Participer au futur de l'agriculture (2/2)
L'agriculture régénératrice est une nécessité. Inspirations, idées de boites à lancer, jobs, conseils d'entrepreneurs qui ont déjà plongé. Feu !
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #23. On est 9600, merci !
Vous êtes déjà 15 000 à avoir lu le 1er épisode sur l’agriculture régénératrice. Si tu ne l’as pas lu, plonge ici avant de lire ce deuxième volet. Sinon, tu seras trop à labour.
Ce plongeon est propulsé par le startup studio Imagination Machine.
Ils lancent un projet autour de l’agriculture régénératrice, et ils cherchent un(e) cofondateur(trice) pour rejoindre David Pineau, un ingé génial déjà à fond. Si tu veux créer ta boite pour accélérer la transition agricole, mais que tu ne te sens pas de le faire seul, c’est une opportunité en or. Si tu es intéressé, ça se passe ici.
Si ce n’est pas déjà fait tu peux aussi :
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C’est partiiii
Si tu as 30 secondes
Inspirations 👏 : La chaîne de valeur de l’agriculture régénératrice est super diverse, des agriculteurs aux investisseurs, en passant par la formation et le développement de technos. Bref jette un œil plus bas, c’est magnifique de voir cette foule d'esprits motivés s’attaquer à nos assiettes.
Jobs ☝️ : une dizaine d’offres de jobs pour plonger dans l’agriculture régénératrice : direction financière, technique, produit, ou commerciale : de quoi passer à l’action.
Idées de boites 💥 : Et si on créait une communauté d’agriculteurs en transition, pour resserrer les liens entre eux ? On pourrait aussi repenser le modèle de la coopérative, pour qu’il soit aligné avec l’enjeu de baisse des intrants. Il faudrait développer une marque auprès des consommateurs qui éduque sur l’agriculture régénératrice : pourquoi pas un modèle de type “1% pour l’agriculture ?”. Pour finir il y a certainement de la place pour lancer une franchise de fermes en bio régénératif.
Vocaux 📣 : On est gâtés cette semaine. Christian (Omie), Thomas (Azollae), Etienne (Milpa) et Chuck (Soil Capital) nous expliquent comment accélérer la transition agricole. J’ai adoré écouter leurs ressentis, j’espère que ça te plaira aussi.
Ca donne envie de plonger non ?
Si tu as 13 minutes
Au programme :
Rappel : potentiel de l’Agriculture Régénératrice (newsletter précédente).
Inspirations : qui s’engage dans cette transition ?
Jobs : ils recrutent.
Idées de boites : on plonge ?
Vocaux : conseils d’entrepreneurs.
Allez go
Cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le directement dans ton navigateur ici 👇
1. Rappel 🧐 : potentiel de l’Agriculture Régénératrice (AR)
Résumé de la newsletter précédente, premier épisode sur l’AR :
40% des sols sont épuisés dans le monde, alors que le revenu moyen par agriculteur a baissé de 40% en 30 ans.
L'agriculture régénératrice vise à régénérer les biens communs (sols, eau, air, biodiversité) tout en augmentant le revenu des agriculteurs.
En termes de pratiques, les 3 premiers leviers sont la réduction du travail du sol, la couverture des sols tout au long de l’année, et la diversité des espèces cultivées. L’objectif ultime est l’agriculture bio régénérative, qui se passe d’intrants chimiques.
Pour que l’agriculture régénératrice se déploie, il va falloir dépasser des freins sociologiques : la plupart des agriculteurs qui s’engagent sont montrés du doigt. Il faut prioriser les revenus des agriculteurs, et financer leur transition. Et puis évidemment il faut surveiller le greenwashing comme le lait sur le feu.
2. Inspirations 👏 : qui s’engage dans cette transition ?
La chaîne de valeur de l’agriculture régénératrice est super diverse. Comme on dit dans le jargon agricole, c’est parti pour un tour de plaine.
Production
La transition se fera dans les fermes, pas dans des bureaux. Les agriculteurs qui changent leurs pratiques se multiplient, même s’ils sont encore peu en bio régénératif (environ 2% des agriculteurs français). Certains producteurs sont devenus des puits de science tant ils réussissent à obtenir d’excellents rendements, sans chimie ni travail du sol.
