Et si vieillir devenait un projet ?
Le modèle du grand âge est à réinventer. Il y a des projets incroyables à lancer.
Hello les plongeurs, voilà la newsletter du Plongeoir #82.
En ce mois de mai à trous, le mercredi est le nouveau vendredi ! Alors voilà le Plongeoir en avance :)
Sacrée nouvelle pour commencer : on est déjà 25 000 ici ! On remplirait 12 fois l’Olympia chaque semaine… Mille mercis 💛
Et comme on est nombreux, on a le droit aux sponsors les plus cool. Alors je le dis sans détour, ouvre un compte comme moi à la Nef !
Le partenaire du jour : La Nef, banque éthique.
Le 10 janvier, j’ai publié mon Plongeon portrait sur La banque coopérative Nef.
C’est un des plus gros succès du Plongeoir, j’ai pris une belle claque comme beaucoup d’entre vous.
Pourquoi ?
À la Nef, les projets financés ont tous un impact positif sur la société. Ils ont autant accompagné le lancement de Veja, que la rénovation de collèges ou encore des projets d'agriculture bio partout en France.
Quelle autre banque montre tout ce qu’elle finance ? Chaque projet financé est publié, c’est juste fou.
Je suis moi-même devenu épargnant et sociétaire de la Nef :)
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C’est partiiii
Si tu as 1 minute
La semaine dernière on a plongé dans les défis qui permettraient de redonner de la vie aux années et “Mieux vieillir”. Si tu étais les doigts de pieds en éventail en plein pont du 1er mai, lis-la ici !
Cette semaine on plonge dans l’enjeu fascinant du modèle économique derrière le grand âge, parce qu’il cache beaucoup d’opportunités.
Constat 🧐 : Plus on vieillit, moins on cotise. Et plus on coûte cher. Il y a le coût des retraites, mais aussi de la perte d’autonomie. Mais le truc, c’est que la société vieillit et qu’il y aura de moins en moins de monde pour cotiser. On fait comment ?
Sujet 🤓 : Investissons dans le “bien vieillir” ! Redonner de la vie aux années retarde le passage à l’hôpital ou en EHPAD. De nombreux projets vont naître pour repousser la perte d’autonomie… C’est un impact génial.
Défis 🤝 : De plus en plus de projets mobilisent l’épargne des séniors pour financer leur soutien. Tu peux aussi investir dans l’aide à domicile, ou dans un nouveau modèle d’habitat partagé. Des projets géniaux valorisent le temps et l’expérience des aînés. Tu peux aussi réinventer le bénévolat, avec une nouvelle monnaie ? Fascinant !
Vocaux 📣 : J’ai changé mes questions pour ces vocaux, et j’ai adoré le résultat. Armel (Famileo), Philippe (Chez Daddy) et Guillaume (Alenvi), nous partagent 1 trou dans la raquette pour lancer un projet, et un ingrédient de leur succès. Pépite !
J’ai co-écrit cette newsletter avec Guillaume Desnoës, co-fondateur d’Alenvi. Il vient d’écrire un livre ultra-inspirant avec Thibault et Clément : “Bonjour vieillesse”. Si tu veux croire en l’avenir, achète-le ici !
Merci aussi à l’habituelle Alice Carré-Seemuller, qui m’aide dans l’écriture de ces plongeons.
On plonge ?
Si tu as 10 minutes
Au programme :
Constat : Le modèle économique du grand âge vieillit mal.
Sujet : Repenser le modèle économique de la vieillesse.
Défis : Quels projets lancer ?
Oups, cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le dans ton navigateur 👇
1. Constat 🧐 : Le modèle économique du grand âge vieillit mal.
C’est le sujet chaud du moment.
Je ne vais pas te faire un dessin, il y a de fortes tensions qui pèsent sur le budget de l’État en ce moment. Ce sujet revient chaque semaine sur la table, notamment à cause d’une croissance plus faible que prévu.
Le truc, c’est qu’on dépense chaque année 34 milliards d’euros pour accompagner la perte d’autonomie des personnes âgées. L’État en paie 24 milliards. Et ça n’est pas près de diminuer vu la pyramide des âges et le papy - mamy boom en cours.
Plus on vieillit, moins on cotise. Et plus on coûte cher.
Entre 25 et 55 ans, on contribue un max. Surtout grâce aux cotisations salariales. On cotise en moyenne 20 000 euros par an à 50 ans. Trois fois moins à 70 ans.
