Circuits courts, joker de l'agriculture ? (2/2)
La logistique et le prix sont des défis à surmonter dans les circuits courts. Des projets sont hyper inspirants, qui sera le prochain ?
Hello les plongeurs, voilà la newsletter du Plongeoir #69.
La semaine dernière on a creusé l’intérêt des circuits courts dans l’agriculture. Vous avez été des dizaines à m’écrire, merci ! Si tu n’as pas été lire ce 1er épisode, c’est par ici le circuit le plus court.
Avant de commencer, parlons sous-sous :) Ton argent ne dort pas. Si les 6 000 milliards d’euros d’épargne étaient redirigés vers le futur qu’on veut vraiment construire, le monde changerait.
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Allez go !
Si tu as 30 secondes
Enjeux 🤔 : Les circuits courts sont moins intermédiés, mais plus chers. Ils sont moins massifiés. On peut les rendre plus efficients en optimisant la logistique. Il faut aussi trouver le moyen de mieux les valoriser, et les pistes sont multiples.
Défis 🤝 : Il faut redonner de la valeur à la production agricole. On peut le faire en créant de la transparence auprès du consommateur, mais aussi en investissant la transformation à la ferme. Il existe de nombreux autres leviers, comme les flux poussés. Il faut s’y atteler !
Inspirations 👏 : voilà une liste de 50 boîtes et assos des circuits courts. Tellement d’énergie dans ce doc !
Idées de boîtes 💥 : Transformation à la ferme, fermes pour des collectivités, vente en flux poussés en supermarché. 5 idées à creuser ;)
Tu veux te lancer ? On cherche des associé.es pour 2 projets de circuits courts dans la communauté Plouf :
Robin travaille sur un projet de livraison de plats préparés en circuits courts.
Timothé lance un modèle de transformation à la ferme, pour aider l’agriculteur à mieux valoriser sa production en circuits courts. On se retrouve sur Plouf :)
Vocaux 📣 : Juliette (Crowdfarming), Jean-Philippe (Foodbiome), Augustin (Cuisinons Nos Paysages), Paul (Alancienne), Charles (Poiscaille), et Philippe (La Ruche Qui Dit Oui) nous livrent leurs apprentissages et conseils… Ça ressemble un peu à un sommet pour les circuits courts nan ?
J’ai co-écrit cette newsletter avec l'excellent Paul Charlent, cofondateur d’Alancienne. Ce fleuron des circuits courts a dû fermer. Paul est aujourd'hui manager de transition, avec toute l'expérience de ceux qui ont dû gérer les hauts et les bas de l'entrepreneuriat.
Merci aussi à l’habituelle Alice Carré-Seemuller, qui m’aide dans l’écriture de ces plongeons.
On plonge ?
Si tu as 5 minutes
1. Enjeux 🤔 : le prix et la logistique, les deux freins à surmonter.
Le vrai prix de l’alimentation
C’est pas simple tous les jours pour les acteurs des circuits courts. Valoriser des produits alimentaires est un défi quotidien.
Et pourtant acheter un produit en circuit court coûte souvent plus cher, alors même qu’il n’y a plus les intermédiaires à payer. Étonnant ?

La réponse à la question de Simon est assez simple. Acheter en circuit court coûte plus cher parce que le modèle n’est pas massifié :
Massification de la production : produire des tomates sur une petite ferme maraîchère coûte plus cher à la tomate. Produire des centaines de tonnes sur une énorme ferme espagnole coûte moins cher à la tomate. Mais la qualité ne sera peut-être pas la même…
Massification de la logistique : une tomate du maraîcher voisin est transportée dans un petit Kangoo avec 10 autres cagettes. Celle du Maroc arrivera dans un poids lourd de 20 tonnes. Son coût logistique à la tomate sera plus faible.
La valorisation des externalités : la piste la plus intéressante ?
Est-ce que tu savais qu’il existe des “coûts cachés” dans l’alimentation française ? Ils sont de 177 milliards de dollars selon la FAO…
Ces coûts cachés sont autant écologiques (traitement de l’eau polluée, dégradation des sols) que sanitaires (obésité, diabète etc.).