Milpa (2022): trois agriculteurs en bio régénératif qui ont progressivement produit pour leurs voisins, puis se sont étendus dans d’autres régions (aujourd’hui 2500 ha). Ils promettent une garantie de revenu à l’agriculteur et réalisent leur transition du conventionnel au bio régénératif. Cf mon post Linkedin.
Greenpods (2021, 5M€) : Boris Spassky et Martin d’Archambaud veulent convertir des milliers d’hectares à l’agriculture régénératrice bio, notamment en relocalisant la production d’amandes en France. Cf mon post Linkedin.
Amandera est un autre projet de relocalisation de la production d’amandes bio en agroécologie.
Pom’Evasion : groupement de 11 producteurs de pommes sur 1000 hectares en agroécologie. Bel exemple de mix entre volume produit et écologie.
Alexis Munoz : développement de la filière huile d’olive régénératrice.
Vivescia est une coopérative céréalière du nord est de la France, qui accompagne 200 agriculteurs vers le régénératif, et vise 1000 agriculteurs en 2026. Cool de voir une grosse coopérative s’engager.
Formation et accompagnement
L’agronomie est passionnante mais complexe. L’agriculture régénératrice nécessite de de s’adapter à chaque ferme, il n’existe pas de règle universelle. Des assos et des boîtes forment et accompagnent les producteurs, merci à eux !
AgroLeague (2017) : startup rassemblant plus de 1000 agriculteurs pour les former, grâce à des services agronomiques personnalisés.
Cultive (2022, 500k€ levés): formation en maraîchage bio intensif. Le programme est de 4 mois de cours pour maîtriser toute la boite à outils du modèle Cultive, puis 8 mois de pratique. La ceinture verte est un autre modèle de maraîchage bio intensif intéressant.
Fermes d'Avenir : association qui accompagne les projets agroécologiques.
Symbiotik, Ver de Terre, et Icosystème : formation et accompagnement de projets agroécologie.
Pour une Agriculture du Vivant : Réseau soutenant l'agroécologie, qui a notamment développé l’Indice de régénération des sols.
La ferme des Nefliers est la ferme d’Hectar, l’incubateur agricole. Leur ferme pilote de 560ha en agriculture bio de conservation expérimente et forme de futurs producteurs.
Foncières
200 000 fermes vont être en vente en 10 ans, soit 50% des fermes françaises. On est à un virage. Soit elles sont achetées pour produire en conventionnel. Soit elles sont fléchées et transformées pour améliorer leur impact. Ces foncières l’ont bien compris.
Feve (2020, 1,7M€ levés) : financement de fermes par l’épargne citoyenne.
Eloi (2019, 1M€) : spécialistes de l’accompagnement des cédants et repreneurs, par exemple en divisant les fermes en plusieurs morceaux.
Terre de Liens : foncière associative qui promeut l’agroécologie.
Hectarea (2022, 500k€) : épargne citoyenne dans les terres agricoles.
Ils font vivre le Plongeoir et on les adore
Tu as envie de soutenir les agriculteurs ?
FEVE est une foncière solidaire qui facilite l'investissement dans la terre agricole. Grâce à l'épargne citoyenne, ils financent l’installation d’agriculteurs sur des fermes en agroécologie. Tu peux investir dès 500 euros. Génial non ?
Pour soutenir les agriculteurs ça se passe ici.
Technologies
De nombreuses technos naissent pour aider l’agriculteur à moins travailler le sol, mieux comprendre les données de ses terres et prendre de meilleures décisions.
Assolia est un outil de simulation d’assolement (enchaînement de cultures complémentaires). Augmenter le nombre d’espèces cultivées est obligatoire en agriculture régénératrice mais complexe.
Neofarm : fermes en maraîchage agroécologique avec de multiples outils technologiques pour aider à la production, comme des robots.
Genesis : utilise l’IA pour suivre l’état des sols agricoles. C’est l’indicateur numéro 1 de la transition agroécologique. Ils ont réalisé plus de 55 000 prélèvements de sol. Yard Stick est un équivalent US ($12M levés en 11/2023)
Sencrop & Weenat : données de météo, d’hygrométrie, ou de température du sol.
