Génération régénération (2/2)
Un shot d'inspirations. Alenvi est une boîte exceptionnelle, et des dizaines d'autres pionniers réinventent en ce moment l'entreprise. Go !
Hello les plongeurs, voilà la newsletter #62.
Vous êtes déjà 26 000 à avoir lu le plongeon de la semaine dernière coécrit avec Sarah et Alice sur l’économie régénérative.
Si tu ne l’as pas lu, plonge ici pour te régénérer le cerveau ;)
J’ai reçu un nombre incroyable de messages. Visiblement ce plongeon a permis à beaucoup d’entre vous de comprendre ce qu’était l’économie régénérative.
On est ravis, et ça n’est pas fini :)
Avant de démarrer, voilà un moyen d’investir aux côtés de Team For The Planet dans une de leurs pépites. Chaud ?
Keenest est une communauté de plus de 1 000 investisseurs impact. Ils te proposent aujourd’hui d’investir dans Arkeon à partir de 100€, tout simplement avec ta CB.
Pourquoi je trouve ça vraiment intéressant :
C’est la première fois que Team For The Planet permet d’investir à leurs côtés. C’est Keenest qui s’en occupe.
Arkeon a développé une solution unique de chauffage décarbonné des bâtiments. Un super moyen de viser retour financier et impact massif.
Ils lèvent 2,75M€ et Team For The Planet remet 1M€.
Keenest a déjà 450 000€ de réservés. Il reste 50 000€ de dispos, à toi de jouer !
Ps : ceci n’est pas du conseil en investissement, juste un sponsor que je trouve cool :)
Si ça n’est pas déjà fait tu peux aussi :
Devenir sponsor : il suffit de répondre à l’email. On fait connaissance ?
Rejoindre la communauté Plouf. C’est bien plus sympa de lancer sa boîte quand on est entouré de 120 autres plongeurs.
Lire les précédentes newsletters du Plongeoir.
C’est partiiii
Si tu as 1 minute
Défis 🤔 : Il existe une méthode géniale pour agir et transformer l’économie. La méthode des 3 horizons. C’est une loupe magique pour entreprendre et lancer des projets à impact. J’ai adoré !
Inspirations 👏 : Comment des boîtes aussi différentes que l’assureur Axa, les vins Oé, et le fonds d’investissement 2050 voient leur transformation vers le régénératif ?
Mini-portrait 👌 : Alenvi est une histoire entrepreneuriale comme on les aime. Ils s’engagent chaque jour depuis 8 ans pour réhumaniser l’accompagnement à domicile des personnes âgées. Leur modèle est un cas d’école d’alignement entre capital, gouvernance, utilité sociale et rentabilité.
Ressources 📖 : Sarah a compilé ici les meilleures ressources à creuser sur l’économie régénérative. Pépite :)
Vocaux 📣 : Thomas (Oé), Eric (CEC), Sarah (co-autrice), Fabrice (Groupe Bouygues), et Guillaume (Alenvi) t’ont préparé un message vocal.
Sarah Dubreil a co-écrit ce plongeon. Elle explore depuis 4 ans le régénératif et ses pionniers, et co-publie bientôt une étude sur leurs modèles d'affaire. Merci à elle !
Merci aussi à l’habituelle Alice Carré-Seemuller, qui m’aide dans l’écriture de ces plongeons ;)
Allez, on plonge ?
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Défis : Comment on fait ?
Inspirations : trajectoires régénératives
Mini-portrait : Alenvi
Ressources : pour aller plus loin
Vocaux : conseils d’experts et entrepreneurs.
Allez go
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1. Défis 🤔 : Comment on fait ?
Il faut créer un futur qui ne se contente pas de limiter les impacts négatifs. Qui crée du positif pour tout le monde. Y compris pour la nature.
Mais… ça paraît difficile. Comment on fait pour entreprendre en visant le régénératif ?
3 horizons pour transformer l’économie
Je te propose un petit exercice que j’ai adoré. Tout le monde peut s’y projeter, que tu sois salarié, entrepreneur expérimenté ou en train de créer ta boîte.
Un futur cool (Horizon 3)
Pour commencer, il faut oublier ce qu’il se passe aujourd’hui.