L’État dépenserait déjà 19 milliards d’euros chaque année pour compenser.
Ces coûts ne sont pas inclus dans le prix final payé par le consommateur à la caisse. La dépense est différée : le consommateur les paiera indirectement plus tard. Par exemple en payant des impôts pour financer la santé et la protection de l’environnement…
Quand un produit est bio, agroécologique, et distribué en circuit court, il coûte plus cher à la caisse. Mais il va avoir un impact positif sur les sols, l’eau, la santé. La société va faire des économies d’impôts grâce à ces produits... Et ça n’est pas inclus dans le prix payé par le consommateur.
Le modèle industriel actuel permet de diminuer les prix alimentaires, et transfère les externalités négatives à la société. Le juste prix de l’alimentation passe par le fait de réintégrer ces coûts…
Chers politiques, on s’y met ?
Problème : il manque l’outil de calcul.
Combien valent ces externalités positives ou négatives ?
On peut quantifier les externalités environnementales des produits alimentaires grâce à la base de données AGRIBALYSE. Elle contient les analyses de cycle de vie de plus de 200 productions agricoles et plus de 2 500 aliments prêts à être consommés. Leurs émissions de gaz à effet de serre, de polluants dans l’air et dans l’eau... Super utile !
Il existe les mesures Agri-Environnementales (MAE) et paiements pour systèmes environnemetaux (PSE). Le but est de booster les projets qui vont avoir des effets positifs sur l’environnement. Produire en agroécologie bio peut avoir un impact positif sur les nappes phréatiques par exemple. Et générer un paiement par une Agence de l’eau. Mais on continue de ramer sur l’estimation économique des externalités, notamment pour le bio. Pas simple !
Rien à voir avec l’alimentation, mais cet exemple est super inspirant.
La ville de Niort a décidé d’acheter des véhicules en prenant en compte les coûts cachés. Elle intègre depuis 2010 le coût des externalités environnementales dans ses marchés publics (émissions de CO2, NOx, etc.)
Si ton véhicule est moins polluant mais plus cher à l’achat, elle assumera qu’il coûtera moins cher à la collectivité et donc son prix sera réévalué comme plus faible. Cool non ?
Elle appuie son calcul sur la directive européenne “Véhicules propres”. À quand le développement d’un outil de calcul pour les marchés de restauration “Alimentation propre” ?
La loi Egalim est sur la bonne voie. Elle mobilise la commande publique en restauration collective pour booster les circuits courts (objectif 50% d’achats de produits durables). Peut-être qu’elle pourrait aussi introduire une valorisation des externalités positives ?
Lorsque tu achètes un emballage, tu paies une éco-contribution. Elle sert à financer la fin de vie du produit. On estime que le prix de l’emballage est faussé, parce qu’il faut recycler ce produit et que ça coûte cher à la société. Donc on lui ajoute une éco-contribution pour financer sa fin de vie, et on appelle ça la “Responsabilité Elargie du Producteur (REP)”.
À quand une filière “Responsabilité Elargie du Producteur Alimentaire” qui intégrerait une responsabilité sur l’eau, la santé, les sols, la biodiv ?
Un produit alimentaire dont le coût est dérisoire pourrait devoir inclure une éco-contribution importante, parce que la société doit assumer des coûts cachés derrière son prix bas.
Créer une logistique plus performante
La biscuiterie bretonne la Mère Poulard s’est rendu compte qu’elle avait acheté du beurre produit à 90km… mais qui était passé par un entrepôt aux Pays-Bas. Il a été congelé puis décongelé, le temps que les intermédiaires puissent faire leur beurre en spéculant sur les prix.
Un délire à la fois économique et écologique pour cette boîte qui tente pourtant de décarboner son activité. Question bête : pourquoi ne pas acheter directement auprès des fabricants locaux ?
La Mère Poulard a du mal à se procurer les 70 000 tonnes annuelles de beurre dont elle a besoin pour ses biscuits.