Intrants & protection biologique
L’objectif en agroécologie est de dépendre le moins possible d’apports extérieurs. On cherche à utiliser le plus possible de matière première qui vient de la ferme, comme l’enfouissement de cultures intermédiaires pour apporter de l’azote. Cependant, il faut parfois compléter, notamment durant la transition.
Gaiago (2014, 13M€ levés) : startup de biostimulants à base de champignons et microorganismes, basée à Saint Malo. Veragrow est un autre exemple inspirant qui utilise le lombricompost.
Olmix : acteur historique des biostimulants à base d’algues. Ils réalisent plus de 150M€ de chiffre d’affaires près de Vannes et emploi 671 salariés.
Azollae : nouvelle startup de biostimulants à base d’algues. Leur mission est canon : restaurer les écosystèmes maritimes en captant les algues vertes en mer, et produire un engrais qui diminue les émissions agricoles. Leur CEO Thomas connaît bien l’agriculture et nous a laissé un vocal plus bas.
Toopi Organics (France, 23,2M€) : producteur de biostimulants à base d’urine humaine fermentée. Objectif 2027 : déployer leurs produits sur plus de 600 000 hectares agricoles en Europe.
Biobest : entreprise incroyable de lutte biologique qui compte 2000 salariés dans le monde et réalise 300 millions d’euros de CA.
De Sangosse : acteur leader en France de la fertilisation biologique. Ils font 350 millions de CA et la majorité des parts appartient aux salariés. C’est ce type d’acteur qu’il faut soutenir en France si on veut créer un contre-pouvoir face aux géants des produits phytosanitaires.
Indigo Ag (US, 2014, $1,4Mds) : très grosse startup connue notamment pour ses engrais à base de microbes. BioConsortia (US), Talam Biotech (Irlande), Pivot Bio sont aussi sur ce marché.
Vente du carbone séquestré dans le sol
Pour financer la transition vers l’agriculture régénératrice, certaines startups permettent aux agriculteurs de toucher une prime grâce au stockage supplémentaire de carbone dans le sol. Cette prime peut avoir lieu de deux manières :
Crédits carbone : au lieu de planter des arbres par exemple, certains industriels investissent dans la transformation de fermes. Des startups organisent la vente de crédits carbone sur le marché volontaire. C’est ce qu’on appelle communément la compensation carbone.
L’insetting : c’est un mot barbare qui désigne simplement le paiement d’un prix plus élevé par les industriels, quand l’agriculture régénératrice est mise en place. Certains grands groupes commencent à craindre que l’achat de crédits carbone soit vu comme un “droit à polluer”. Ils préfèrent alors payer tout simplement plus cher l’agriculteur si ses pratiques stockent plus de CO2 ou préservent la biodiversité et l’eau. C’est pour eux autant un enjeu de bilan carbone, que de résilience de leurs approvisionnements.
Startups sur ce marché du carbone agricole :
Soil Capital (Belgique, 2013, 5M€ levés) : 1500 agriculteurs partenaires, 4,2M€ de financements collectés pour avoir stocké 150K tonnes de CO2 eq. C’est un acteur bien connu dans le secteur.
Régénération (France, 2021) : se font connaître rapidement parce qu’ils paient 5 ans en avance pour permettre la transition des agriculteurs. Les entreprises paient un crédit “au delà du carbone” incluant biodiversité et la préservation de l’eau.
Agoterra, ex Terraterre (France, 2022) : 2.1M€ collectés en 2023 auprès de 60 grands groupes, pour financer la transition d’agriculteurs.
Agreena (Danemark, 2018, $77.6M) : 200 salariés, numéro 1 du carbone du sol en Europe.
Regrow (US, 2016, €63.6M): plateforme qui permet aux marques de gérer directement leur programme d’agriculture régénératrice. Exemple ici pour Cargill
Athian (US, 2022, 5M€) : spécialisés sur la baisse des émissions de l’élevage.
Carbone Farmers (France, 1M€)
Rize & Regen Insight (France, 2020, 3M€)
Autres plateformes : Klim (DE, 2020, 10M€), ReSoil (France, 2022), Sysfarm (France, 2020), CarbonApp (France, 2020)
Grafite (France, 2023) : commercialisation d’une nouvelle gamme de matières premières bas carbone (ex colza). Lancé notamment par André Cunze, suite au programme intrapreneur InVivo. Leur gros avantage c’est qu’ils s’engagent. Ils peuvent dire à un industriel : “Chaque année, je te fournirai X tonnes de colza, et chaque année les émissions CO2 de ce colza diminueront de Y.”
