FEVE : Investir l'agriculture de demain
FEVE finance l'installation de dizaines de fermes en agroécologie bio chaque année. Aventure incroyable !
Hello, voilà la newsletter du Plongeoir #71.
Demain, c’est l’ouverture du salon de l’agriculture 2025. Je te propose pour l’occasion de plonger dans une histoire agricole super inspirante : celle de FEVE.
Cette édition fait partie de mon programme “Plongeons portraits”.
Cette folle équipe s’est fixée l’objectif d’investir 100 millions d’euros pour multiplier les fermes agroécologiques bio d’ici 2026. Puis 100 millions par an ensuite !
Comme 1€ investi = 1m2 converti, ils visent la conversion de la surface de Paris en agroécologie bio chaque année…
Ils ont déjà converti plus de 2000 hectares
On t’a prévu un webinaire “Pourquoi et comment investir dans la terre agricole”. Ça sera le vendredi 14 mars à 12h30. Inscris-toi !
Si tu as 30 secondes
Constat 🧐 : En France, 7 millions d’hectares vont changer de main en 10 ans. La surface de l’Irlande. Il est temps de faire un choix. On peut les flécher vers l’agriculture dont on rêve pour nos enfants.
Sujet 🤓 : L’histoire de FEVE est fascinante. 3 profils startups qui se sont faits petits pour progressivement apprendre et aujourd’hui flécher plus de 30 millions d’euros par an dans l’agriculture la plus exigeante qui soit.
Ingrédients 🤔 : FEVE a grandi en misant tout sur l’exigence. C’est très rassurant pour celles et ceux qui veulent épargner dans la terre agricole. Un de leurs secrets est aussi l’accompagnement des porteurs de projets en agriculture. Ils sont plus de 2000 à échanger sur leur plateforme La Grange.
Action✌️ : Tout savoir sur l’investissement dans la terre agricole avec FEVE. Frais, liquidité, rentabilité. Je te raconte tout ;)
Vocaux 📣 : Vincent et Simon (2 des 3 cofondateurs) nous partagent leur vision en vocal.
On plonge ? Hihaaaa
Cet article est un “Plongeon Portrait” du Plongeoir. Les partenaires rémunèrent le Plongeoir pour ce travail. Tu peux lire ici comment on les sélectionne.
Si tu as 15 minutes
Au programme :
Constat : le futur de l’agriculture se décide maintenant.
Sujet : FEVE, une belle histoire devenue réalité.
Ingrédients : La recette de FEVE.
Action : Investir dans la terre agricole pour les nuls.
La newsletter sera coupée avant la fin et tu louperas l’essentiel, alors lis-la en ligne ;)
1. Constat 🧐 : le futur de l’agriculture se décide maintenant.
Les grandes personnes aiment les chiffres.
75% : pourcentage des fermes françaises qui ont disparu en 50 ans. C’est fou. Mais alors elles sont où ?
69 hectares : taille moyenne d’une ferme aujourd’hui, contre environ 20 ha il y a 50 ans (1 hectare = 100m par 100m). La principale raison est là : les fermes se sont agrandies.
200 000 : nombre de fermes qui vont être cédées dans les 10 prochaines années. Le baby-boom fait son effet. D’ici 10 ans, la moitié des agriculteurs va partir à la retraite.
7 millions d’hectares : surface agricole qui va donc changer de mains en 10 ans. C’est la surface de l’Irlande… Massif.
Il est temps de faire un choix.
Les agricultrices et agriculteurs qui ont les moyens de reprendre ces 7 millions d’hectares sont ceux qui cultivent déjà les plus grosses surfaces. Logique. Comme dans n’importe quel secteur, les plus gros achètent les plus petits.
Les plus grosses fermes sont en agriculture conventionnelle. Elles ont grossi en standardisant leurs process, en se spécialisant sur peu de cultures, et en utilisant engrais de synthèses et pesticides.
Aucun jugement ici, c’est ce que leurs clients distributeurs et industriels leur ont proposé de faire pendant les 50 dernières années. Le mantra de cette époque ? Rendre l’alimentation toujours plus accessible. “Si vous trouvez moins cher ailleurs, on vous rembourse 10X la différence messieurs dames !”