Et plus on vieillit, plus on bénéficie d’aides. Une personne de 20 ans touche en moyenne 3 765 euros d’aides sociales. À 70 ans, c’est plus de 28 000 euros. Sept fois plus.
On va célébrer les 85 ans du baby-boom en 2030. On est chaque année plus nombreux à perdre notre autonomie. Et moins nombreux à cotiser.
Le défi de la pyramide d’âge va donc plus loin que celui du financement des retraites. Faisons une petite simulation toute simple :
Si on ne change rien, les dépenses annuelles de protection sociale pourraient augmenter d’environ 102 milliards d’euros entre 2019 et 2040. 87 milliards pour les retraites, 15 milliards pour le reste.
Et nos recettes pourraient baisser de 20 milliards. Donc un solde de -122 milliards d’euros. Une perte équivalente à un quart du budget de l’État… Oups.
Certains disent qu’il faudrait augmenter la dépense publique liée au grand âge de 1,2 % à 1,6 % du PIB, soit + 9,2 milliards d'euros par an. Mais avec quel financement ?
Par contre on n’est pas seuls dans ce bateau percé, c’est encore pire en Espagne ou en Italie.
Mais quel rôle peut jouer l’entrepreneuriat là-dedans ?
Les grands groupes d’EHPAD se sont massivement développés jusqu’à devenir des géants, fragilisés par des scandales à répétition. Certains vivent des difficultés aujourd’hui. Côté public et associatif, la part des EHPAD déficitaires serait passée de 27 % en 2020 à 66 % en 2023.
Quels seront les nouveaux modèles ? Qui prendra soin des personnes âgées, comme des dépenses de l’État ?
2. Sujet 🤓 : Repenser le modèle économique de la vieillesse.
Si je joue l’avocat du diable, je peux vite conclure qu’une société du “Bien vieillir” coûterait trop d’argent. Une auxiliaire de vie moins chronométrée, et donc moins “performante” par exemple, c’est plus cher ?
Et bien non. Ce qui coûte le plus cher à l’État, ça n’est pas la minute d’une auxiliaire de vie. C’est la perte d’autonomie d’une personne.
Les dépenses moyennes pour une personne en perte d’autonomie sont de 22 000 € par an.
Le coût est 3 fois supérieur en établissement (35 000 €) par rapport au domicile (12 000 €).
Sans compter qu’investir dans la prévention de perte d’autonomie évite des coûts ultérieurs d’hospitalisation.
Un gain d’une année d’espérance de vie sans incapacité ferait économiser un montant d’environ 1,5 Md€ à l’assurance maladie.
“Outre le bénéfice individuel et collectif pour les personnes concernées, ces enjeux financiers légitiment pleinement l’intervention publique en matière de prévention de la perte d’autonomie”.
Rapport de la Cour des comptes, novembre 2021
On ne cherche pas du tout ici à mettre un “prix” en face d’une personne qui perd son autonomie. Notre seul objectif est qu’une personne puisse vieillir en gardant le sourire et la patate.
Mais si on comprend quel coût ça représente, on comprend aussi les modèles économiques qui peuvent être développés. L’État a tout à gagner à investir dans le “Mieux vieillir”.
Le partenaire du jour : La Nef
Ils financent environ 500 projets par an, 100 % impact. Filière bio, énergies renouvelables, santé, économie circulaire... J’ai ouvert mon livret il y a 2 mois. Tu nous rejoins ?
3. Défis 🤝 Quels projets lancer ?
Mobiliser l’épargne
Moins on dépend de financements publics, plus le modèle est robuste. Comment faire ?
L’épargne des personnes âgées pourrait être mieux utilisée. Les Français épargnent plus que la moyenne européenne, encore plus depuis le Covid.
Et parmi eux, tadammm : les plus de 70 ans ont le taux d’épargne le plus élevé. 70 % sont propriétaires. Ils dépensent moins que les actifs.
Ça n’est pas sans créer des tensions entre générations cette histoire. Pour caricaturer : les plus âgés ont l’épargne, les jeunes financent leur retraite… En sachant bien qu’ils n’en auront probablement pas 🙃.
Attention, il ne faut clairement pas généraliser, on se parle de moyennes. Il y a trop de personnes âgées dans la précarité. La moitié des seniors est en manque d'épargne, à commencer par les locataires. Heureusement que des assos comme Les petits frères des pauvres luttent contre leur isolement, et que les allocations de solidarités aux personnes âgées existent.
