modèle Recto Verso pour voyager. Tout ça s’est ajouté progressivement.
Si c’était à refaire, un truc que je referais : me lancer direct sans me poser de question sur le design ou toute autre question. On a pensé après, et ça nous a forcés à avancer.
Marc Batty, co-fondateur de Feve (financement de l’agriculture de demain par l’épargne), et ex co-fondateur de Dataiku (solutions data pour entreprises).
J’ai monté 2 boîtes très différentes, Dataiku et Feve. Dans les deux cas le processus de l’idée au lancement a duré un peu plus d’un an.
Ne pas se concentrer sur l’idée, mais sur le problème important à résoudre. Beaucoup de boîtes se lancent avec des solutions élégantes, performantes. Mais si personne en face ne ressent de problème profond, ça ne mènera rien.
Dataiku : en 2013 les technos Big Data étaient partout dans la presse mais inaccessibles au plus grand nombre. On a mis à dispo ces technos sur une plateforme. Feve : impact environnemental de l’agriculture et la biodiversité.
Au-delà de l’idée le moment compte beaucoup. Dataiku aurait été beaucoup plus difficile 3-4 ans plus tard.
La bonne nouvelle, c’est que des problèmes qui nous dépassent il y en a partout. Période dorée pour créer des boîtes et assos qui vont changer le monde.
Conseil : partager l’idée à des dizaines, des centaines de personnes. Comprendre les objections, affiner. Les gens ne vont pas vous piquer votre idée, c’est bien plus compliqué que ça de se lancer comme vous vous en doutez.
Frédéric Bardeau, président et co-fondateur de Simplon (2013, formations inclusives aux métiers du numérique). Ils font plus de 30M€ de CA, superbe succès impact.
On croit souvent qu’on a des idées géniales tout seul dans son coin mais l’innovation arrive toujours par grappe. On était plein dans l’écosystème à avoir la même idée de “formations numériques”. La même semaine du lancement de Simplon Xavier Niel a lancé l’école 42, et Le Wagon s’est aussi lancé juste après.
On a tous surfé la même vague, c’était une belle vague, et c’est pas un jeu à somme nulle.
Hubert Baya Toda, co-fondateur de Leakmited (2019, IA pour détecter les fuites sur les réseaux d’eau)
Idée incubée depuis longtemps. J’ai grandi au Cameroun. Quand j’étais petit j’ai déménagé dans une résidence neuve sans souci d’eau. À partir de l’adolescence ça s’est beaucoup dégradé. On devait se lever le matin assez tôt pour faire des réserves d’eau. J’ai commencé à réfléchir à ce sujet.
Entreprendre est difficile, il faut travailler sur un sujet qui te tient au cœur.
J’ai une formation ingénieur, mais j’avais besoin de trouver un cofondateur et du réseau. J’ai rejoint Entrepreneur First pour ça.
Si c’était à refaire j’essaierai de commercialiser encore plus vite la solution. On aurait dû aller encore plus vite sur le terrain.
Cécilia Creuzet, co-fondatrice de May (accompagnement à la parentalité).
Je travaillais dans une startup e-santé, et mon mari et associé voulait créer une boîte dans la santé ou l’écologie.
En 2019, il y a une grève des urgences, dans la rue. En regardant on voit que les populations qui encombrent les urgences sont les personnes âgées (logique) et moins de 6 ans (pourquoi ?).
Constant fort : la période de la petite enfance génère beaucoup de questions. Il manquait un service digital fiable de soutien.
On est aujourd’hui une équipe de professionnels de santé, et on a élargi la portée du produit.
Le plus important : se lancer dans un sujet qui nous tient vraiment à cœur.
Joseph Choueifaty, co-fondateur de Goodvest (assurance vie responsable).
Je me suis rendu compte que l’épargne était investie de manière très carbonée, très opaque, et que les gens voulaient éviter que leur argent pollue plus qu’eux.
J’ai creusé les rapports, labels, d’où venait le greenwashing, comment obtenir de la transparence, puis on a lancé des fonds et on a lancé le projet 1 an plus tard.
On s’est tenu au plan. Plus de 3000 préinscrits au lancement et 10 000 clients 2 ans plus tard. Le besoin était bien là, le "time to market est fondamental”.
Yacine Kabeche, co-fondateur de Circull’Egg (valorisation des coquilles d’œufs).
