Hello les plongeurs, voilà la newsletter du Plongeoir #77.
Aujourd’hui on se prend un boost d'optimisme. Tout est possible pour réinventer notre approche de la mer. On y va !
C’est tellement possible que le partenaire du jour est justement une solution que j’ai découverte cette semaine. Qui en plus de pouvoir être utile aux océans est utile aux agriculteurs… Invers !
Le partenaire du jour : INVERS
On connaît le problème : la farine de poissons qui sert d’alimentation dans l’aquaculture abîme énormément les océans.
INVERS a créé un modèle génial d’alimentation animale à base d’insectes.
Pourquoi je trouve ça intéressant :
Leur modèle agricole est canon : les insectes sont produits chez des agriculteurs Français qui se diversifient. C’est une activité non dépendante du climat, et circulaire. Les insectes se nourrissent des coproduits du blé local, et les déjections d’insectes deviennent d’excellents fertilisants.
Ils passent à l’échelle : leurs protéines sont performantes et leur modèle est profitable. Ils vont donc ouvrir une quinzaine de fermes en 3 ans ;)
Pragmatisme : pour avoir les moyens de financer leurs recherches sans trop lever de fonds, ils ont développé une gamme pour chiens, chats, et oiseaux. Malin !
Allez, on les soutient ?
Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
Rejoindre la communauté Plouf pour rencontrer ton associé.e.
Te préinscrire à notre nouvel évènement Parés à virer, les 24 et 25 septembre à La Trinité sur mer.
Lire les précédentes newsletters du Plongeoir.
Allez go !
Si tu as 30 secondes
Défis et idées de projets 🤝 : Il faut faire évoluer notre consommation de poissons, mais aussi aider les pêcheurs à s’installer, se financer, s’équiper. On peut réorienter la valeur vers des poissons ordinaires, et mieux les valoriser. La restauration a un énorme rôle à jouer. Je te propose plein d’idées de projets à creuser ici si tu veux plonger :)
Action 🖐️ : On peut aller plus loin et chercher à régénérer les écosystèmes marins. Et évidemment il faut réguler, comme le suggèrent beaucoup d’ONG.
Vocaux 📣 : J’ai fait évoluer cette partie, donne-moi ton feedback please ;) J’ai beaucoup plus décrit les vocaux à l’écrit. C’est tellement de valeur ! Antoine Hubert (Ynsect), Charles Guirriec (Poiscaille), et Tristan Macquet (Le Paysan Marin) nous régalent.
Ressources 📚 : les médias et associations pour creuser plus.
J’ai co-écrit cette newsletter avec Marina Yakovlev, créatrice de la newsletter Destination 2030, qui décortique chaque mois une facette de notre empreinte écologique et donne des leviers d’actions individuels et collectifs pour la réduire. Elle accompagne également les entreprises dans leur transition écologique à travers du conseil et des ateliers d’intelligence collective.
Merci aussi à l’habituelle Alice Carré-Seemuller, qui m’aide dans l’écriture de ces plongeons.
On plonge ?
Communauté 🙏 : merci les amis.
Rien à voir avec la pêche, mais petit fierté. On est déjà 25 000 abonnés ici, et certains d’entre vous lancent des projets ensemble via la communauté Plouf. C’est tellement génial de recevoir ce type d’email :
On a pensé à Pauline et toi aujourd’hui depuis le salon BePositive de Lyon - grande messe du solaire. On était 7 alumnis Plouf : Philippe (mylight150), Paul et Christophe (Voltare), Simon et Thomas (Solday) Mais aussi Laurent (EnerSchool) et Antoine (Solerra) qui ne pouvaient pas être sur la photo !
On s’est tous rencontrés grâce à Plouf. Bravo et merci !!
Yes, faites exploser l’énergie solaire avec ces sourires ! Si tu veux lancer ton projet, rejoins Plouf :)
Ps : il y a 35% de femmes chez Plouf, vs 10% de fondatrices en moyenne en France, mais elles n’étaient pas à Lyon visiblement !
Si tu as 5 minutes
Au programme :
Défis et idées de projets : plus qu’à construire !
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1. Défis et idées de projets 🤝
Si tu as loupé le dernier plongeon
La semaine dernière, on a fait le tour des enjeux d’actualité autour de la pêche dans la newsletter. Si tu ne l’as pas lue, lis-la ici.
Le volume pêché a fait X5 en 70 ans. Les bateaux sont de plus en plus gros, et de plus en plus violents pour la biodiversité et le climat.