Les industriels comme les agriculteurs préfèrent souvent travailler avec des intermédiaires : simplicité, volumes garantis, contrats plus avantageux financièrement. La proximité compte pour du beurre ? Il faut rendre le circuit court plus attractif, en le rendant plus efficient.
Les circuits courts doivent rivaliser avec des chaînes de distribution longues bien établies, qui bénéficient d'économies d'échelle difficiles à égaler. C’est le cas au niveau économique, mais aussi écologique. Le commentaire d’Adrien la semaine dernière est très pertinent.

Il faut rendre la logistique des circuits courts plus efficiente, et mettre un maximum de monde en réseau.
Il faut :
du local : ex de points de vente collectifs sur chaque territoire. Pour mutualiser les points de vente.
du multi-local : ex de systèmes de stockage répartis partout. Pour mutualiser le stockage à de nombreux producteurs.
du digital : ex de plateformes de distribution, de solutions logicielles d’optimisation de logistique… Pour remplir des camions, et rendre la logistique efficace.
En plus quand on crée un modèle de circuit court, il faut que tout reste simple.
Tu vois cette image du canard, zen en extérieur mais qui pédale comme personne sous l’eau ?
Quand on développe des circuits courts, il faut :
Que le consommateur trouve ça simple comme bonjour, aussi simple que d’acheter un produit sur un étal. Pour que la transformation soit rapide et massive.
Alors que gérer des circuits courts est d’une complexité 100 fois plus grande que de gérer un modèle massifié.
Le service de CrowdFarming est un super exemple (retrouve Juliette en vocal en bas). Tu peux adopter un arbre et recevoir tes fruits bio en direct. L’agriculteur valorise mieux ses produits, et toi tu sais que tu recevras tes fruits. C’est simple. Et pourtant on peut imaginer que derrière tout ça la logistique et les process doivent être un casse-tête !
Si tu as 10 minutes de plus
Si tu as 10 minutes de plus, je te propose :
Défis 🤝 : Accélérer le développement des circuits courts.
Inspirations 👏 : Plus de 50 inspirations de projets.
Idées de boîtes 💥 : 5 exemples de boîtes à creuser.
Vocaux 📣 : Juliette (Crowdfarming), Jean-Philippe (Foodbiome), Augustin (Cuisinons Nos Paysages), Paul (Alancienne), Charles (Poiscaille), et Philippe (La Ruche Qui Dit Oui).
Oups, cet e-mail sera coupé avant la fin. Lis-le directement dans ton navigateur 👇
2. Défis 🤝 : Accélérer le développement des circuits courts
Redonner de la valeur à l’alimentation
On a souvent l’impression qu’il est difficile de valoriser un produit agricole. Comparé à un vêtement, ou à un produit technologique par exemple.
Certains produits échappent à cette tendance et ont toujours une valeur élevée. Parfois même délirante.
482 000€ la bouteille (gloups). Le vin bénéficie parfois d’une forte valorisation en raison du savoir-faire, du terroir et du prestige associés à certaines régions. Un “effet marketing placebo” joue sur le plaisir et le goût. Un même vin est jugé meilleur quand son prix augmente. In vino veritas ?
20 000€ pour deux fruits : les Japonais ont chopé le melon ? Au Japon, les fruits de luxe comme les melons Yubari King sont vendus à des prix exorbitants pour leur rareté et leur perfection esthétique. Dans l’esprit des consommateurs, un produit plus cher est considéré comme plus sain, et inversement. C’est pas forcément le cas.
Selon une étude, les consommateurs en circuits courts privilégient la qualité sur le prix. C’est déjà une belle nouvelle.
Comment augmenter la valeur des circuits courts dans la tête des consommateurs, pour qu’ils aient envie d’investir dedans ?
Rendre visible la rémunération des producteurs
69% des consommateurs seraient OK pour payer plus cher le lait, la viande ou les œufs. Mais à une seule condition : que cette hausse soit répercutée sur les revenus des agriculteurs.