Imagine que tu vis en 2050. Qu’est-ce que ta boîte est devenue dans une économie devenue régénérative ? Quelle est sa mission dans ce monde probablement bien réchauffé ? Dans lequel on ne bosse plus contre la nature, mais avec ?
Faire cet exercice est hyper intéressant parce qu’il évite de penser aux blocages d’aujourd’hui. Pas besoin de viser un projet rentable à ce stade. Les équipes se projettent bien plus facilement.
“Commencer des phrases par “Et si… ?” permet de projeter dans l’avenir. Chez nous c’est devenu : “Et si Mustela était capable de proposer des offres pour la famille qui étaient sobres ? Locales ? Qui réparaient nos écosystèmes ?”
Nous accompagnons la santé des bébés aujourd’hui. Mais nous devons aussi protéger leur santé à long terme, et ça passe par protéger la planète et réparer nos écosystèmes.”
Sophie Robert-Velut, Laboratoires Expanscience (podcast Cap Regen)
Une fois que tu as fait cet exercice, l’idée est de partir à la recherche de ce futur cool. Est-ce qu’il existe déjà autour de toi ?
Il existe probablement des petits acteurs avant-gardistes. Ils sont souvent marginalisés dans le monde business actuel.
Par exemple, un grand groupe agroalimentaire pourrait construire une vision H3 autour de l’agroécologie. Pourtant, certains agriculteurs pionniers produisent déjà en agroécologie depuis plus de 20 ans.
Un projet H3 pour cet industriel sera peut-être de créer un projet pilote avec un agriculteur pionnier, ou lancer un groupe de travail incluant concurrents et partenaires.
Des innovations pour un futur plus cool (Horizon 2)
Une fois qu’on visualise bien où on veut aller, il faut se retrousser les manches. L’Horizon 2, c’est celui de l’entrepreneur ou de l’intrapreneur.
On ne pourra pas réaliser notre ambition en une fois.
Pour commencer, on peut souvent lancer des innovations qui vont permettre de faire un premier pas, puis un second, puis un troisième. L’important, c’est que chaque pas nous rapproche du futur cool.
Il faudra parfois inventer de nouveaux produits ou services. Il faudra souvent créer des partenariats, ou faire évoluer des cahiers des charges. C’est un long chemin.
Pour Mustela, une innovation Horizon 2 a été de créer une “maison des parents” pour les accompagner dans le soin de leur nouveau-né.
C’est malin : si les parents n’achètent plus de lingettes jetables demain, comment les former à être sobres tout en maximisant le soin de leur bébé ? Cette activité peut être rentable, et son impact sera très bon.
Chez Photoweb (leader de l’impression de photos), l’idée était de réfléchir à remplacer progressivement l’impression chimique des photos argentiques.
Ils ont co-créé une nouvelle machine d’impression jet d’encre, qui n’utilise pas de chimie et consomme beaucoup moins d’eau. Ils l’ont même publiée en Open Source pour que leurs concurrents s’en emparent. Une magnifique innovation Horizon 2 (H2).
La transformation du business existant (Horizon 1)
Ces nouvelles innovations vers un futur plus cool doivent nous permettre de réfléchir plus facilement au business existant. Comment se porterait-il dans un monde à +4° ? Avec des contraintes sociales et écologiques beaucoup plus fortes ?
Si on prend l’exemple d’un constructeur automobile, H1 est tout simplement l’abandon progressif de la voiture thermique.
Le premier élément à creuser pour cet Horizon 1, c’est la part du business existant qui sera “encore cool” dans le futur. C’est souvent la part la plus utile.
SI on prend l’exemple de Mustela, on peut imaginer qu’il faudra toujours du savon pour bébé par exemple.
Pour le reste du business actuel, comment réduire progressivement ?
Est-ce qu’il y a des activités qui doivent progressivement s’arrêter ?
Mustela a décidé d’arrêter la fabrication de lingettes en 2027. Les produits jetables sont de toute façon de plus en plus condamnés. Les lois s’enchaînent.Est-ce qu’on peut diminuer l’impact de ce qui ne doit pas être arrêté ?
C’est là qu’arrive l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, et toutes ces méthodes qui permettent de réduire l’impact. Chez Mustela, c’est par exemple supprimer progressivement les emballages et vendre en vrac.