Je n’avais pas forcément envie d’entreprendre. À agroparistech, j’organisais un week-end startup, et je participais aussi. Le thème était l’économie circulaire.
Avec des amis on a regardé au départ : “La France est le plus gros producteur de quoi ?” Réponse : les œufs. Qui dit œuf dit coquille d’œuf. On a creusé la valorisation des coquilles et on a remporté le startup week-end, mais ça s’est arrêté là.
1 an plus tard je m’ennuyais dans un stage en finance, donc j’ai repris la réflexion et j’ai contacté des usines. J’ai découvert que certaines usines avaient comme objectif de casser les œufs : les casseries. Un directeur m’a montré son besoin et son urgence à valoriser ces coquilles. Le besoin de les valoriser était partagé par toutes les casseries.
Je devais partir au Canada en projet de stage. J’ai annulé pour le creuser.
Au départ notre solution était de valoriser les coquilles d’œufs directement pour les poules, à partir du carbonate de calcium présent dedans. Mais on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas assez de valeur. On a découvert la membrane interne et son collagène.
On a contacté tous les clients possibles qui pouvaient acheter un des deux produits : coquille externe (carbonate de calcium) ou membrane interne (collagène). On a trouvé des clients dans les matériaux, compléments alimentaires, cosmétiques, petfood.
Si c’était à refaire : contacter les clients le plus vite possible.
Salomé Géraud, co-fondatrice du Drive tout nu (drives zéro déchet).
L’idée vient du croisement de parcours entre Pierre et moi. Pierre est un maniaque de la récupération. Il a grandi avec cette philosophie de ne rien jeter et tout transformer.
Chaque français produit 700kg de déchets par an, et la moitié sont des emballages que tu jettes dès que t’as amené le produit chez toi.
Pour que le zéro déchet passe à l’échelle il fallait le rendre plus simple, pratique, accessible.
Le Drive tout nu est une idée qu’on avait eue en 2012, mais on n’avait pas les moyens de créer, pas de filet de sécurité, et le marché n’était pas prêt. Il n’y avait même pas d’épicerie vrac à l’époque. On a attendu, travaillé, puis à un moment on s’est dit “allez c’est le moment”.
On a rencontré Ticket for Change et on s’est dit : “si on est pris au programme, on quitte nos jobs”. On a été pris.
L’idée n’a pas changé, drive zéro déchet aussi pratique qu’un drive classique. Aujourd’hui on fait aussi de la livraison, et on a même ouvert un supermarché zéro déchet.
Conseil : parler de son idée partout. Et tomber amoureux de son problème et pas de sa solution.
Jacques Barreau est co-fondateur de Grain De Sail (2015, transport maritime durable à la voile, et marque de chocolat et café)
L’idée initiale date de 2010. Mon frère Olivier avait été contacté par Stéphane, un paludier de Noirmoutiers qui voulait visiter avec lui un vieux gréement pour savoir s’il serait bien pour transporter son sel. L’idée a germé dans notre tête : pourquoi ne pas transporter des marchandises à la voile ?
L’idée n’a pas trop évolué, 10 ans plus tard on a toujours des cargos à voile qui tuent le bilan carbone à -90%.
Maeva Courtois, co-fondatrice de Helios (2020, néobanque écologique)
Avant de créer Helios je tournais autour de l’entrepreneuriat timidement. En 2013 on avait par exemple créé une galerie d’art urbain en ligne. On s’est dit que ça n’était pas le projet de notre vie. Mais on n’a jamais lâché cette envie de créer une boîte ensemble.
Un jour on a eu un vrai déclic : je travaillais dans la finance de marché pour lancer un fonds durable. On a creusé à fond ce sujet d’épargne durable le week-end, quel type de produit on pourrait lancer.
Conseil : demande-toi si tu pourrais mettre 100% de ton temps sur ce projet pendant 15 ans ? Et ce que ça te fait vibrer ?
Etienne de La Grandiere, co-fondateur de Milpa (2022, accompagnement à la conversion du conventionnel au bio régénératif, avec garantie de revenu)
A la reprise de l’exploitation familiale par mon frère et son associé, un voisin vient les voir et leur dit qu’il a une exploitation. Il ne veut pas la vendre, ne veut pas la louer, et son salarié partait à la retraite. Ils leur disent “passe au bio, tu verras c’est génial.” Et lui “non, je n’y crois pas trop”.
On lui a proposé de lui prendre son résultat net, le multiplier par deux, laisser ça pour lui, et puis nous on cultive et on se rémunère au-dessus de ce montant.