Ça monte même à 84% si on parle de filets de poulet. Vendus 3,9€ au lieu de 3,4€, les 50 centimes de différence pourraient être reversés directement au producteur.
Comment on fait pour que ça n’arrive pas quand les poulets auront des dents ?
Aujourd’hui, les consommateurs ont du mal à payer plus cher pour un produit plus rémunérateur pour le producteur. La raison ? Ce qui est versé au producteur est souvent un secret bien gardé des intermédiaires. Invisible pour le consommateur.
Comment on rend l’invisible visible ?
C’est l’objectif du projet de rémunéra-score, inauguré par Lidl et la Fédération Nationale Bovine… sans effet bœuf à ce stade.
Omie a développé la “roue de répartition de la valeur”. Prenons l’exemple d’un pesto vert à 4,8€ : 1,31€ correspond à la production, 0,91€ à la fabrication, 1,18€ au fonctionnement du service (stockage, préparation des commandes, véhicules, frais bancaires, assurances…), 1,13€ à Omie, 0,25€ à la TVA et 0,02€ au développement de l’agriculture régénérative.
C’est qui le patron (CQLP) : les sociétaires de la Société des consommateurs votent pour un niveau de “juste rémunération du producteur”. Le packaging zoome sur la répartition entre les acteurs de la supply chain. Pour des yaourts à 2,43€, la juste rémunération du producteur est de 0,54€, auxquels s’ajoutent 1,63€ pour les intermédiaires (laiterie, transporteur, distributeur), 0,13€ de TVA et 0,11€ pour CQLP.
Renverser la chaîne de valeur
Quand le consommateur subit le marketing agressif de l’industrie agroalimentaire massifiée, le producteur produit ce qui est vendu. C’est une logique de flux tirés.
Quand le consommateur achète en circuit court, le producteur vend ce qui est produit. C’est une logique de flux poussés.
Une chaîne alimentaire en « flux poussés » recrée de la valeur à toutes les étapes :
Elle réduit le gaspillage alimentaire, évalué à 4 millions de tonnes par an en France, dont 22% au stade de la production agricole post-récolte, 17% pour la transformation et 8% pour la distribution. Les déchets alimentaires de la production agricole sont composés à 72% de produits comestibles jetés : fruits et légumes “moches”, hors calibre, surproduction agricole… Leur tentative de valorisation en grande distri via le label Quoi ma gueule n’a pas permis de tout résoudre. Les circuits courts sont une alternative pour valoriser l’ensemble des productions disponibles.
Elle évite à l’agriculteur de surproduire et aux intermédiaires de stocker en anticipation de la demande et des aléas. L’agriculteur est bien mieux valorisé.
Investir dans la transformation
L’objectif de transformer en local est de ramener de la valeur au niveau de l’exploitation ou d’un réseau d’exploitations. Mais il faut lever 3 freins :
L'investissement initial et les coûts masqués. Fermalab permet de réduire ces coûts grâce à des containers de transformation clé en main par exemple.
L’atteinte de débouchés commerciaux suffisants. Invitation à la Ferme mutualise le marketing, la commercialisation et les achats pour le compte d’un réseau de laiteries à la ferme. Kheops est une solution logicielle qui permet aux producteurs de rentrer en contact avec des distributeurs locaux, et inversement. La grande distri doit aussi faire sa part du travail et transformer son mode de sourcing.
La gestion de la logistique des livraisons. C’est un gros défi.
Par exemple, “J’achète fermier” développe des micro ateliers de transformation de yaourts. Ils sont installés chez une dizaine d’éleveurs. Les produits sont ensuite vendus sous la marque “J’achète fermier” chez Intermarché. Mais le noeud du problème pour faire grandir ce projet est clairement la logistique. Il faut amener les yaourts des éleveurs aux supermarchés de manière rentable. Et ça s’ajoute à des journées déjà bien chargées !