Mais pour les personnes âgées qui peuvent se le permettre, est-ce qu’on ne pourrait pas inventer quelque chose ?
Commençons par deux modèles classiques :
Skarlett prend le sujet en amont en aidant les “jeunes de plus de 60 ans” à anticiper. Objectif ? Investir correctement dès 60 ans pour qu’en 10-15 ans chacun ait de quoi financer sa perte d’autonomie.
Ensuite il existe évidemment le Viager. Plusieurs boîtes essaient de le réeinventer avec une approche plus éthique et dépoussiérée : Neo Viager, le Viager Solidaire.
Certains trouvent que c’est une loterie. Décéder peu de temps après avoir cédé un bien en viager, ça revient un peu à déshériter ses enfants.
Merci Prosper propose à une personne sénior de vendre 10-15 % de son bien immobilier, via un montage sécurisé créé avec des notaires. Ça peut permettre de profiter, de financer la perte d’autonomie, voire de faire des travaux. Vasco propose aussi un modèle proche pour financer la rénovation énergétique par exemple.
Jubilé et Arrago proposent aux personnes âgées de souscrire “un prêt viager hypothécaire”. Pour le comprendre, il suffit d’avoir joué au Monopoly.
Quand tu n’as plus de quoi payer les loyers des hôtels de ton oncle, tu mets ta maison en hypothèque à la banque. Elle te donne une ligne de crédit en prenant ton bien immobilier en garantie. Et bien on peut faire pareil avec une vraie maison après 60 ans.
La banque prête à la personne âgée de l’argent avec un prêt “in fine” qui correspond à un pourcentage de la valeur de sa maison.
Il est remboursé à la revente de la maison, généralement après son décès. Entre-temps la personne a pu financer les dépenses liées à sa perte d’autonomie.
Ces nouveaux modèles sont très présents dans certains pays anglo-saxons comme les UK ou le Canada, qui sont soumis depuis longtemps à une contrainte forte sur le financement public.
Une véritable industrie de services financiers pour personnes âgées en perte d’autonomie existe en Grande Bretagne. Par exemple Advice on Care. Ce qui se développe actuellement en France existe déjà là-bas et ce qui existe là-bas a des chances d’arriver chez nous.
Tout n’est évidemment pas à copier, mais il faut creuser !
Investir dans l’aide à domicile
Il peut être intéressant de creuser les enjeux de l’aide à domicile…
D’abord parce que c’est génial de pouvoir vieillir plus longtemps chez soi.
Ensuite parce qu’il y a un business model long terme :
Elle “rapporterait au moins 1,5 milliard d'euros par an" à la collectivité. En évitant des séjours plus coûteux en EHPAD ou à l’hôpital.
Et il faut ajouter à ça que l’aide à domicile libère des “aidants familiaux” qui peuvent retrouver un travail, et cotiser pour leurs aînés. Et ça, c’est aussi 1,6 milliard d’euros par an.
Et puis je ne vais pas te refaire la newsletter de la semaine dernière, mais il faut absolument prendre soin des auxiliaires de vie. L’enjeu numéro 1 du secteur est l’attractivité du métier…
Avec un management décentralisé et de confiance, on peut changer la donne. Si ce sujet t’inspire, analyse ce que fait Alenvi, et lis tout ce qu’ils ont publié via leur boîte de formation Compani.
Tu peux aussi créer des maisons “colocs” de séniors, ou intergénérationnelles. C’est bien plus sexy pour les personnes âgées que la résidence sénior, et ça apporte beaucoup en termes de lien social et d’autonomie. C’est aussi un super cadre potentiel pour les auxiliaires de vie.
Philippe (Chez Daddy) et Armel (Famileo) en parlent dans leur vocal en bas.
Valoriser l’histoire et l’expérience des personnes âgées
On n’a pas assez le réflexe de voir nos aînés sous le prisme de leurs capacités. Pourtant ils peuvent être des passeurs de connaissances et d’expérience exceptionnels.
Certains projets géniaux captent parfaitement ça. On adore ce que font Julia et Clément par exemple :
Leur média Oldyssey est canon et met un coup de jeune à la vieillesse. Ils racontent avec humour les histoires extraordinaires de nos aînés, et les montrent en “passeurs de connaissances”.