Ça a fait boule de neige en local, avec d’autres exploitants. J’ai proposé à mon frère de le rejoindre et qu’on se développe partout en France.
Si c’était à refaire évidemment je ferais attention à toutes les petites erreurs faites sur le trajet. Mais si ce sont ces erreurs qui ont fait mûrir le projet, est-ce que finalement on aurait pu faire sans ?
Sébastien Rolo, co-fondateur de Lormauto (2020, refit de véhicules thermiques en électriques)
Processus très long au départ : depuis 2015 je vois la montée des problèmes de changement climatique, les évènements sociaux autour des carburants, les enjeux de voiture électrique.
Lormauto est un bébé Covid. Peu de différence d’un point de vue technique aujourd’hui avec le projet de départ.
J’avais en tête un process industriel de transformation d’un véhicule thermique en électrique. Mon associé a apporté l’envie de durabilité sur le long terme, le business model de location.
Clément Mery, co-fondateur de Willy Anti-Gaspi (2022, e-commerce anti-gaspi)
Avant l’idée on voulait entreprendre ensemble avec mon ex-coloc de 15 ans. On voulait de l’impact, et on a creusé plein de problématiques impact.
En fev 2021 on lance un copycat d’une boîte californienne, e-commerce de bio accessible.
Pendant 1 an on lance donc Good Marché, on galère, mini marges. On fait le tour des dates courtes dans l’entrepôt, et on se dit qu’on ne va quand même pas les jeter, on lance une petite rubrique anti-gaspi. C’était 7% des refs au final et la semaine suivante 75% des clients avaient acheté anti-gaspi. Au bout de 2 semaines on pivote et on parie tout sur l’anti gaspi.
Hyper compliqué d’avoir la bonne idée directement. Se lancer vite, se confronter au marché, permet de pivoter rapidement ou pas.
Avoir un terrain de jeu bien identifiable est important : par exemple nous c’était quelques clients à fond qu’on chouchoutait pour comprendre comment les reproduire.
Alexis Marcadet, co-fondateur de Revolte (2021, garages pour voitures électriques)
Idée de Raphael Daguet, son métier était de vendre de l’avant projet pour des évènements de 10 000 personnes au même endroit. Pas vraiment le bon job pour le covid. Voulait avoir de l’impact, aimait retaper des vieilles voitures. Se dit que rien d’excitant sur l’automobile dans l’impact.
Si c’était à refaire : mieux creuser les spécificités de nos projets de vie entre associés, parce que l’idée a évolué et que certains associés sont partis.
Timothée Coisne, co-fondateur de Secondly (2012, économie circulaire des matelas)
Je travaillais en conseil pour des grosses boîtes et j’en avais marre des slides et des Excels. Je voulais créer une boîte. J’ai analysé plein de projets potentiels, qui faisaient 1 semaine, 2 semaines, puis partaient à la poubelle. Mais à chaque fois j’essayais de garder la substance pour me dire : “qu’est ce qui m’a plu, et qu’est-ce que je retiens”.
Le cahier des charges a évolué vers : activité industrielle, dans l’environnement, dimension sociale importante, et innovation.
2012 : obligation de recycler l’ameublement, dont les matelas. Ma famille en fabriquait. J’ai creusé les problématiques et je me suis lancé.
Boris Pourreau, co-fondateur de Mindday (2020, autothérapie en santé mentale), et Sport Heroes (2013)
À chaque fois mon point de départ : qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? Je choisis mon métier, donc autant choisir un truc qui me prend au cœur.
Première entreprise : j’étais passionné de sport et je voulais œuvrer dans cet univers. J’ai cherché les problèmes, ce que je pouvais apporter. L’idée de départ était que beaucoup de gens n’en font pas : comment les inciter ? Sachant que le côté santé ou plaisir ne marche pas chez eux. Idée de rewarding sportif. Récompenser pour leur activité.
Deuxième entreprise : Mindday : bien être par le sport, mais aussi mental et psychologique. Les gens n’ont pas le réflexe d’aller voir des pros de santé mentale. Comment leur faire découvrir de manière plus ludique et accessible ?
À chaque fois j’ai regardé ce qui se faisait dans d’autres pays, quels étaient les modèles économiques.