Donc dans 10 ans l’agriculture sera :
Conventionnelle sur d’énormes fermes. Si on ne change rien.
Bio et agroécologique sur des fermes à taille humaine. Si on change tout.
Il faut flécher ces fermes à transmettre vers des agricultrices et agriculteurs qui veulent changer de modèle. C’est exactement pour ça que Ferme en vie (FEVE) s’est lancé il y a 4 ans…
Tu peux investir dans FEVE dès 500€ pour épargner et financer l’installation d’agriculteurs en agroécologie bio.
Inscris-toi au webinaire du vendredi 14 mars à 12h30 pour en savoir plus :
2. Sujet 🤓 : FEVE, une belle histoire devenue réalité.
Voilà l’histoire de FEVE. Accroche-toi !
Saison 1 : la rencontre
Tout commence en 2020. Marc sort d’une aventure entrepreneuriale intense, Dataiku. Si tu ne connais pas, c’est une boîte qui permet d’analyser des données sans être expert en informatique.
C’est un joli succès, la boîte compte plus de 1 000 salariés partout dans le monde. Mais ça fait déjà 7 ans que Marc a cofondé ce projet devenu immense, et il a envie de revenir à un projet plus terre à terre. Ça tombe bien, puisqu’il avait fait des études d’ingénieur agro :)
Le hasard l’a amené à la data, et Dataiku a explosé. Ils ont même déjà levé plus de 400 millions d’euros en 2020 (800 millions aujourd’hui). Mais les questions se multiplient dans son cerveau.
“Et si on trouvait le moyen d’investir autant d’argent, mais pour accompagner les fermes agroécologiques bio ?”
Marc Batty, cofondateur de FEVE (en 2020)
Il retrouve alors Simon, un bon ami qui avait fait l’agro avec lui. Il sort aussi d’une aventure entrepreneuriale, pour optimiser la vente directe des agriculteurs : Promus.
Il a fait le même trajet dans sa tête que Marc. Il a eu le même déclic. Marc et Simon se projettent pour chercher comment ils peuvent vraiment investir leur expérience, énergie, et même leurs économies dans un projet vraiment transformateur.
C’est alors que Vincent rentre dans la boucle. C’est un ingénieur polytechnicien que Marc a rencontré grâce à 50Partners impact, un collectif d’investisseurs dans l’impact qu’ils adorent tous les deux. Vincent vient de vendre la boîte qu’il a développée pendant 8 ans. Un projet de téléassistance pour personnes âgées qui a très bien marché.
Vincent n’y connaît rien à l’agriculture et n’a pas fait l’agro, mais le sujet le fascine de plus en plus.
Je le comprends bien. On a analysé plus de 26 secteurs depuis 18 mois dans Le Plongeoir, mais l’agriculture reste probablement celui qui a l’impact potentiel le plus grand.
Vincent comprend vite que quand tu te lances pour agir dans l’agriculture, c’est le double effet Kisscool :
Tu agis sur le cœur du problème : l’agriculture représente 21% des émissions de gaz à effet de serre de la France, notamment à cause de la production d’engrais ou de pesticides. Elle a aussi eu un impact important sur la disparition de biodiversité. Par exemple 70% des insectes en Europe ont disparu. C’est aussi un sujet sensible pour la pollution de l’eau douce en nitrates.
Tu accélères la solution : L’agriculture est en même temps assise sur le plus gros espoir. La terre agricole est un gros réservoir de stockage carbone. Plus gros que l’atmosphère. Une agriculture bio et agroécologique peut booster la biodiversité, régénérer la qualité de l’eau mais aussi notre santé à tous.
Les 3 décident de se lancer dans l’agriculture. Mais par où commencer ?
Ils rencontrent Astrid lors de cette réflexion. Elle est fille d’agriculteur, et elle sort de 6 mois de break pour réfléchir au futur de l’agriculture. Elle a 28 ans et elle travaille dans une asso hyper câblée sur le sujet : Pour Une Agriculture du Vivant.
Astrid, Marc, Vincent et Simon réfléchissent au projet entre janvier et octobre 2020, en plein Covid. Chacun est dans son lieu de confinement, et les échanges fusent. Tout le monde se motive.