Leur plateforme ShareAmi permet à des personnes âgées partout dans le monde d’échanger bénévolement en visio avec des jeunes qui apprennent leur langue. Le jeune apprend la langue, la personne âgée se sent profondément utile. Chacun sort de sa bulle…
Et tu sais quoi ? Ils deviennent amis ;) 2 400 duos ont déjà été créés, 75 % disent avoir créé une vraie relation d'amitié. Le plus vieux binôme échange chaque semaine depuis 4 ans !
Les aînés sont des ressources incroyables de savoirs faire et de savoirs, et ils sont prêts à les transmettre bénévolement pour garder la forme. À toi de creuser ce qu’ils peuvent transmettre, à qui, et créer le bon modèle pour les mettre en lien ?
Côté savoirs il y a aussi “Nos mémoires vives” qui recueille la parole (sonore) des aînés. Pareil pour Passerelle de mémoire en version vidéo (avec notamment un focus sur la mémoire des territoires).
Réinventer le bénévolat
C’est une idée de Guillaume Desnoës, qu’il explique super bien dans son vocal juste en dessous. J’adore :)
On voit bien que l’emploi salarié ne sera pas suffisant. Les tensions pour mieux rémunérer les professionnels sont fortes. Les besoins d’accompagnement de personnes âgées augmentent. Le modèle économique est délicat pour l’État.
Au Japon, il existe une monnaie complémentaire pour le soutien aux personnes âgées. Si tu donnes une heure pour aider une personne âgée dans ta rue, tu crédites des points. Avec ces points, tu peux acheter du service pour tes parents ou grands parents à l’autre bout du pays.
En Suisse, il existe un modèle proche : des banques de temps.
Et si on repensait le modèle d’accompagnement de nos ainés grâce à un bénévolat réinventé ?
4. Vocaux 📣
J’ai demandé à 3 entrepreneurs du grand âge :
Un trou dans la raquette, un projet à lancer ?
Un ingrédient du succès à partager ?
C’est magique tu vas voir !
Armel de Lesquen, co-fondateur de Famileo
Un trou dans la raquette ?
L’intergénérationnel ! Crée par exemple une boîte ou une asso qui achète des maisons, et qui loue des chambres pour 50 % à des jeunes pros, et 50 % à des retraités qui hésitent à aller en résidence sénior.
Il faut évidemment un soutien, des auxiliaires de vie. Mais il y aurait ce lien presque familial entre ces jeunes pros et ces personnes âgées.
Un ingrédient ?
Tout vient du terrain. On a énormément rencontré de pros du grand âge. C’est eux qui ont construit Famileo.
Philippe Albanel, fondateur Chez Daddy
Un trou dans la raquette ?
L’habitat : résidences séniors, EHPAD : c’est un secteur à bout de souffle. On y va vraiment au dernier moment. Comment motiver des personnes encore autonomes, jeunes retraitées ? Qu’ils puissent avoir envie d’y aller, pour vieillir dans un cadre où elles se sentent utiles, connectées, et où c’est adapté au vieillissement ?
Vivre ensemble : mélanger les générations et les milieux sociaux.
Un ingrédient ?
Tester et expérimenter : les personnes âgées n’ont pas les mêmes canaux de communication que nous, donc c’est encore plus important de tout co-construire avec elles.
Guillaume Desnoës, cofondateur d’Alenvi, Compani, et Biens Communs
Un trou dans la raquette ?
Il faut valoriser le bénévolat. L’emploi salarié ne sera pas suffisant. Il faut le repenser pour accélérer. Une monnaie complémentaire comme au Japon ? Une banque de temps comme en Suisse ?
Un ingrédient ?
Regarder à l’étranger. Accompagner les personnes âgées est universel mais les circonstances sont différentes. Le Japon est en avance du point de vue vieillissement, donc à creuser. Les pays anglo saxons sont en avance sur l’utilisation de l’épargne privée. L’Allemagne est en avance sur l’habitat partagé. Les pays du Sud ont un rapport à la vieillesse moins tabou. Il faut sortir de notre vision trop centrée sur la France !
🙏 Énorme merci à Guillaume Desnoës, et à Alice pour la coécriture.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
J’ai deux derniers services à te demander :
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À très vite,
Une ancienne collègue a créé une maison partagée près de Lille : https://www.villa-nouvelle.fr/
Je trouve cette idée géniale !
Bonjour
Excellent sujet , j’ai bien aimé 👍
Merci