Tanguy Gestin, co-fondateur de Zalg (2020, produits alimentaires à base de macro algues)
J’avais ùa petite liste d’idées à explorer. Au départ je ne pensais pas aux algues, mais j’ai rencontré des experts du sujet. Flash d’amour pour les algues : tendance de consommation, locale, filière qui se montait, freins à lever avec défi sympa.
J’ai pu creuser mon idée et avoir le retour direct de ces experts. Conseil : toujours être ouvert, parler des idées et les tester.
À Vannes, j’avais pu tester des idées dans un programme d’un mois. Tu arrivais avec ton idée tu rencontrais plein d’acteurs qui te challengeaient. Moins violent qu’un hackaton de 24h et les temps morts et réflexions à froid sont utiles.
Henri Desesquelles, co-fondateur de Osiris Agriculture (2020, robots d’irrigation)
J’avais envie d’être à la campagne, pour accompagner mes amis et ma famille par mon métier. Je voulais faire le pont entre mon école d’ingé et les besoins pour l’agriculture.
En 2016, 2017, les problèmes d’irrigation se multiplient car changement climatique. Ça s’assèche. Tu passes 5 fois, 7 fois, 20 fois au même endroit pour irriguer.
Ce qui a transformé l’idée en boîte : c’est d’arrêter de penser produit et penser client.
Juliette Lachenal, co-fondateur PepPsy (2019 prévention santé mentale dans les entreprises)
Je suis psychologue clinicienne et j’ai créé PepPsy avec son mari. En tant que clinicienne, j’accompagnais initialement des personnes qui avaient vécu des agressions. Elles mettent énormément de temps avant d’aller consulter. Le pas est grand. Il faut plus de prévention pour leur partager des outils accessibles.
L’idée s’est affinée : vidéos avec les meilleurs experts, pour être super accessibles à ceux qui quoi qu’on fasse n’iraient pas voir le psy.
On a eu 35 000 utilisateurs en 2 ans et on a découvert ce qui aidait et ce qui n’aidait pas. Les entreprises sont venues nous voir pour qu’on les aide. On est passé sur un modèle de vente aux entreprises et mutuelles.
Julien Lesage, co-fondateur chez Hubcycle (incrédients issus d’upcycling)
Pendant mes 2 stages dans la parfumerie et dans les microalgues, je me suis rendu compte que ce qu’on cherchait à activer était jeté ailleurs. Par exemple on cherchait la clef anti-âge dans la rose pour la cosmétique, et elle partait à la poubelle dans la parfumerie.
Forme d’opportunisme : l’idée est venue de chercher une opportunité de matière première jetée à valoriser. Quel gaspillage je peux valoriser ?
Pendant 6 mois - 1 an j’ai visité des dizaines d’usines, je me suis rendu compte que chaque matière première d’une usine pouvait servir à une autre. On a lancé une plateforme.
Confrontés au marché, on s’est rendu compte que les clients ne voulaient pas s’acheter en direct les matières premières et donc on est devenu nous-même un créateur d’ingrédients à base de matières premières d’autres usines.
Si c’était à refaire, je ferais du suivi de process de vente de décideurs en BtoB pour éviter de passer 2 ans dans des cycles de ventes pourris. J’aurais pu éviter beaucoup d’erreurs.
Paul Rodrigues, co-fondateur de Hectarea (Financement de l’agriculture de demain par l’épargne)
J’ai creusé plusieurs idées pendant mon job de salarié. Est-ce que ça peut fonctionner ? Est-ce que c’est un job dans lequel je pourrais être performant ?
L’idée de départ est toujours la même depuis le début : permettre à tous d’investir dans la terre agricole.
Au-delà de l’idée, il faut se mettre une date en tête. Je voulais être entrepreneur avant 30 ans et donc je me suis débrouillé pour que ça se fasse.
Idée elle-même : en lisant la presse sur les sujets immobiliers, j’ai fait la connexion entre les deux mondes. Permettre à tous d’investir dans la terre agricole.
Jérémie Sicsic, co-fondateur de Keenest (Investissement dans des boites impact dès 100€)
J’avais créé deux sociétés dans la HR Tech, et je me suis dit que je voulais vraiment lancer une boîte climat.
Je n’étais pas ingénieur, je ne pouvais pas trouver une idée sur l’énergie ou la mécanique des fluides. La où je peux être le plus utile c’est de contribuer au financement pour la “climate tech”. J’ai contacté Team For The Planet, j’ai rencontré leur CEO. Je me demandais comment la blockchain pouvait aider à financer la climate tech pour investir plus facilement et sortir plus facilement. Team For The Planet était intéressé mais ne voulait pas l’opérer. Créer une spin off.