Gestionnaires de projets
Certaines entreprises se sont spécialisées sur l’organisation de projets complexes. Lorsque Sols Vivants (dont je parle dans la newsletter 1/2) rassemble 600 agriculteurs et de nombreux industriels, il faut une gestion de projet solide.
Biosphères : nombreux projets de transformation en agriculture régénératrice, notamment sur les vignobles Pernod Ricard, ou sur 14000ha de blé et colza en Pologne.
Earthworm : fondation très réputée pour ses projets, comme Sols Vivants.
Pur Projet : agriculture régénératrice, mais aussi reforestation ou restauration de mangroves, partout dans le monde. reNature (Pays Bas) est un autre exemple. Il existe aussi Printemps des terres.
Outils de vérification de l’impact (MRV)
Pour suivre et vérifier si tous ces projets de transition qui lient grands groupes et fermes sont efficaces, il faut des outils, appelés MRV “Monitoring Reporting Verification”. Si on ne vérifie pas que le carbone a bien été stocké dans le sol, ou que les haies ont bien été plantées, c’est la porte ouverte à toutes les dérives.
Kermap : utilise les images satellites pour calcule la durée de couverture des sols par parcelle, suivre les cultures intermédiaires, estimer la biomasse et le carbone stocké. Au niveau de la biodiversité, ce type d’outil sert à suivre la plantation et la destruction de haies.
MyEasyCarbon : plateforme de “Monitoring Reporting Verification” qui remonte un maximum de données satellites et physiques différentes. Partenariat avec Biosphères pour suivre des projets agroécologiques.
EcoFarms : solution pour évaluer, améliorer et valoriser les perfs RSE sur les fermes. Aussi : Netcarbon (France, 2022), et Carbon extract.
CarbonFarm (France, 2021, 2,5M€ levés) : travaillent spécifiquement sur la filière de production de riz.
Transformation & distribution
L’agriculture régénératrice est quasiment inconnue du grand public. Certaines marques veulent la mettre en avant.
Omie (France, 2020, 17M€ levés) : marque pionnière en France, avec plus de 200 produits alimentaires uniquement régénératifs, créée par Christian (ex Vestiaire Collective), Benoit, Coline et Joséphine.
Intact (France, 2022, 55M€) : créée par des pontes de l’industrie agroalimentaire française comme l’ex président de Tereos, ils produisent des protéines végétales ou de l’alcool à base de légumineuses, cultures qui restructurent le sol.
Moonshot (US) : crackers issus de l'AR, rachetés en 2023 par Patagonia.
Wildfarmed (UK) : Farine issue de l'AR.
Labels
Regenagri et Au coeur des sols : certifications pour l'agriculture régénérative.
Regen Organic Certified (ROC) : Label bio et régénératif.
Investisseurs spécialisés
Des investisseurs s’engagent pour financer cette transition vers l’agriculture régénératrice. Quelques exemples :
SLM Partners (le fond le plus expert), Mirova, Tikehau, Avelana (ont investi dans Milpa), Maif, Astanor, The first thirty, Makesense & Serena, Edaphon, Wire Group, Citizen Capital (Fonds Agri Impact),
Assurances
Axa Climate a créé un partenariat avec Omie pour assurer les agriculteurs en transition. S’ils vivent une perte financière à cause d’une mauvaise récolte lors de leur transition, ils pourront être indemnisés.
Contenu
Regenerative Food system investment forum : un réseau orienté investissement, né aux Etats Unis. Leur évènement a lieu en ce moment. Leur newsletter permet de suivre toutes les actualités sur le régénératif.
Investing in regenerative agriculture : le podcast référence qui interview tous les acteurs de l’agriculture régénératrice dans le monde.
Triple Performance et Les décompactés de l’ABC : partage d’infos pour optimiser la performance économique, sociale et environnementale.
Collectifs
EARA (European Alliance for Regenerative Agriculture) : association gérée par des agriculteurs partout en Europe pour promouvoir l’AR.