Tout le monde en parle en ce moment. Le sommet SOS Océans vient de se terminer en présence d’Emmanuel Macron, et de nombreux scientifiques et ONG. Il a annoncé 8 objectifs pour protéger nos océans, et les 2 premiers sont liés à la lutte contre la surpêche.
Alors on s’y met ?
Transformer les habitudes alimentaires
Comme pour tous les sujets d'alimentation, tout commence dans l’assiette. Si on veut transformer la santé de nos océans, il faut changer notre consommation.
Aujourd’hui le poisson a meilleure presse que la viande. Mais on voit bien que ça n’est pas si rose, et il va se passer beaucoup de choses sur ce secteur dans les années à venir. C’est le moment pour des pionniers de se lancer ;)
Comme souvent, il faut à la fois réduire, et faire évoluer notre consommation.
Réduire :
Les Français sont les 3e plus gros consommateurs de saumon par habitant au monde. Le sushi devant Koh-Lanta est dur à remplacer.
Bon évidemment on peut réduire purement et simplement, nous mangeons trop de protéines animales en France. Mais pour accompagner le changement de beaux projets peuvent naître :
Et si tu te lançais dans le sushi végétal ? Des restos de sushis végétariens se développent, notamment à Paris.
OLALA!, WOOP4 ou Odontella développent le “poisson végétal”.
Revo Foods utilise des mycoproteines pour créer des alternatives au poisson. BlueNalu et Umami Bioworks travaillent de leur côté sur le poisson cellulaire. Le mieux est clairement de réduire, mais c’est certain que ces innovations laissent les océans tranquilles.
L’offre est aujourd’hui très à la traîne parmi les alternatives aux protéines animales par rapport à la viande et aux produits laitiers. Mais c’est un sujet qui monte et qui devrait grandir chaque année…
Faire évoluer la consommation :
Aiguiller la consommation vers du poisson pêché durablement est souvent compliqué.
De belles initiatives aident :
Poiscaille est un exemple génial. Ils proposent du poisson en circuit court. C’est la version marine du panier de légumes. Il faut les soutenir, parce que ce modèle n’est pas simple à pérenniser. Allez on commande tous !
Un réflexe à prendre : systématiquement regarder l’origine du poisson. En fonction de la mer dans laquelle il a été pêché, la situation d’une population de poisson n’est pas la même. C’est le cas du hareng : il se situe sous le seuil critique de durabilité dans l’Atlantique nord-est et l’océan Arctique, alors que sa population est considérée en bon état en mer du Nord et dans l’est de la Manche. Le consoguide du WWF et l’application Ethic Ocean aiguillent les consommateurs, mais le mieux est encore de demander au poissonnier :)
Même si l’aquaculture locale utilise toujours trop de farines de poissons, Lisaqua cherche à innover. Ils utilisent 20% moins d’aliments, et de la “permaquaculture”. Agriloops utilise l’aquaponie, et les déjections des gambas fertilisent des légumes.
Pour faire évoluer la consommation, c’est important de comprendre ça :
Le poisson n’est pas toujours bon pour la santé : consommation d’antibiotiques, présence de mercure, pollution aux microplastiques… Il y a parfois du poison dans le poisson.
Beaucoup mangent du poisson car c’est plein d’oméga 3. Mais l’oméga 3 est dans le poisson parce qu’il consomme des algues.
Manger des poissons herbivores comme les gardons, omnivores comme la carpe, ou bien directement des algues, apporte donc autant d’oméga 3 qu’un poisson carnivore. Et c’est bieeeeen mieux pour nos océans.
Pourquoi ne pas créer un restaurant de sushis ou de poissons mettant à l’honneur uniquement des poissons herbivores comme les gardons ? Charles (cofondateur de Poiscaille) en parle dans son vocal en bas de la newsletter.
Et pourquoi ne pas créer un projet qui valorise les algues pour plus d’Omega 3 ? Des poissons panés à base d’algues, l’équivalent de La Vie pour les produits de la mer ?
On avait fait un plongeon dédié aux algues, il est ici. De belles boîtes se développent, comme Zalg.
Un des défis est d’apprendre à cuisiner les algues, ce que propose l’association Blutopia.
Les entreprises et les collectivités ont un gros rôle à jouer.
Est-ce que les entreprises ne pourraient pas utiliser la restauration collective pour concrétiser leurs engagements RSE et soutenir la pêche artisanale ?