On est fin 2020. C’est parti, ils décident de cofonder la boîte tous les 4. Ça s’appellera FEVE, pour Fermes En Vie. Objectif : accompagner le développement de l’agroécologie bio pour que ça passe de la niche à la norme.
Saison 2 : le lancement du projet
Quand tu mets autant de beaux cerveaux et d’expérience au même endroit, ça part vite. Après quelques mois, l’analyse des 4 cofondateurs est claire :
La taille moyenne d’une ferme française est de 69 hectares. Acheter une ferme coûte très cher. Il faut dépenser 6 000 € en moyenne en France pour acheter un hectare. Si tu ajoutes le matériel et les bâtiments, tu dois souvent investir plus de 700 000 euros.
2/3 des personnes qui veulent s’installer dans l’agriculture ne sont pas issues du monde agricole. Elles n’ont pas toutes les clefs pour naviguer dans le monde complexe de la reprise de ferme.
Conclusion ? Ils pensent à deux types de projet :
De l’accompagnement de futurs agriculteurs
Du financement
L’urgence est clairement au financement. Les banques ne suivent pas. Voilà pourquoi la majorité des fermes finissent par être rachetées par des fermes voisines déjà grandes. Elles peuvent emprunter plus facilement.
Ils décident de créer une foncière, pour pouvoir réunir des investisseurs particuliers et aider des agricultrices et agriculteurs à s’installer.
Ils se rendent aussi compte que beaucoup de monde a envie d’épargner en investissant dans la terre agricole.
Déjà ça fait du sens : financer l’alimentation de nos enfants, capter plus de CO2, régénérer la biodiversité.
Et puis même si ça n’est pas du bitcoin, c’est un investissement intéressant :
On peut bénéficier de 25% d’économies d’impôt sur le montant de l’investissement parce que FEVE est ESS (Entreprise Sociale et Solidaire) avec un agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale).
Le placement semble plutôt sûr, les terres françaises sont parmi les moins chères d'Europe.

Le prix des terres en France a pris 3% par an en moyenne sur 20 ans. C’est un peu moins ces dernières années, mais ça reste une valeur refuge sur le long terme.
Pour l’agricultrice ou l’agriculteur qui veut s’installer, le modèle de FEVE est juste génial :
La foncière achète la ferme pour eux, et les agriculteurs lui paient un loyer. Ça lui permet de se lancer dans l’agriculture, sans avoir à acheter ses terres au départ.
Il a une option d’achat pour lui permettre d’acheter sa ferme dès qu’il le souhaite, à un prix décoté par rapport au marché. C’est ce qui fait que FEVE est une entreprise labellisée ESUS, avec des économies d’impôts pour les investisseurs.
Franchement ça paraît bête, mais beaucoup de monde s’interdit de rêver parce qu’acheter une ferme est souvent inaccessible. Alors quand une personne qu’on a installée vient nous voir pour nous dire qu’elle a réalisé son rêve, c’est tellement magique…
Marc, cofondateur de FEVE
Le modèle économique de FEVE est très simple. D’un côté ils prennent 3% TTC de frais de souscription auprès des investisseurs. De l’autre ils prennent 5% HT de montage de projet, qui viennent s’ajouter au montant de la ferme à reprendre. Tout ça doit normalement leur permettre une marge de 1% sur le montant des fermes installées.
Bref, c’est parti. Les 4 cofondateurs ont trouvé leur modèle. Ils vont lancer leur foncière, et ils commencent à collecter plusieurs centaines de milliers d’euros auprès de particuliers qui veulent s’engager.
La première ferme est achetée en août 2021…
On avait été salariés de cette ferme de polyculture élevage dans les 2 Sèvres. Elle a été à vendre. On en rêvait, mais on savait qu’il serait difficile de trouver les financements. On a vu passer FEVE, on les a contactés, et voilà. On a trouvé chez FEVE un soutien qu'on n'avait pas forcément jusque-là.
Camille et Raphaël, agriculteurs, première ferme financée par FEVE.