Lively.earth : association à l’initiative de Omie et de Fanny, désormais rejoints par Naturalia, Alpina, Axa Climate etc. Objectif : lever 75m€ d’ici 2030 et investir dans la transition des fermes. A suivre de près :)
Merci à tous ceux qui m’ont aidé à créer cette chaîne de valeur, comme Fanny (Lively.earth) ou Gaetan (Five Seasons).
3. Jobs ☝️: ils recrutent.
La ceinture verte et Sencrop recrutent un(e) CFO
Pour Une Agriculture Du Vivant : CTO Agroecologie.org
CarbonFarm : Product Marketing Manager
Pur Projet : Global Carbon Lead
Regrow : basés aux US, mais ils semblent 100% remote : Director of Enterprise products - Senior product marketing manager (et 10 autres postes).
BioBest : Business Development & Alliance Manager et 5 autres postes.
Agoterra & Soil Capital recherchent chacun un business developer senior.
4. Idées 💥 : on plonge dans le grand bain ?
Voilà les idées que j’ai décidé de ne pas lancer, puis les opportunités que je creuserais. Il est temps de briser le plafond de terre de l’agriculture régénératrice.
Les projets que je ne lancerais pas
Le financement de la transition par la compensation carbone ou l’insetting : il existe déjà des dizaines d’entreprises et beaucoup d’intermédiaires. J’ai sûrement tord, mais ça n’est pas là où j’irais aujourd’hui.
Une communauté d’agriculteurs en transition
Le frein sociologique est le plus gros obstacle au changement de pratiques agricoles. Thomas (Azollae) en parle dans son vocal plus bas : les voisins peuvent être facilement moqueurs.
Pour surmonter ce frein il faut créer un sentiment d’appartenance puissant, une communauté resserrée.
Lorsque quelqu’un refuse de prendre l’apéro le samedi soir pour participer à un trail le lendemain, ses proches peuvent ne pas comprendre. Heureusement Strava ou d’autres applis lui permettent de voir que d’autres s’entraînent, progressent, et l’encouragent.
Aujourd’hui il existe des forums ou des communautés Youtube pour les agriculteurs. Mais je trouve que cela manque encore de puissance.
Et si tu créais une app communautaire pour les agriculteurs en transition ?
Un mix entre :
Strava, pour le côté motivant de partager ses challenges et performances
Y Combinator (l’accélérateur américain de startups), pour l’aspect mentoring de groupe, partages de retours d’expérience. Sans la levée de fonds au bout ;)
Whatsapp de famille, pour échanger en toute confiance et se confier sur les difficultés.

Évidemment c’est un concept imaginaire. Les exemples (posts, profils…) sont donc volontairement fictifs, et Kéliane les a simplement choisis pour illustrer l’idée.
Un nouveau modèle de coopérative
Les coopératives existantes sont des mastodontes, et elles se sont construites pour aider les agriculteurs à grandir et améliorer leurs rendements. Je ne leur jette pas la pierre : elles ont rempli les objectifs de leur époque. Leur modèle est aujourd’hui souvent désaligné avec celui de l’agriculture régénératrice, notamment parce que leur modèle repose sur la vente d’engrais et de produits phytosanitaires.
Et si on pouvait créer un nouveau modèle de coopérative :
Non financé par les intrants, et le plus léger possible, pour redistribuer un maximum de valeur à l’agriculteur.
Qui aide aussi les agriculteurs à mieux acheter, et à mieux vendre.
Qui crée un max de lien entre les agriculteurs en transition : l’app communautaire pensée plus haut serait un super complément.
Agroleague est inspirant avec son modèle de communauté de conseillers. C’est un bon moyen pour distribuer du conseil agronomique.
Une marque forte
L'agriculture régénératrice n'est pas très explicite. Les consommateurs et les distributeurs doivent être éduqués sur ses avantages à mesure que la pratique se développe.
Et si on créait un modèle de type “1% pour l’agriculture régénératrice” ?
Toutes les marques qui le souhaitent pourraient rejoindre, et apposer ce logo sur leur packaging, en échange du don de 1% de leur chiffre d’affaire.
Le financement serait investi en direct dans les fermes, pour permettre leur transition.
Cela permettrait de faire connaître ce qu’est l’agriculture régénératrice, tout en finançant son déploiement. Et évidemment cela serait un bel attribut marketing pour les marques.