Ce modèle de réflexion en 3 horizons est génial non ? Il permet de planifier une décroissance du business actuel, et le lancement d’autres projets plus inspirants. Sans rien subir.
Ces 3 horizons sont une loupe magique.
Quand on regarde le monde par ces 3 horizons, on voit le futur se dessiner.
On peut lire avec beaucoup plus de pertinence tous les business qu’on voit autour de soi, et tous les projets.
Alors jouons à un petit jeu ensemble.
Quel horizon pour … une petite ferme bio en agroécologie comme la ferme du Grand Laval ?
H3. Ils vivent déjà dans une approche régénérative. Leur objectif est de nous pousser à réfléchir sur ce modèle rentable et régénératif. Former, inspirer, pour qu’un jour ils deviennent une norme.
Quel horizon pour … l’association Pour Une Agriculture du Vivant ? Ils co-créent des projets agroécologiques avec les industriels pour leur permettre d’imaginer l’agriculture de demain.
H3 aussi. Leur conseil d’administration rassemble autant un DG de Brioches Pasquier, que des agriculteurs, des distributeurs comme Système U ou Pomona. Ils imaginent ensemble le “futur cool” de l’agriculture.
Quel horizon pour la distribution de pesticides ?
H1. Sa décroissance doit être planifiée intelligemment.
Quel horizon pour … la construction de bâtiments en bois ?
H2. C’est rentable dès aujourd’hui. Des promoteurs pionniers comme Woodeum sont rejoints par l’investissement massif de grands constructeurs comme Bouygues.
Certains veulent aller plus loin sur la construction en bois. Le réseau européen Built by Nature rassemble tous les acteurs de la construction pour réfléchir à un futur qui intégrerait par exemple tous les enjeux des territoires dans la construction.
Et ça, c’est … ? Du H3.
Tu vois l’idée ?
Alors maintenant allons un cran plus loin. Tu ne vas pas être déçu, c’est passionnant.
Il existe deux types de projets d’innovations H2
Imagine que je lance une innovation de biodiesel avec de l’huile de palme.
On pourrait se dire que c’est une innovation vers un futur cool sans énergie fossile. H2 n’est ce pas ?
Oui, sauf que ce projet peut avoir un impact très négatif sur la biodiversité, les populations locales, la déforestation. On l’a vu dans le plongeon 1. Bref, ce projet nous rapproche des dérives du business actuel (H1), et il n’accélère pas l’arrivée du “futur cool” (H3).
Tu me suis ?
Ce projet est contre productif, on l’appelle H2-.
Si j’aide les agriculteurs à transitionner vers un futur bio-régénératif comme Milpa, je suis H2+. J’aide un futur plus cool à débarquer.
J’aime bien l’IA pour l’illustrer :
Si je crée une IA pour rendre plus rapide l’écriture de mes emails, je permets à l’ensemble du monde économique d’accélérer. Je suis H2- et je profite au business existant.
Si je crée une IA qui me permet de supprimer d’un coup tous les emails qui prennent trop de place, je suis H2+.
Si tu veux creuser ces dilemmes sur l’IA, cette vidéo est dingue.
Une belle manière de voir que chaque innovation peut accélérer l’arrivée d’un futur cool, ou le ralentir.
Mais alors comment faire pour savoir si on est en train de créer du H2+ ou du H2- ?
Aligner les incitations sur H3
Le premier ingrédient pour construire un futur vraiment cool, c’est d’être incité à le faire.
Il te faut la bonne gouvernance.
Si tes investisseurs ne sont pas d’accord, ou si tes critères de décisions ne sont pas alignés, cela ne fonctionnera pas. Tes projets H3 ne seront jamais acceptés.
Si tu es un entrepreneur, tu vas devoir réfléchir dès le début à la meilleure structure : entreprise à mission ? SAS avec une fondation actionnaire garante de ta mission ? coopérative ?
Si tu es dans une entreprise existante, tu vas devoir déverrouiller au fur et à mesure les blocages qui empêcheront tes projets H3 d'émerger. Il y a un super outil pour travailler ça. Les fondations actionnaires peuvent aussi t'aider à aligner ta mission, surtout si tu es une PME ou ETI.
Ensuite, il faut écouter les personnes les plus compétentes.