Est-ce que les collectivités ne pourraient pas faire de même dans les cantines ?
Il y a peut-être une boîte à lancer ici, pour accompagner les entreprises et collectivités dans la transformation des océans par leurs actions. Pareil pour le végétal avec l’agroécologie ;) Cf article Végécantines. Sur un autre secteur, Hari&Co a misé sur la restauration collective pour lancer son offre en légumineuses avant de se lancer dans la grande conso.
Accompagner les pêcheurs, “sentinelles de la mer”
Il ne faut pas stigmatiser les pêcheurs. Beaucoup s’engagent pour transformer le secteur et il faut les accompagner. D’ailleurs la grande majorité est tout simplement victime du pillage des poissons par d’énormes chalutiers.
Il faut valoriser les pêcheurs comme des “sentinelles de la mer” voulues par le Grenelle de la mer plutôt que de les considérer comme des “pilleurs de la mer”. C’est par exemple le cas des pêcheurs à la ligne en Bretagne.
Déjà, on peut aider plus de pêcheurs durables à s’installer :
Il faut éviter l’accaparement des quotas de pêche par la pêche industrielle lors d’un départ en retraite.
C’est ce que propose la foncière Mer de Liens, inspirée de sa grande sœur terrestre Terre de Liens. Et de Feve et Hectarea dont on a souvent parlé.
Est-ce qu’il n’y aurait pas un modèle intéressant à construire ici pour financer le développement de la pêche durable par l’épargne ? L’ONG Paysan Marin s’y penche, et Charles (Poiscaille) en parle dans son vocal en bas de la news.
On peut les aider à créer des communautés ?
Il y a une spécificité à la pêche qu’on ne retrouve pas forcément en agriculture : la ressource est commune.
Imagine un pêcheur qui a un bateau de 140m et qui pêche 300 tonnes en une journée : c’est autant qui ne sera pas pêché par le pêcheur artisanal voisin. Cette notion de ressource commune crée une compétition sans merci et exponentielle.
Une étude sur 21 pêcheries dans 14 pays montre que quand les pêcheurs se rassemblent en collectif, la coopération améliore les résultats des pêches. Comment pourrait-on faire pour créer plus de collectif dans cette industrie ?
On peut les aider dans leur consommation de carburant :
On peut accompagner la décarbonation des bateaux de pêche en réduisant et « verdissant » le carburant. Avec une moyenne de 0.5l par kg de poisson pêché, la consommation de carburant est non seulement un enjeu environnemental mais aussi de rentabilité économique pour les professionnels de la pêche, et donc un enjeu de résilience de la filière face aux évolutions des coûts.
Différents projets sont à l’étude pour diminuer la consommation de carburant : optimisation des engins de pêche, alternatives énergétiques au gazole (huile végétale, valorisation des coproduits de la pêche, production de micro-algues…), amélioration de l’hydrodynamisme des coques de bateaux, sensibilisation des pêcheurs à une conduite sobre…
La sobriété peut aussi concerner les équipements de pêche : réduire l'utilisation de plastiques dans le secteur des pêcheries, réutiliser et recycler les filets…
Le projet Indigo développe des filets de pêche biodégradables.
Fil et fab a créé un écosystème breton pour récupérer, recycler et revaloriser les filets de pêches usagés en différents équipements en polyamide Nylo® : dérives de planches de surf, montures de lunette, montres… Cette entreprise participe plus largement à la nouvelle filière de recyclage des filets de pêche usagés, lancée en 2023. Elle anticipe la loi AGEC qui prévoit la récupération des filets de pêche en fin de vie à partir de 2025.
Peut-être réfléchir à d’autres produits qui pourraient être développés à base d'équipements de pêche en fin de vie ?
Réorienter la création de valeur
Pour réduire la pression sur les océans, il faut rendre de nouveau cool certaines espèces oubliées.
La chambre de commerce et d’industrie (CCI) Ouest Normandie met en valeur les poissons “oubliés” : tacaud, congre, roussette, raie. Ils représentent 40% de la pêche normande, et la CCI forme des futurs chefs à l’utilisation de ces poissons.
L’enjeu est de compenser le faible potentiel de ces poissons par une utilisation inédite. L’asso des Pêcheurs de Bretagne a créé une campagne de comm orientée sur la pêche responsable : #AFishMoi, pour mettre ces poissons à l’honneur.