De nombreux acteurs des circuits courts pratiquent le co-transport. Ça peut être en interne entre plusieurs acteurs, ou en externe avec des boîtes comme La Charrette. C’est d’autant plus important que cette distribution s’ajoute à la journée de travail…
Faciliter l’expérience des consommateurs
Il faut simplifier l’expérience pour les consommateurs. Les circuits courts ne peuvent pas se démocratiser s’ils ne reposent que sur des citoyens engagés. Ou pire, s’ils imposent une consommation sous contrainte.
Le partenariat entre le Fourgon et les Prairies du Boulonnais met à disposition du lait stérilisé local en bouteilles consignées aux clients du Nord de la France. Pas besoin de rapporter sa bouteille à la ferme ou chez un intermédiaire, le Fourgon s’en charge. Et ça change tout.
Éduquer et sensibiliser
Beaucoup de consommateurs ne sont pas encore pleinement informés des avantages des circuits courts. Il faut expliquer les bénéfices écologiques, économiques et sociaux de ces modes de consommation.
Ca passe par des campagnes de comm grand public comme Dire oui aux circuits courts ou Fraisetlocal.fr, des partenariats avec les collectivités locales, l’éducation…
La sensibilisation dès le plus jeune âge est au programme de The Edible Schoolyard Project fondée par Alice Waters aux Etats-Unis. Sa petite sœur française est L'école comestible.
Même combat pour les acteurs de la chaîne alimentaire, comme les restaurateurs. Des instituts de formation comme l’école de cuisine La Source forment à une cuisine engagée, et notamment en circuits courts.
3. Inspirations supplémentaires 👏
On a répertorié plus de 50 boîtes et assos qui s’engagent pour développer les circuits courts, et on les a catégorisés comme ça :
Ils connectent le consommateur directement au producteur
Ils transforment en circuit court
Ils cuisinent en circuit court
Ils sont grossistes en circuit court
Ils optimisent la logistique
Ils lancent de nouveaux modèles de fermes périurbaines
Ils t’aident à te lancer dans le circuit court
Ils sensibilisent et forment à la valeur du circuit court
Voilà le doc ici de la chaîne de valeur des circuits courts : n’hésite surtout pas à nous faire des suggestions si tu veux ajouter / modifier quelque chose.
On l’a mis sur un Google doc plutôt que dans la newsletter pour que ça soit collaboratif. Dis-nous si tu trouves ça sympa ou si tu préfères l’avoir dans la news ;)
4. Idées de boîtes 💥
Voilà 5 idées de projets. Ce ne sont pas des projets prêts à lancer, mais des pistes qui paraissent super utiles à creuser.
Accélérer la transformation à l’échelle d’une ferme
La farine est mieux valorisée que le blé dur… Il faut simplifier la transformation à la ferme pour que plus d’agriculteurs puissent vendre en direct. C’est ce que travaille en ce moment Timothé dans notre communauté Plouf.
Les projets comme Fermalab se multiplient. Le gros challenge est la logistique.
Il faudrait réfléchir à des projets de valorisation de produits qui soient moins complexes en logistique.
Une conserverie (exemple de Cuisinons nos paysages) est intéressante parce que les produits se conservent super longtemps donc les livraisons sont moins fréquentes.
Et si on lançait un atelier de chips de légumes ? De soupes ? De pots pour bébé ? De confitures ? Il faudrait creuser les projets dans le détail.
Timothé travaille en ce moment dans notre communauté Plouf à un projet de transformation à la ferme, dont le nom de code est Transfarm. Il cherche un.e/des associé.es, si tu es motivé.e rejoins-nous sur Plouf.
Mission : donner à l’exploitant agricole une opportunité de création/captation de valeur par une activité de transformation réalisée à l’échelle de son exploitation.
Action : accompagner l’exploitant agricole de bout-en-bout pour déployer des unités de production de denrées alimentaires de petite/moyenne capacité en milieu rural.
Développer une distribution des circuits courts en flux poussés.
Il faut que la distribution puisse s’adapter à la production agricole, et pas l’inverse.