Les deux premières fermes sont financées en mode “prototype”, puis la foncière est créée fin 2021 pour passer tout ça à l’échelle. Le début d’une sacrée histoire…
Saison 3 (2023) : 2 crises et un succès
C’est évidemment quand on pense que tout est réglé que les choses se compliquent. Les navigateurs du Vendée Globe disent souvent qu’après une semaine de course sans avarie il faut se tenir en forme. C’est que les problèmes vont bientôt arriver. L’entrepreneuriat fonctionne souvent comme ça !
La première difficulté est une aventure humaine. Gérer un désalignement progressif entre cofondateurs et toujours ce qui est le plus difficile. Et pourtant, on n’en parle pas assez. C’est super fréquent.
Sur les 4 cofondateurs, Astrid se sent souvent en décalage, comme pas totalement alignée avec les choix à prendre.
Fin 2022, le projet a 2 ans. Il faut désormais lever des fonds pour développer FEVE et la foncière. Ils se retrouvent dans une réunion tous les 4. À un moment, la question se pose d’aller chercher 1 million d’euros environ avec des business angels. Ça suppose de s’engager devant ces investisseurs à rester 2 ans à fond.
Tout le monde est OK pour y aller sauf Astrid pour qui la réponse n'est pas évidente. Elle a besoin de temps pour réfléchir. Pour elle comme pour les autres cofondateurs, ce moment est un signal. Ça veut dire qu’elle n’est pas aussi alignée sur le projet. Peu importe d’où ça vient, il faut écouter ces signaux.
Elle annonce alors sa décision de quitter l'aventure, décision avec laquelle Vincent Simon et Marc sont alignés. Astrid est donc partie lancer d’autres projets.
C’est toujours très dur de vivre ces moments, et ça consomme de l’énergie. Astrid avait évidemment beaucoup donné. Elle se bat toujours pour le futur de l’alimentation et de l'agriculture aujourd’hui.
Souvent on cherche des responsables quand on pense à un désalignement entre fondateurs. Mais la plupart du temps il n’y en a pas, c’est juste que chacun a des trajectoires différentes, des envies et des convictions qui évoluent.
Début 2023, FEVE lève 1,7M€ et l’équipe compte déjà une dizaine de salariés. A la mi 2023, ils ont déjà financé l’installation de 12 agriculteurs pour 5M€ investis. C’est parti !
Mais encore une fois, tout ne se passe pas comme rêvé.
Un article de Reporterre sort : “Faire du blé en installant des paysans, le nouveau filon des start-up”.
Malgré leurs profondes convictions et leur engagement sincère, les cofondateurs de FEVE véhiculent une image. À première vue, ce sont 3 startupers qui s’attaquent au marché de l’agriculture.
C’est dur psychologiquement pour l’équipe. Leur volonté est de bouger les lignes et pas d’accumuler les milliards.
C’est un marché par définition peu lucratif, puisqu’il faut d’un côté aider des agriculteurs en leur proposant le loyer le plus faible possible, et de l’autre permettre aux investisseurs une rentabilité. En étant serrés au milieu ça n’est pas simple de trouver de la marge !
Malgré tout ça ils se font petits. Ils avancent avec humilité, et vont rencontrer chaque personne clef de l’écosystème.
Les acteurs existants sont super utiles, c’est le cas de Terre de liens par exemple. C’est une magnifique asso qui existe depuis plus de 20 ans pour financer les agriculteurs qui veulent se lancer en bio. Terre de liens a surtout comme volonté de sortir les terres de la spéculation. Ils les achètent pour les sanctuariser et les louent à des agriculteurs bio.
Certains agriculteurs ont quand même envie de devenir propriétaire de leur ferme, ça peut se comprendre. FEVE arrive en complément, pour ceux qui veulent avoir l’option de détenir leur outil de travail un jour.
Ce que j’adore aussi dans FEVE, c’est que c’est une boucle infinie d’impact. Si l’agriculteur exerce son option d’achat et rachète sa ferme à FEVE, l’argent peut être réinvesti pour financer de nouvelles fermes. Ce n’est pas le cas si l’agriculteur ne peut jamais acheter. Bref, il y a des avantages et des inconvénients dans chaque modèle.
Petit à petit, le projet FEVE fait son chemin et finit de convaincre les sceptiques.