Quand on veut avoir un impact positif, il faut être attentif aux effets de bords. Il faut être en contact avec les bonnes personnes qui te poseront les bonnes questions. Le monde change si vite et est si complexe qu’il faut mettre toutes les chances de ton côté.
Sarah Dubreil, co-autrice
Pour t’assurer de ne pas créer du H2- il faut privilégier :
L’ouverture : écouter les personnes les plus compétentes sur cet Horizon 3 que tu vises. Par exemple, Corporate Regeneration te propose de cheminer avec des représentants de la Nature et des Générations futures.
La culture : développer un leadership humble, transparent, capable de reconnaître ses erreurs et de pivoter rapidement.
Le sponsor du jour : Keenest
C’est la première fois que Team For The Planet permet d’investir à leurs côtés. C’est Keenest qui s’en occupe.
Arkeon a développé une solution unique de chauffage décarbonné. Un bon mix impact / potentiel de rendement financier ?
Tu peux investir dès 100€, avec ta CB.
Ps : ceci n’est pas du conseil en investissement, juste un sponsor que je trouve cool :)
2. Inspirations 👏 : 3 trajectoires régénératives
Quand je te dis que les 3 horizons sont une vraie loupe magique, je pèse mes mots. Voilà 3 exemples simples et variés.
Axa
C’est un groupe d’assurance de 34 000 salariés que je n’ai pas besoin de te présenter.
H1 : Le métier de l’assurance va devenir délicat dans un monde à +4 degrés. Selon Henri de Castries (ex-PDG), ce monde n’est d’ailleurs pas assurable. Il va donc falloir prévoir la diminution du business d’assurance actuel…
H2 / H3 : Axa Climate est un projet qui a été lancé en 2019 par le très inspirant Antoine Denoix. Ils forment les entreprises à l’adaptation climatique. C’est déjà un beau business de plus de 200 salariés. Si un secteur n’est plus assurable, il faut absolument l’accompagner. Demain c’est le futur d’Axa ?
Oé
C’est une belle entreprise de 20 salariés qui s’engage via une marque de vins. Thomas (CEO) nous a laissé un super vocal en bas.
H2 : Leur marque de vin bio permet la transition des vignes vers le bio-regénératif, et la circularité (réemploi des bouteilles par exemple).
H3 : Ils s’engagent avec de nombreux acteurs dans la valorisation de l’agroécologie, sont B Corp et entreprise à mission.
2050
Ce fonds d’investissement a été lancé par Marie Ekeland en 2020 et investit 130M€. Et oui, on peut être investisseur et s’engager dans le régénératif.
H2 : Investissement uniquement dans des startups à impact positif.
H3 : 2050 finance dès maintenant des communs pour aller plus vite vers ce “futur cool”. En externe, ils financent les chercheurs qui étudient les limites planétaires. Et en interne, ils publient en open source leur modèle de “Key Alignement Indicators”. Ils l’utilisent pour permettre à leurs startups d’aligner business et impact.
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3. Mini-portrait 👌 : Alenvi
Je sais que vous aimez beaucoup les portraits alors j’ai creusé l’histoire d’Alenvi. Accroche-toi, c’est un exemple très inspirant d’entrepreneuriat à visée régénérative.
La petite histoire
L’aventure commence en 2015.
Thibaut, Clément et Guillaume avaient tous les trois vécu des expériences douloureuses. Des personnes âgées dans leur entourage qui avaient été mal accompagnées.
Ils décident d’interviewer des dizaines et des dizaines d’auxiliaires de vie pour comprendre pourquoi c’est si difficile.
Leur verdict est clair.
La précarité du métier d’auxiliaire de vie est un énorme problème. Le secteur a en permanence 15% d’absentéisme, ce qui prouve le mal-être.
Guillaume Desnoës, cofondateur d’Alenvi, 2016.
Alors évidemment on peut penser au salaire. Les métiers du service à la personne sont trop mal rémunérés.
Mais en parallèle, il y a un énorme sujet de reconnaissance et de confiance :
Les auxiliaires de vie se sentent infantilisées. On leur dit tout ce qu’il faut faire à 10 minutes près dans leur journée.
Un commercial vient voir la famille et la personne âgée au début du contrat, et définit une liste de tâches à faire. C’est le siège qui assigne ces tâches à une auxiliaire de vie.