On peut développer un modèle éco sur la base de ressources dites “ordinaires”, souvent délaissées par la pêche industrielle. Certains poissons sont jugés peu créateurs de valeur donc assez dispos : vieille, carrelet...
Je trouve que c’est une belle opportunité pour montrer que poisson durable ne veut pas obligatoirement dire poisson cher.
Est-ce qu’on ne pourrait pas créer un modèle de conserverie ou de transformation de ces poissons ordinaires, pour un impact social et environnemental optimisé ? Du poisson durable à un prix accessible ? Avec un goût exceptionnel, car mieux cuisiné ?
Le partenaire du jour : Invers
INVERS a créé un modèle génial d’alimentation animale à base d’insectes. Une super solution pour l’aquaculture ;)
Allez, on les soutient ?
Si tu as 10 minutes de plus
Si tu as 10 minutes de plus, je te propose :
2. Action : Régénérer et soutenir la pêche durable. Avec plein d’inspirations canons !
3. Vocaux : Enorme de dose d’énergie ici, et 15min de conseils concrêts et passionnants de 3 experts : Antoine Hubert (Ynsect), Charles Guirriec (Poiscaille), et Tristan Macquet (Le Paysan Marin).
4. Ressources clefs : Pour aller plus loin !
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2. Action 🖐️ : Régénérer et soutenir la pêche durable
Régénérer
Au-delà de limiter la casse, on peut aussi réparer ce que la pêche a détruit.
Par contre attention ici, il faut activer le radar à greenwashing :) Certains projets sont de fausses bonnes idées, comme ces saumons prétendument “sauvages” et en fait exploités en Alaska.
Voilà quelques projets :
Le saumon avait quasi disparu dans l’Orne pendant près d’un siècle, après la construction de plusieurs barrages, et avec la pollution industrielle de l’estuaire. Il y prospère de nouveau, grâce aux travaux de restauration des collectivités locales.
Ecocean : ils ont mis en place 2 solutions complémentaires pour “repeupler la mer”.
Les poissons peuvent régénérer les coraux… et réciproquement ! La startup néerlandaise RoffaReefs a conçu un système d’élevage flottant de larves de poissons marins pour aider les récifs coralliens à se rétablir… et en retour augmenter la réserve de nourriture pour les poissons (gobies, demoiselles, poissons papillons ou perroquets). C’est aussi la mission de Coral Guardian, qui met notamment en lumière le rôle des rejets d’urine des poissons dans la préservation des coraux.
La régénération s’applique aux espèces, mais aussi aux modèles entrepreneuriaux :
Plutôt que de délocaliser notre production de produits de la mer au Moyen-Orient, pourquoi ne pas relocaliser une production plus durable ? En aquaculture, le Paysan Marin veut mettre en place des pratiques régénératrices pour créer un tissu entrepreneurial local de “Perma-côte”.
Plus globalement pour les entreprises de tous secteurs, la préservation des océans peut être le cœur de la bascule vers un modèle régénératif, comme le propose le nouveau parcours Océan de la Convention des entreprises pour le Climat.
Soutenir la pêche durable en régulant
Pour promouvoir la pêche “durable”, il faut d’abord se mettre d’accord sur ce que c’est.
Un groupe de 30 experts des océans a récemment proposé 11 règles d’or pour redéfinir le concept de “pêche durable”, et donc lutter contre la surpêche et protéger l’océan :
Pêcher moins et minimiser l’impact de la pêche
Interdire les méthodes de pêche destructrices
Limiter la taille des bateaux de pêche
S’approvisionner auprès de pêcheries bien gérées
Protéger activement les écosystèmes
Protéger pleinement les espèces et les habitats vulnérables
Protéger les droits et les moyens de subsistance des humains
Assurer une gestion équitable et transparente de la pêche
Harmoniser les bonnes pratiques des entreprises
Mettre fin aux subventions néfastes
Strictement bannir la pêche illégale
Sous réserve qu’elle soit respectée, la réglementation a fait ses preuves pour préserver certaines espèces :
Des quotas de pêche ont permis de sortir certaines variétés de thon des listes des espèces menacées. La population orientale de thons rouges d’Atlantique s’est reconstituée : +22% au cours des 40 dernières années.
Pour lutter contre les captures accidentelles, l’interdiction de la pêche durant certaines périodes a également un résultat efficace. Par exemple pour les dauphins dans le Golfe de Gascogne.
Les mesures de soutien et de régulation ont souvent comme origine l’interpellation des décideurs par les citoyens :
Seastemik lutte contre l’élevage de saumon.