La fin de l’année 2023 est un vrai succès : ils sont bel et bien lancés et finissent l’année 2023 avec 7M€ de levés grâce à 700 investisseurs. Ils ont permis à 17 fermes de voir le jour depuis le lancement.
Saison 4 (2024-2025) : le déploiement
En 2024, l’équipe compte 20 salariés. La culture de la boîte est saine. Le seul turnover qu’ils ont eu en 3 ans, ce sont des personnes qui s’installent comme agriculteurs. Tant mieux finalement !
Les salariés restent fidèles parce que la boîte fonctionne bien évidemment, mais aussi parce que l’impact de leur travail est énorme autant au niveau écologique que social.
Et puis il ne faut pas nier l’aspect management. Les fondateurs n’en sont pas à leurs débuts, et ils ont tous 20 ans de management dans les pattes. Dans la plupart des startups les fondateurs apprennent le management en même temps que leurs équipes, ça n’est pas le cas ici. Ça compte.

En 2024, ils lèvent 18M€ auprès de 2 400 particuliers et d’investisseurs institutionnels pour investir dans 33 fermes. Les efforts commencent à payer !
Le retour des investisseurs est vraiment positif. Et comme on peut investir dès 500€, FEVE arrive à attirer tous types de profils.
J’investis environ 1000€/an chez FEVE depuis 2023, c’est ma manière d’épargner en cumulant sens et économies d’impôts. Tellement plus sympa que de placer sur un livret A…
Léna (26 ans), agronome
Sur les 18M€ levés en 2024, 8M€ viennent de La Caisse de dépôts, du fonds Entrepreneur du Vivant et de fonds d’économie sociale et solidaire comme Mirova ou Ecofi par exemple. Il n’y a pas que des particuliers qui investissent, les investisseurs institutionnels suivent. Ça rassure tout le monde !
Ce qui a fini d’asseoir la légitimité de FEVE en 2024, c’est le gain d’un appel d’offre incroyable. Comme ils sont en contact avec des milliers de producteurs en transition, ils obtiennent un financement de 17M€ grâce au système des certificats d’économie d’énergie (CEE). L’objectif est d’accompagner plus de 5 000 agriculteurs déjà installés. Ils vont les aider à diminuer leur consommation d’énergie directe (ex. moins de carburant) et indirecte (ex. moins d’engrais de synthèse).
L’équipe peut se permettre d’être encore plus ambitieuse désormais. Vive l’agriculture de demain :)
Ils ont levé 7M€ en 2023, 18M€ en 2024. L’objectif a été fixé à 30M€ en 2025. Ils veulent avoir investi plus de 100 millions d’euros dans des fermes agroécologiques bio en 2026 puis investir 100M€ chaque année…
Ce qui me fait un bien fou personnellement, c’est de repenser à leur questionnement initial il y a 4 ans. À leur prise de conscience post “startup nation” : “Comment trouver le moyen d’investir des dizaines de millions dans des fermes bio agroécologiques ? Plutôt qu’uniquement dans des startups ?”
Et bien je crois bien qu’ils sont en train de le faire. Magistral !
3. Ingrédients 🤔 : la recette de FEVE.
FEVE est un projet qui attire. Ils ont ce petit truc en plus qui fait que tu sens que le projet va grandir de manière saine pendant des dizaines d’années. J’ai tenté de remonter à l’origine de cette flamme, voyons si ça te parle !
La charte Feve
Ils ont développé une charte, que chaque candidat à l’installation se doit de suivre. C’est un peu le deal de départ, et il est super clair :
100% Bio. Cet engagement est vraiment massif parce que le marché du bio n’est pas toujours simple à court terme. Mais pour FEVE c’est fondamental. Le Bio a aussi l’avantage d’être un modèle audité par des Tiers (comme Ecocert). C’est une garantie de plus.
Travail minimal du sol, couverture maximale, diversification des cultures. Il ne suffit pas d’être bio, il faut aussi éviter d’épuiser le sol.
Une juste place de l'élevage selon des modèles diversifiés de polyculture élevage. Il faut s’aligner avec notre besoin à tous de réduire la part de protéines animales dans notre alimentation, sans pour autant l’exclure car c’est utile en agroécologie.