Le critère de qualité est la ponctualité, avec une pointeuse. Parfois il est fondamental de rester 5 minutes de plus chez une personne, et l’auxiliaire de vie sait que la suivante peut attendre 5 minutes. Mais non, il faut qu’elle parte. Ces injonctions contradictoires sont insupportables.
À la fin de la journée, tout le monde souffre. La personne âgée qui ne reçoit pas les soins optimaux. L’auxiliaire de vie qui se sent mal dans son job. La famille qui se sent impuissante et triste.
Pour changer ce modèle, les fondateurs d’Alenvi se sont inspirés des méthodes de Buurtzorg aux Pays Bas. Cette boîte de 15 000 salariés totalement décentralisée est un exemple très suivi.
Voilà ce qu’ils ont mis en place :
Un nouveau modèle d’organisation du travail basé sur un management horizontal, et des communautés « d’auxiliaires d’envie » (groupes de 6 à 8 auxiliaires).
C’est l’auxiliaire d’envie qui rencontre la famille et la personne âgée, pas un commercial. Elle présente son équipe.
Chaque groupe travaille en autonomie et dispose de 20% de temps consacré aux travaux hors intervention à domicile (recrutement, qualité, relation client, etc.).
Chaque auxiliaire est en CDI, 35h / semaine pour la majorité.
Résultat ?
100 salariés travaillent chez Alenvi en 2024, le modèle est profitable, et l’absentéisme chez les auxiliaires d’envie est de moins de 6%.
Mais ça n’est pas tout. Ils se sont mis en action pour transformer avec humilité leur secteur. Des milliers de professionnels sont aujourd’hui inspirés par leurs actions.
Leurs ingrédients régénératifs
Passons Alenvi au crible des ingrédients du plongeon 1 :)
Rentabilité
Ils ont développé 3 produits qui se complètent :
Le service à la personne Alenvi, qui génère beaucoup d’impact, et une rentabilité correcte. Mais pas meilleure que s’ils cherchaient à rentabiliser chaque seconde de l’auxiliaire de vie.
Compani, une boîte formation. Ils accompagnent les pros du service à la personne et des EHPAD (maisons de retraite) pour créer des organisations centrées sur l’humain.
Des maisons partagées entre personnes atteintes de la maladie d’Alzeimer. Le besoin est énorme.
Le premier objectif d’Alenvi est l’impact, et la rentabilité de leurs 3 solutions complémentaires permet de le pérenniser sur le long terme.
Robustesse
En 2022, le groupe de maisons de retraite Orpéa (devenu Emeis) a été au cœur d’un scandale sans précédent. Le livre “Les Fossoyeurs" mettait en avant des cas de maltraitance de résidents. Les rations alimentaires étaient limitées pour optimiser les marges, et la pression qui reposait sur les salariés était massive.
Les groupes historiques de secteur du grand âge sont nés pour répondre à des normes. Le but était de respecter la règle, avec le moins de coûts possibles. Aujourd’hui on entre dans un nouveau contrat social. Il n’est plus question de sacrifier l’humain pour plus de performance financière.
Guillaume Desnoës, Alenvi
C’est la chute du modèle de la performance à tout prix.
Les personnes âgées ont besoin de créer du lien et de partager des émotions, pas simplement qu’on exécute sur eux une liste de tâches.
La robustesse, c’est prendre le temps qu’il faut chez la personne qui en a besoin. Oui, prendre soin des résidents et des salariés peut coûter un peu plus cher. Mais c’est ce qu’il faut faire pour que la mission ait du sens, et que l’entreprise soit robuste et adaptable face aux crises futures.
Embarquer tout l’écosystème
La belle équipe d’Alenvi ne s’est pas arrêtée à développer une entreprise de services à la personne, ils ont créé une boîte de formation (Compani) et un collectif (L’Humain d’abord). Pour aider le secteur sur son Horizon 1, si tu as bien suivi !
Ils ont développé un indice, appelé “Indice d’Alignement Humain” pour suivre l’amélioration des conditions de travail des auxiliaires de vie.
C’est un questionnaire basé sur la pyramide de Maslow, qui se focalise sur le quotidien de l’auxiliaire de vie. À quel point arrive-t-on à aligner les 5 étages de la pyramide dans leur travail ? L’objectif est de suivre cet indicateur dans la durée.