La coalition citoyenne pour la protection de l’océan milite contre toutes les menaces qui pèsent sur la biodiversité marine.
Côté aquaculture, l’abandon de projets de fermes de saumons dans les Côtes-d'Armor et en Belgique résulte de la pression citoyenne. Laquelle peut en retour mobiliser le personnel politique : à la suite de l'abandon du projet de ferme-usine à saumons de Plouisy dans les Côtes d’Armor, des députés de tous bords ont déposé le 18 mars une proposition de loi pour un moratoire de dix ans sur les fermes-usines à saumons.
3. Vocaux 📣
Antoine Hubert, cofondateur d’Ynsect (pionnier de l’élevage d’insectes), d’Agriloops (Gambas en aquaponie), et des viviers du Moulin de Langeais.
En théorie, l’aquaculture pourrait être l’élevage le plus durable, car le plus efficace.
Le Feed Conversion Ratio (FCR), c’est-à-dire la quantité d’aliments nécessaire pour produire une tonne d’animal, est presque de 1:1 pour le poisson.
Volaille : plus de 2 tonnes d’aliments pour 1 tonne de produit. Porc : plus de 3 tonnes. Ruminants : entre 7 et 10 tonnes selon l’espèce.
Mais l’aquaculture actuelle repose trop souvent sur la surpêche et la déforestation due à la production de soja.
Trois grandes pistes pour améliorer la durabilité de l’aquaculture :
Favoriser les espèces herbivores : carpes par exemple.
Le problème est l’odeur mais aussi le goût spécifique (poissons de vase). Et donc la difficulté pour les cuisiner.
Le défi : rendre ces poissons plus attractifs, par exemple via les chefs. Charles Braine propose des recettes et idées.
Changer l’alimentation des poissons carnivores (saumon, bar, dorade, truite, crevette):
Les protéines d’insectes et les huiles de micro-algues sont des alternatives très pertinentes.
Problème actuel : leur coût est encore trop élevé. Il y a 4-5 ans, ces solutions étaient compétitives, mais le Covid et la guerre en Ukraine ont changé la donne.
Ces solutions demandent encore du temps et de l’investissement pour devenir accessibles à grande échelle.
Produire le plus local possible :
Exemple AMP Saumon de France, dirigé par Pascal Goumain. Production en Normandie, aquaponie pour les juvéniles, croissance en mer.
Exemple pour les crevettes : Agriloops. Production en Bretagne en aquaponie. Les déjections des crevettes fertilisent des plantes (tomates, salades...).
Charles Guirriec, cofondateur de Poiscaille, la version marine du panier de légumes en circuit court.
Premier conseil : se faire embaucher en tant qu’observateur des pêches.
Permet d’embarquer sur les bateaux et de passer du temps sur le terrain pour mieux comprendre le secteur.
Rythme intéressant pour ceux qui souhaitent lancer un projet en parallèle :
Embarquements de 5 à 10 jours par mois.
Laisse beaucoup de temps à terre pour développer son projet.
La filière pêche est complexe et difficile à appréhender.
Variabilité des approvisionnements, achats, logistique. Informations souvent non transparentes ou peu accessibles.
Exemple de Poiscaille :
Il a fallu 4 à 5 ans pour comprendre les principaux aléas du secteur. Et encore aujourd’hui, tout n’est pas maîtrisé.
Beaucoup de projets s’arrêtent à cause des aléas : pas de poisson, mauvaises conditions météo, pêche arrêtée… Il faut une vraie détermination pour s’accrocher dans la durée.
Idées de projet 1 : financer des bateaux plus vertueux.
Aujourd’hui ce sont souvent des capitaux étrangers qui rachètent les flottes et industrialisent la pêche.
Financer des bateaux français artisanaux est un acte de résistance. Prévoir 500 000 à 1 million d’euros pour acheter et transformer un bateau de 12 à 15 mètres.
Idée de projet 2 : créer un Big Mamma du poisson durable.
Un groupe de restaurants spécialisés dans le poisson durable permettrait d'acheter en volume.
Soutenir les pêcheurs vertueux avec des débouchés stables par la restauration serait très pertinent.
Attention aux fausses bonnes idées :
Exemples : projets qui vendent du saumon "sans antibiotiques", de la truite bio "engagée", etc. Même bio, ces produits participent à la surpêche, “ce n’est pas de la pêche durable”.
Conseil assumé : contactez Poiscaille si vous vous lancez dans un projet lié à la pêche durable. Aussi l’association Pleine Mer.