Gestion de l’eau, de la biodiversité, du bien-être animal. Ils sanctuarisent par exemple 10% de la surface agricole en “infrastructures d’agroécologie” : mares, haies, forets, etc.
Leur charte inclut aussi une dimension sociale. Il faut par exemple partager les connaissances et savoirs faires entre membres de FEVE. C’est tellement puissant ça. Imagine quand il y a aura des centaines d’agriculteurs FEVE en agroécologie bio qui partageront sans cesse leurs expériences...
Leur charte est tellement riche qu’au début ils ne trouvaient pas de projets à financer. 🙃
Au départ, on a eu un peu peur. La première année on a vu passer des dizaines de projets et on n’a rien financé… Mais au final on a pu trouver des agricultrices et agriculteurs motivés, et de plus en plus nombreux. Aujourd’hui on a déjà investi plus de 30 millions d’euros dans cette agriculture qui est la plus exigeante qui soit. C’est notre plus grande fierté !
Simon, cofondateur de FEVE
Ce qui me frappe dans leur gestion, c’est leur envie d’être super structuré et pro dès le départ. Ils ont par exemple mis en place un comité d’évaluation indépendant. Il est consulté avant chaque projet d'investissement dans une ferme.
Son avis doit être positif pour investir. Et si un agriculteur décide de n’en faire qu’à sa tête et de quitter le bio après avoir obtenu son financement on fait comment ?
La charte est annexée au bail rural que l’agriculteur signe. Il est possible de le rompre s’il y a trop d’abus.
L’agriculteur peut exercer une option d’achat et acheter la ferme. Mais cette option est soumise à l’application de la charte.
J’adore ce genre de projet qui mixe exigence à toute épreuve, transparence dans le process, et collectif.
Revaloriser le vivant
FEVE ne finance que des projets agroécologiques bio. Les projets agricoles les plus exigeants en terme de respect du vivant. Est-il nécessaire d’être si radical ?
Le modèle agricole basé sur la massification a épuisé le monde vivant aujourd’hui.
L’objectif était d’obtenir une alimentation la plus accessible possible. On voulait obtenir une sécurité alimentaire. On l’a obtenue, mais on se rend aujourd’hui compte des conséquences. Si on voulait dépolluer les eaux souterraines par exemple, ça coûterait à la société au moins 490 milliards d’euros pour les nitrates et 32 milliards pour les pesticides.
Des études montrent en plus que les exploitations agroécologiques bio pourraient devenir plus rentables à moyen terme :
Le prix des engrais de synthèse et des pesticides va continuellement augmenter, donc il n’est pas idiot d’apprendre à s’en passer. À court terme c’est plus compliqué. Un agriculteur n’a souvent pas le matelas assez épais pour assumer une transition de modèle économique. Les boîtes comme FEVE peuvent l’aider.
La biomasse agricole va devenir l’or de demain. Elle peut remplacer des engrais de synthèse. C’est par exemple, des copeaux de bois, de la paille, du fumier ou des restes de récoltes. En agroécologie, les pailles des blés servent à l’élevage, puis le fumier sert d’engrais, etc. Une ferme agroécologique bien gérée peut être autonome en biomasse.
Pendant longtemps on répétait beaucoup : “Ok, mais si on a de l’agroécologie bio partout en France, comment on fait pour nourrir tout le monde ?” Aujourd’hui cette réflexion s’est effacée, parce qu’on a compris que le sujet était surtout de végétaliser juste un poil notre assiette.
Dans le monde, seule 16% de la surface agricole est utilisée pour nourrir les hommes, mais représente 83% de l’apport calorique et 62 % de l’apport protéique.
71% de terres agricoles sont destinées à l’alimentation animale en Europe. Avec seulement 10% des terres agricoles et un régime moins carné, on pourrait nourrir la France. Trouvons le bon compromis :)
Si ce sujet t’intéresse, fonce lire les études de Solagro, Inrae, ou Shift Project.
On a toute la place qu’il faut en France pour nourrir tout le monde avec de l’agroécologie bio. Donc on les multiplie ces fermes FEVE ?
L’exigence
Il y a 6 chefs de projet chez FEVE, qui quadrillent le territoire Français pour accompagner les meilleurs porteurs de projets.