Les AMAPs ont utilisé les flux poussés pour valoriser les agriculteurs par leurs paniers. Tu as un panier chaque semaine avec abonnement, mais tu ne sais pas ce qu’il y a dedans. C’est aussi le cas du marché, ou le producteur local vient avec ses produits, et le client s’adapte à ce qu’il y a sur les étals.
Et si tu testais le modèle de la “concession” pour insérer cette logique de flux poussés en grande distribution ? Tu as déjà croisé un stand “sushi daily” chez Carrefour par exemple ? Tu pourrais utiliser le même modèle.
Tu aurais ton stand dans le supermarché, et tu laisserais environ 15% de ton CA au distributeur. Tu viens avec ta prod, et tu vends comme sur un marché. Le client passe quand même en caisse au supermarché, et tu récupères environ 85% de ce chiffre.
Pour le client, ça permet de cumuler les avantages du marché (produits en circuit court, qualitatifs), avec ceux du supermarché (facilité).
Développer une méthode de calcul fiable qui valorise les externalités positives de l’agriculture en circuits courts.
Quel prix supplémentaire devrait-on payer pour un produit en circuit court, bio, et agroécologique ? Valoriser clairement le gain potentiel futur sur nos impôts permettrait de valoriser fortement les circuits courts.
Cette méthode de calcul pourrait être utilisée par des collectivités et entreprises, pour acheter des produits alimentaires en valorisant leurs externalités positives.
Le modèle économique peut être par exemple de la vendre en licence à des marques, à des distributeurs qui veulent mieux acheter, ou à des collectivités.
Mettre en place des fermes pour les collectivités
Une régie agricole est une ferme gérée directement par une collectivité, pour approvisionner les cantines. Elle utilise un foncier qui lui appartient, et y installe un producteur. Ça lui permet d’améliorer la qualité de l’alimentation des cantines, et ça crée des emplois.
Dans le cadre de leur PAT (Projets Alimentaires Territoriaux), énormément de collectivités y réfléchissent sérieusement. Leur modèle n’est pas toujours profitable aujourd’hui. Il pourrait être optimisé.
Certains développent des fermes pour les collectivités, mais en version externalisée. Ça peut être un beau projet entrepreneurial. Voir le détail ici.
Livraison de plats traiteurs en circuits courts
Développer des modèles de plats préparés spécialisés sur les circuits courts est intéressant. Il est possible de s’appuyer sur un modèle économique solide, et une belle différenciation.
Robin s’intéresse à ce projet dans la communauté Plouf. N’hésite pas à nous rejoindre pour creuser le sujet à plusieurs et potentiellement t’associer.
5. Vocaux 📣
Juliette Simonin est cofondatrice & COO de Crowdfarming. Ils te permettent d’adopter ton arbre en circuit court depuis plus de 7 ans.
Ce qu’on peut retenir :
L’importance de la qualité de l’expérience utilisateur pour le consommateur. Il faut que la promesse faite par le producteur soit tenue. La qualité produit est souvent là. Mais la livraison et la logistique sont un challenge. Il faut travailler avec les bons partenaires et investir dans le suivi.
Il faut du volume, pour créer de l’opportunité pour les producteurs. Les circuits courts leur demandent plus de travail. Il faut bien choisir les produits à intégrer, réduire la taille du catalogue.
Jean-Philippe Querard est fondateur de Foodbiome, cofondateur de Pour Une Agriculture du Vivant, et ex-directeur des achats d’Elior.
Ce qu’on peut retenir :
Il faut se concentrer sur une seule cible, comme la restauration ou les consommateurs. Gagner en efficacité et en focus
Avoir un business model réaliste, exigeant. Rechercher les points d’équilibre par paliers. Viser une rentabilité à chaque étape de la croissance, le monde du financement peut créer de vrais trous d’air.
Être vigilant sur la logistique. Les flux sont fragmentés, il faut les organiser. C’est la difficulté principale.
Charles Guirriec est fondateur de Poiscaille, qui vend depuis 11 ans du poisson frais en circuit court.