On a pivoté vers une plateforme d’investissement. Idée initiale de financer TFTP, aujourd’hui en direct dans les projets.
Pas du genre à faire des dizaines d’études de marché à 15 ans. L’idée me plaît d’un point de vue intellectuel et personnel, donc on y va, go !
Mathieu Toulemonde, co-fondateur d’Agoterra (Financement de la transition agro-écologique)
Au départ introspection : j’y vais ou je n’y vais pas.
Dans mon job de salarié chez Agorize, j’avais vécu une super expérience avec les grandes entreprises. Donc j’ai gardé ça. J’ai voulu être en lien avec mes valeurs, la ferme familiale, donc souhait d’être dans l’agriculture. Zones de fun : notion de collectif que je voulais garder.
Je me suis donné 6 mois pour trouver l’idée. Un facteur clef de succès : travailler à plusieurs. On s’était créé un petit groupe à 10 entrepreneurs dans la décarbonation pour se challenger.
J’avais une grille de lecture à chaque fois pour analyser une idée, avec 10 points.
Tips que je rajouterais : ne pas réinventer la roue. Quand on voit un truc similaire c’est même bon signe. On peut créer des complémentarités, partenariats et dans tous les cas apprendre plus.
Alix de Zélicourt, fondatrice de Master Camp (camps de vacances réinventés)
J’étais dans le conseil et je voulais entreprendre. J’ai profité de l’occasion fournie par un fonds de travailler sur une idée existante : faire venir des Youtubeurs pour rajeunir les colonies de vacances. Aujourd’hui Master Camp lance des Day Camp pour les vacances. Les enfants dorment chez eux le soir et vivent des activités hors du commun la journée.
On organise des activités pour faire découvrir des métiers et des secteurs avec des gens passionnés.
A refaire ? Regarder le marché plus précisément, et s’intéresser à des trucs que je ne connaissais pas, comme l’acquisition.
Djamina Daniel-Caseneuve, co-fondatrice de Hisseo (2022, coopérative de transport maritime à la voile)
Transport à la voile en Méditerranée ? Idée qui n’est pas tombée du ciel mais qui a infusé.
Mes parents ont créé une boîte de transport à la voile de passagers dans le golfe du Morbihan.
J’ai travaillé dans l’import de produits équitables. J’ai passé beaucoup de temps à trouver des fournisseurs sains, et des clients engagés. J’étais frustrée à chaque fois que le transport au milieu soit si carboné.
J’ai rencontré de nombreux projets de transport à la voile en Atlantique. Personne n’était présent en Méditerranée. Très inspirée par Grain de Sail.
Conseil à donner : focus sur la réalité économique, le marché. Comprendre bien le marché et sécuriser le potentiel avant de lever trop d’argent.
Raphaël Masbou, co-fondateur de Lokki (2019), logiciel pour les loueurs d’équipement.
Au départ j’avais surtout envie de créer avec un ami, Benoit. On a passé 2 semaines ensemble pour tester des idées. Volonté de faire du SaaS BtoB. Logiciel de productivité.
Un voisin loueur de vélo débarque. “Les gars je galère, je dois gérer un logiciel de caisse, un planning Excel, un Google agenda, je ne suis pas visible, je suis tout seul, comment vous pouvez m’aider.” On avait un problème concret, donc on a appelé plein de loueurs de kayaks, vélos, skis, etc. Vraiment un problème ? Beaucoup avaient cet enjeu commun.
Aujourd’hui l’idée n’a pas bougé, mais l’entreprise et l’ambition ont bougé. Société à mission pour démocratiser la location d’équipement, accompagner un nouveau mode de consommation.
À refaire ? Tester tester et en parler, avec des amis, famille, même votre chien. Plus vous en parlerez plus ça sera concret. Et surtout tester avec de potentiels clients.
Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui. Merci de nous avoir lus et écoutés jusqu’au bout.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
On se retrouve vendredi prochain pour creuser un autre thème clef : comment ces 34 entrepreneurs ont trouvé leur cofondateur(trice)…
J’ai deux derniers services à te demander :
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À très vite,
Merci Guillaume ! je suis actuellement en pleine réflexion sur un projet de création et ce genre de ressource est inestimable :)
Merci Guillaume, très inspirant, décomplexant et encourageant !! Ce format est super, bravo.