Je commence à me rendre compte que les projets les plus exigeants ont toujours la même trajectoire. Ils ne peuvent pas grandir aussi vite qu’ils voudraient à court terme, mais vont toujours beaucoup plus loin à long terme :
Dans la mode tu as Loom qui se bat pour qu’on achète moins. Ils pourraient assouplir de 10% leur cahier des charges et vendre 10 fois plus. Mais non, ils sont là depuis 8 ans, et ils dureront.
Dans le financement participatif tu as Lita. Ils financent moins de projets que leurs concurrents, et la sélection est plus longue et sans compromis. Ils sont là depuis 10 ans, et ils dureront.
Je suis convaincu que FEVE est ce type de projet pour l’agriculture.
Ils multiplient les décisions qui peuvent paraître anti-entrepreneuriales :
Charte agroécologique et bio : s’ils ne cumulaient pas ces deux exigences, ils pourraient grossir beaucoup plus vite.
Option d’achat pour l’agriculteur : ils pourraient marger mieux lorsque l’agriculteur décide d’acheter la ferme. Mais non. Et en plus, ils lui permettent d’acheter à un prix décoté.
Crédits carbone : ils pourraient se rémunérer grâce aux crédits carbone que génèrent leurs fermes. Mais non, ils préfèrent que leurs agriculteurs puissent le faire eux-mêmes et en bénéficier directement. Pareil pour les futurs crédits biodiversité.
La tonne de carbone s’achète autour de 50€ la tonne, et les fermes FEVE peuvent souvent valoriser 1 tonne par hectare. Les crédits carbone permettraient de doper le rendement locatif de 25% facilement. Mais on préfère ne pas distribuer cela aux gens qui financent, mais à ceux qui font. C’est le même sujet que la fiscalité travail vs capital fondamentalement. Si on continue à rémunérer les actionnaires et pas ceux qui bossent, on crée des inégalités monstrueuses.
Marc, cofondateur de FEVE
Tout ça leur permet de prendre véritablement soin des agriculteurs et de l’environnement. Accepter d’aller moins vite à court terme pour construire un projet de société massif à long terme. J’adore :)
La transparence
Le niveau de sérieux de FEVE pour se construire est impressionnant pour leur taille et leur âge. C’est une preuve de maturité qui présage d’un futur florissant ;)
Ils ont mis en place 3 comités pour les contrôler dont le comité d’évaluation dont on vient de parler. Mais aussi :
Le conseil de surveillance. Il est composé de différents types d’investisseurs dans FEVE, comme un dirigeant de la caisse des dépôts, une agricultrice, un ingénieur. Ils doivent vérifier que FEVE fait bien son job, et rendre compte de leurs observations à tous les investisseurs particuliers et institutionnels de la foncière. Objectif : protéger les intérêts des investisseurs.
Le comité de mission. Il a pour objectif de s’assurer que la foncière accomplit bien sa mission et met tout en œuvre pour atteindre ses objectifs. Comme la transition agroécologique, la préservation de l’environnement et l’autonomie des territoires. Le comité comprend les cofondateurs, des salariés, des investisseurs particuliers, mais aussi des agriculteurs. Il comprend aussi des experts de l’agroécologie, comme Perrine Bulgheroni, fondatrice de la célèbre ferme agroécologique du Bec Hellouin.
Je trouve ça très inspirant d’avoir l’humilité de dire : “On a besoin d’aide pour nous cadrer et nous donner du feedback.”
Ça donne confiance pour investir dans la foncière. On sait qu’ils sont bien accompagnés pour dérouler le plan.
Accompagner les porteurs de projets
Tu te souviens du début de l’histoire de FEVE ? Ils avaient deux projets possibles pour répondre aux freins à l’installation en agroécologie. Financer les fermes, mais aussi accompagner les porteurs de projet.
J’avais un rêve. Je voulais m’installer autour de chez moi. J’ai trouvé une opportunité à Camembert. C’était la ferme de ma vie. Mais je n’aurais jamais pu y arriver sans l’accompagnement de FEVE.
Léa, agricultrice à Camembert, Normandie
Même si le business model de FEVE repose sur le financement des fermes, ils ont développé un projet assez dingue pour accompagner tous les porteurs de projet. Ça s’appelle “La Grange”.