Ils ont développé l’outil pour eux puis l’ont rendu dispo pour tous en Open Source. Coucou Horizon 3 ! Une quarantaine de structures l’utilisent. Génial ;)
Grâce à ce travail avec leur écosystème, ils ont contribué à inspirer une centaine de boîtes de services à la personne à mettre en place une nouvelle organisation plus respectueuse des patients et des auxiliaires.
On ne pousse pas un modèle, mais une philosophie. Un réflexe différent, pas un “prêt-à-penser”.
Guillaume Desnoës, Alenvi
Ils lancent même régulièrement des pétitions pour faire évoluer le secteur dans le bon sens. C’était par exemple le cas pendant le Covid pour que les auxiliaires de vie puissent bénéficier d’une carte professionnelle. Elles ne pouvaient même pas acheter un masque à la pharmacie, alors que c’était le cas pour les aides-soignants, ou les médecins.
Elle a été signée plus de 1 000 fois, y compris par Axel Kahn, Boris Cyrulnik, Michèle Delaunay, ou encore Edgard Morin. Et ils ont eu gain de cause.
Alenvi aurait pu se concentrer sur leur propre business pour devenir le plus gros acteur du grand âge. Ils le deviendront peut-être, mais leur objectif n’est pas celui-là.
Leur objectif est qu’un maximum de personnes âgées et d’auxiliaires soient mieux accompagnées, chez eux ou chez les concurrents.
Superbe ;)
Viser un impact global
Alenvi travaille à régénérer son écosystème grâce à un impact social et humain sur les personnes âgées et les auxiliaires de vie. Ils ne se concentrent pas directement sur la régénération de la nature, mais ils ont quand même un impact positif dessus.
Ils ont pu prouver que leur modèle social permettait aux personnes âgées de vivre en meilleure santé. Or diminuer le nombre d’hospitalisations ou le besoin en traitements pharmaceutiques a un impact très important sur la nature.
C’est là qu’on comprend l’utilité de viser un impact global. C’est beaucoup plus performant que de se concentrer uniquement sur la réduction des émissions de CO2 de leur équipe le trimestre prochain par exemple.
Agir localement
Alenvi cherche à créer un maximum de liens entre les personnes âgées et leur écosystème local. Dans leur nouvelle maison partagée de Colombes, une crèche sera intégrée, et les écoles passeront rendre visite aux personnes âgées.
Créer du lien entre les enfants et des personnes fragiles est excellent. C’est le meilleur moyen d’apprendre qu’aider les gens fragiles, c’est s’aider soi-même. Le pouvoir de la vulnérabilité ;)
Réinventer le leadership, la gouvernance, le capital.
Tout ce modèle Alenvi n’est possible que parce qu’il est décentralisé. Les auxiliaires de vie décident de leur emploi du temps, et prennent soin des personnes les plus fragiles en premier. Leur vie est plus agréable et elles vivent la reconnaissance dont toute personne a besoin dans son travail.
Ils sont aussi “entreprise à mission” depuis 2018. Guillaume est même co-président de la communauté des entreprises à mission.
La raison d’être inscrite dans leurs statuts est “Humaniser l’accompagnement des personnes qui ont besoin d’aide ou de soin, en valorisant les professionnels, et en réconciliant les enjeux humains et économiques du secteur".
Tous les deux ans, un organisme tiers vient réaliser un audit pour vérifier s’ils sont toujours alignés à cette raison d’être.
Ce cadre leur a permis de filtrer les investisseurs pour trouver ceux qui voulaient vraiment privilégier l’impact. Ils ont levé un peu moins de 8 millions d’euros, avec Phitrust / Novess / Elzeard.
Pas de doute que leur raison d’être est toujours intacte ! Leur combat du moment est par exemple la valorisation des métiers du “care” dans notre société.
Une personne de 40 ans a un revenu beaucoup plus élevé si elle était forte en maths à 20 ans que si elle avait de super “soft skills”. Résultat : ceux qui s’occupent des plus fragiles ont des revenus trop faibles.
Il faut créer l’école Polyempathique, ou les Hautes Etudes du Care. Revaloriser partout les personnes dont l’expertise est l’empathie.
Guillaume Desnoës, Alenvi
Capital, gouvernance, leadership, mission, clients, produits. Quand tout s’aligne, c’est beau !