Ce qu’on peut retenir :
Le circuit court est un moyen, plus qu’une fin. Ca apporte de la transparence, une meilleure rém des producteurs. Mais bon, si un grossiste peut garantir tout ça, tant mieux. Parce que tu passeras plus de temps chez tes clients et producteurs.
La concurrence a augmenté. Aujourd’hui tu as du direct producteur dans plein de magasins partout. Sur le poisson frais en direct ça va, parce qu’il en manque vraiment. Mais en fruits et légumes, c’est devenu très concurrentiel.
Je n’irai pas sur l’e-commerce. Je regarderais d’autres canaux, des magasins physiques. Je creuserais la restauration aussi, les volumes sont importants.
Business model. Aujourd’hui on essaie d’acheter plus cher au producteur, donc la rentabilité est plus difficile. Pourquoi ne pas payer au prix du marché, pour grandir plus vite et pérenniser le projet. Mais sanctuariser les bénéfices et s’engager dès le départ à partager ça avec les producteurs dès que le modèle est stable ?
Augustin Le Goaster est cofondateur de Cuisinons nos paysages. Il veut mailler le territoire de conserveries en circuits courts.
Bosser avec humilité, et ne pas avoir trop de préjugés sur les acteurs et institutions de l’agricole. Aller sur le terrain, rencontrer les gens qui font.
Bien comprendre qui fait quoi, pour s’intéropérer et capitaliser sur les expertises des autres. Mutualiser le savoir-faire et les compétences.
Bien s’entourer, comme avec Foodbiome pour Cuisinons nos paysages.
Philippe Crozet est co-CEO de La Ruche Qui Dit Oui.
Pas besoin d’attendre un projet pharaonique pour avoir de l’impact. Il faut multiplier les petits projets, par effet boule de neige.
L’impact est concret, très rapidement. Tu peux très vite permettre à quelques producteurs de se développer et d’investir.
Ne pas hésiter à parler de son projet. Écarter les notions de concurrence. “J’ai parlé trop tard à certains que je trouvais concurrents.”
Paul Charlent a été cofondateur et CEO d’Alancienne pendant 9 ans, pour démocratiser les circuits courts. Il est aujourd’hui manager de transition, et il a co-écrit cette newsletter.
Et si on créait aussi du circuit court social ? On va tous dans des salles de sport pour dépenser l’excès d’alimentation consommé. Et si on le faisait dans les champs avec un coach sportif agricole pour aider les producteurs ?
Équiper les producteurs : il faut de la tech, des outils. Qu’ils puissent grandir et être autonomes.
Il faut réinventer les coopératives. Sortir de ces modèles opaques qui coupent l’information.
La comptabilité intégrée permettrait de réintégrer les coûts cachés dans l’agriculture.
Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui. Merci de nous avoir lus jusqu’au bout.
🙏 Énorme merci à Paul et à Alice pour la coécriture.
Merci aussi à Pierre et sa super newsletter, il m’aide à communiquer ce contenu au plus grand nombre, notamment par Linkedin.
J’ai deux derniers services à te demander :
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Et si ça t'a donné envie de te lancer, rejoins la communauté Plouf, pour te connecter, challenger et rencontrer ta/ton associé.e !
À très vite,
Merci pour la mention 🤩 La réponse un peu courte, mais le vocal du fondateur de la poiscaille très intéressant. Être agriculteurs c’est aussi faire du business, et donc être cohérent avec le marché et ses prix 💯
Je constate que souvent les agriculteurs ’engagés’ finissent par augmenter leurs prix sans chercher l'efficacité pour leurs clients, par exemple en allant quand même chercher des aides à la PAC (que tu n’as d’ailleurs quasiment pas mentionné 🤨) ... Dommage pour le prix final payé par le consommateur 🙃 l’agriculteurs lui a gagné beaucoup de temps se faisant...
Encore bravo pour le super boulot de synthèse sur ce complexe sujet !
Bonjour, merci beaucoup pour cette super newsletter qui donne à réfléchir. Je crois que le lien vers les 50 boites et assos des circuits courts ne marchent pas. Le lien renvoie vers un draft du post sur google drive!