Certains grands groupes veulent investir directement dans les fermes qui fournissent leur matière première (l’insetting). Mais de nombreuses entreprises n’ont pas les ressources pour ce type de projet, et pourraient s’engager plus facilement à reverser 1% de leur CA.
Lively.earth pourrait être une bonne association pour héberger ce type de projet ?

Une franchise de producteurs
Il faut produire. Aujourd’hui tout le monde développe des outils, des plateformes, mais pas assez de projets investissent dans la production. Il faut plus de Greenpods, Milpa, et j’y associe bien évidemment tous les agriculteurs qui s’engagent dans la transition.
Certaines fermes sont aujourd’hui performantes et profitables en bio régénératif. On le sait. La question, est donc : comment les multiplier ? Très souvent aujourd’hui, elles reposent sur des agriculteurs et agricultrices passionnés par leur métier.
Et si tu t’associais avec un de ces producteurs ?
Trouve un producteur en bio régénératif excellent. Il aura peut être envie de partager ses apprentissages et sera content de s’associer pour y arriver.
Développe un modèle de franchise autour de sa ferme. Structure tous ses process et apprentissages pour pouvoir les implémenter ailleurs.
Un agriculteur pourrait décider de souscrire à la franchise pour améliorer ses marges et réussir sa transition en bio régénératif.
5. Vocaux 📣 : conseils d’entrepreneurs.
Pour finir voici les points de vue de 4 entrepreneurs inspirants.
Christian JORGE, co-fondateur et CEO d’Omie, marque alimentaire d’agriculture régénératrice.
Ce que je retiens du vocal de Christian :
On est obligés d’y aller, sinon on perdra 70% des sols d’ici 25 ans (FAO)
Il nous faut des tiers de confiance, comme le Planet Score et mieux répartir la valeur. ROC est un label qu’il faudrait en Europe.
Thomas Braschi, CEO d’Azollae, ex Head of Investment Livelihoods (investissement notamment dans l’agriculture régénératrice)
Ce que je retiens du vocal de Thomas :
L’agriculture régénératrice fonctionne (marge plus élevée et bienfaits carbone, eau et diversité) mais elle est complexe : il faut l’adapter à chaque exploitation.
Les agriculteurs sont moqués, l’acceptation sociale de l’essai est importante.
Arrêtons d’investir partout sauf dans les fermes. Il faut inventer de nouveaux modèles financiers.
Etienne de la Grandière, co-fondateur et DG de Milpa.
Ce que je retiens du vocal d’Etienne :
Il est possible d’être bio régénératif et rentable. Techniquement c’est une addition de multitude de leviers comme l’association de cultures, le non travail du sol, l’analyse des sols, l’adaptation au contexte, la collaboration.
Economiquement, il faut cumuler les gains via le stockage du carbone, la valorisation de la production en bio régénératif, la production d’énergie. Milpa garantit le revenu aux agriculteurs.
Chuck de Liedekerke, CEO de Soil Capital
Ce que je retiens du vocal de Chuck :
Les agriculteurs sont d’abord des entrepreneurs. Il faut leur laisser des marges de manoeuvres.
La technologie montre ses limites : les gains marginaux sont faibles. Il faut surtout changer les rapports de force et remettre l’agriculteur au centre des modèles économiques.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.
🙏 Un grand merci à Pierre Guilbaud de m’aider à faire découvrir le Plongeoir à un max de personnes, notamment par Linkedin. Je te recommande sa newsletter, qui raconte son cheminement vers l’entrepreneuriat impact, je les lis toutes !
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like / commentaire avec ton ressenti, ça ne mange pas de pain et ça fait du bien.
Si tu as trouvé cette newsletter utile, partage-la. C’est uniquement comme ça que ce projet grandit.
À très vite,
Guillaume
Récap très intéressant. Sur l'offsetting, on peut ajouter dans les labels la démarche gouvernementale qui réunit un certain nombre d'acteurs cités : https://label-bas-carbone.ecologie.gouv.fr/
Les apps communautaires pour exploitations agricoles existent déjà (DocToFarm par exemple) mais leur business model n'est pas évident et WhatsApp est gratuit ;-) , de nombreux agriculteurs
"régénératifs" sont déjà regroupés en associations (APAD, BASE, etc...)
Super article, très complet, merci! Une remarque: Klim est basée en Allemagne donc DE et pas UK ;).