4. Ressources 👏 : Aller plus loin.
Podcasts : Cap Regen, pour écouter le témoignage de boîtes qui ont décidé de s’engager. Écoute aussi Ping! avec Guillaume (Alenvi) ou Antoine Denoix (Axa Climate).
Vidéos : le Ted de Kate Raworth, ou la conférence de Frédéric Laloux.
🙏 Pour creuser le sujet, Sarah t’a concocté une liste incroyable de ressources ici. Tu as tout, c’est pépite !
5. Vocaux 📣 : conseils d’experts et entrepreneurs.
Thomas (Oé), Eric (CEC), Sarah (co-autrice), Fabrice (Groupe Bouygues), et Guillaume (Alenvi) t’ont préparé un petit vocal. Magique !
Thomas Lemasle est cofondateur de Oé, une marque de vin à visée régénérative.
Ce que je retiens :
Avant tout viser le régénératif est passionnant, tellement d’apprentissages. C’est une vraie richesse pour les équipes.
Le régénératif crée de la valeur par le collectif. Exemple : “Accor Hotel donne ses déchets aux alchimistes, qui en font du compost, qu’on met dans nos vignes pour produire des vins, qu’on vend dans leurs hôtels.”
Oé aime bien travailler l’impact de manière “fractale” : comment dans chaque sujet essayer de faire un peu mieux chaque jour.
Eric Duverger est le fondateur de la CEC, qui a formé plus de 1 000 entreprises au régénératif.
Ce que je retiens :
Plus de 2 500 dirigeants ont fait le parcours CEC sur 12 jours. C’est un mouvement de bascule pour eux.
C’est un sursaut, en profondeur. Pas un petit pas. C’est systémique, et ça concerne toutes les fonctions de l’entreprise et de ses parties prenantes. Et c’est joyeux ! Il faut embarquer dans la durée par la joie et l’action.
Sarah Dubreil a co-écrit ce plongeon. Elle explore depuis 4 ans l’économie régénérative.
Ce que je retiens :
On peut se sentir écrasés par la complexité croissante : CO2, biodiversité, limites planétaires, adaptation. Si on n’y voit pas clair, on risque la maladaptation. C’est du temps et de l’argent gâchés, et on empire les choses.
Le régénératif est libérateur. Le vivant c’est joyeux, concret, c’est les territoires autour de nous. C’est pertinent quel que soit le scénario : pour revenir dans les limites planétaires, s’adapter au changement climatique, vivre ensemble.
Le régénératif, c’est s’adapter ensemble par le haut.
Fabrice Bonnifet est le Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues.
Ce que je retiens :
La première chose que les entreprises doivent faire est de s’interroger sur leur raison d’être. Est-ce que ça répond à un besoin essentiel ?
Il faut réussir à être rentable en fabriquant moins de produits. Vendre l’usage : l’économie de la fonctionnalité.
Les entreprises de demain vont intégrer le capital naturel dans leur comptabilité. C’est un changement de paradigme, qui rend bien plus heureux.
Guillaume Desnoës est le cofondateur d’Alenvi.
Ce que je retiens :
Le point d’entrée est différent entre tous : imiter le vivant, adopter une nouvelle gouvernance, mesure mieux l’impact. Il faut se faire confiance et utiliser la méthode qui nous parle le plus pour démarrer.
Il ne faut pas suivre un dogme ou une idée à la mode, mais suivre nos intuitions pour changer notre business et in fine changer la société.
C’est tout pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu et écouté jusqu’au bout.
🙏 Énorme merci à Sarah et à Alice pour la coécriture.
Merci enfin à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like / commentaire avec ton ressenti, ça ne mange pas de pain et ça fait du bien.
Si tu as trouvé cette newsletter utile, partage-la. C’est uniquement comme ça que ce projet grandit.
À très vite,
Guillaume
C'est une bonne chose de s'inspirer du vivant. On espère que cette approche change la donne fondamentalement, et qu'elle ne soit pas une n'ième mode manageriale. Les démarches engagées semblent sincères, souhaitons qu'elles se généralisent...
Le régénératif concret, par l’exemple. Montrer que c’est possible et pas une utopie bobo, ça devrait intégrer le 20h pour nous redonner du baume au cœur.