Tristan Macquet, cofondateur de Paysan Marin, ONG d'aquaculture régénérative qui veut accompagner la transmission en aquaculture durable.
Il n’y a pas « une » pêche ou « une » aquaculture :
Exemple de la pêche d’algues :
Sur les 70 000 tonnes d’algues récoltées actuellement, seules 350 à 500 tonnes sont cultivées.
Le reste est prélevé à pied sur l’estran ou en bateau, ce qui constitue une forme de pêche.
Côté aquaculture, on parle souvent du saumon :
Pourtant, en France, la production de saumon est inférieure à 500 tonnes.
En comparaison, on produit 80 000 tonnes d’huîtres par an.
L’aquaculture française est largement dominée par les moules et huîtres, représentant 70 % de la production et du chiffre d’affaires.
On devrait s’inspirer de ce qui a été fait avec la coquille Saint-Jacques :
La population avait fortement décliné. Des efforts conjoints des pêcheurs, chercheurs et autres acteurs ont permis de laisser certaines zones en jachère, réduire et contrôler la pêche, réensemencer à partir d’écloseries.
Résultat : restauration efficace des stocks sans élevage de coquilles, mais en soutenant le développement naturel.
Certaines pratiques sont innovantes :
Exemple d’Urchinomics (Japon, Norvège) : pêche en plongée des oursins, sélective et douce. Retirer les oursins permet de préserver les forêts de kelp, considérées comme des puits de carbone. Le carbone équilibre leur modèle éco.
En Bretagne, un projet a pour objectif de régénérer les fonds marins entre l’île de Houat et l’île de Hoedic.
L’objectif est de reconstruire des récifs d’huîtres plates, créer une ceinture bleue.
Les fonds marins autour de ces îles ont été détruits par le chalutage de fonds. Un nouveau modèle de pêche d’huîtres par plongée pourrait se développer.
Thomas Millard a une approche circulaire passionnante sur la Ferme des Quatre Marais (Île de Ré). Les déchets d’une espèce nourrissent l’espèce suivante.
4. Ressources 📚
Si tu veux te faire plaisir pour aller un cran plus loin, je te dirais de lire la super BD de Maxime et Olivier, “On a mangé la mer”.
Mais évidemment il faut aller plus loin que ça, alors on t’a préparé une liste de ressources sur ce doc. Fais-nous tes suggestions, propose des ajouts, il est conçu pour être co-écrit avec vous :)
Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui. Merci de nous avoir lus jusqu’au bout.
🙏 Énorme merci à Marina et Alice pour la coécriture.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like / commentaire avec ton ressenti :)
Si tu as trouvé cette newsletter utile, partage-la. C’est uniquement comme ça que ce projet grandit.
Et si ça t'a donné envie de te lancer, rejoins la communauté Plouf, pour te connecter, challenger et rencontrer ta/ton associé.e !
À très vite,
Bravo Guillaume et tous les contributeurs pour cette newsletter passionnante et inspirante ! Je suis Le Plongeoir depuis que le co-fondateur de BlueMove, Thomas Binet (BlueSeeds, Vertigo Lab...), a fait un vocal pour une des éditions - bref, cela fait un moment déjà ! Cette fois, tu touches au cœur du secteur dans lequel je travaille, et tout ce qui est écrit est très juste - même si c'est toujours un peu un raccourci d'opposer les gros bateaux aux petits.
Chez BlueMove, nous travaillons sur la "règle d'or 10. Mettre fin aux subventions néfastes". Trop souvent, la transition vers des pratiques plus durables est freinée par un manque de moyens financiers et d’accompagnement, alors que l'argent est là ! Il va juste au mauvais endroit.
Nous développons des solutions d'appui technique et financier adaptées aux réalités locales, comme des mécanismes de préfinancement de subventions européennes, pour les pêcheurs côtiers. Actifs en Croatie, à Chypre, en Grèce et au Portugal - peut-être un jour en France ?
En tout cas, merci pour cette mise en lumière des initiatives positives dans le secteur ! Hâte d’échanger avec celles et ceux qui partagent cette vision d’une pêche durable et équitable.
Bravo pour ce panorama complet sur le sujet, les initiatives de permaculture en aquaponie se multiplie comme avec La Ferme Intégrale (https://ferme-integrale.org/) vers Valence, le projet est proche de celui d’Agriloops mais utilise des Sandres plutôt que des crevettes.