En ce moment, 20 000 candidats à l’installation agricoles sont inscrits sur cette plateforme web et se font accompagner gratuitement. Oui oui, gratuitement.
En fait l’argent c’est l’arbre qui cache la forêt quand on parle de reprise de ferme. Des embûches, il y en a partout : l’accès aux bons contacts et à la bonne information, trouver la bonne ferme, des associés, des partenaires, des débouchés.
Il faut accompagner chaque porteur de projet motivé de A à Z pour qu’il aille au bout de ses ambitions.
Sur La Grange, tu peux trouver :
4 000 fermes potentiellement intéressantes à la reprise qui sont répertoriées et détaillées. Tu peux choisir les fermes qui t’intéressent.
Un parcours à suivre pour t’aiguiller dans ton dossier, tes rencontres avec chaque organisme. Le but est de pousser chaque candidat à rencontrer tous les acteurs clefs de l’écosystème. Il faut le faire dans le bon ordre et en étant bien préparé.
Des outils pour modéliser une ferme, choisir tes ateliers, construire un prévisionnel.
Une communauté pour échanger avec les 2 000 autres candidats à l’installation.
Étape après étape, une présentation du projet se remplit toute seule. Pour FEVE c’est évidemment puissant, parce que ça va permettre de multiplier massivement le nombre de projets “murs” pour un financement.
Mais ce qui est superbe c’est que cet outil peut servir à tout l'écosystème de l’installation en agriculture. Tu peux très bien utiliser ton dossier La Grange pour demander un financement avec une autre structure que FEVE. C’est ça jouer véritablement collectif ;)
4. Action✌️ : Investir dans la terre agricole pour les nuls.
Si comme moi tu te demandes si c’est intelligent d’investir dans la terre agricole, je te propose un petit plongeon dans les chiffres. FEVE est ultra-exigeant, on l’a vu au-dessus. L’impact est garanti.
Mais qu’en est-il de la rentabilité ? Pourquoi investir dans la terre ?
Une valeur refuge
A priori, la terre agricole semble un bon placement. Elle a pris en moyenne 3% par an sur 20 ans. Il n’y a pas de raison qu’elle perde en valeur sur le long terme.

Par contre, il ne faut pas non plus sauter sur le premier investissement agricole sans regarder. C’est un peu comme dans l’immobilier : tout dépend du prix d’achat. Si une ferme est achetée trop cher, l’investissement ne sera pas rentable.
La question est donc : as-tu confiance en ceux qui achètent les terres que tu finances ? FEVE est très sérieux. Pour ma part, j’ai totalement confiance. Mais le risque zéro n’existe pas.
Ce qui réduit le risque chez FEVE, c’est qu’on investit dans la foncière et pas dans les projets un par un. C’est aussi sympa d’investir dans les projets en direct, parce que ça crée du lien. FEVE a choisi le modèle de foncière pour diversifier le risque pour les plus petits investisseurs.
Rentabilité
Voilà comment se compose la rentabilité d’un investissement chez FEVE :
Revalorisation de la part. Chaque année, FEVE décide d’une revalorisation des fermes. C’est évidemment lié à l’évolution de la valeur des terres, mais aussi aux charges, ou aux risques de loyers impayés.
Réduction d'impôt de 25% du montant investi. C’est une grosse partie de la rentabilité. Cette réduction est possible parce que FEVE a un agrément de l'économie sociale et solidaire (ESUS). Attention par contre, la réduction est plafonnée à 10 000 euros par an, donc 40 000 euros d’investissement. Et ça rentre dans le plafonnement global des niches fiscales. Ça veut dire que dans les 10 000 euros tu dois inclure les réductions d’impôt de gardes d’enfant et autres. Et bien sûr les autres investissements dans des foncières solidaires.
Il n’y a pas de dividendes. La rentabilité se fait à la revente après 7 ans ou plus.
Au global, FEVE vise un retour sur investissement de 5% à 8% par an sur 7 ans en intégrant la réduction d'impôt (2-3% hors impôts). Pas mal du tout pour un projet autant porteur de sens !
Frais
Lorsque tu investis dans la foncière, FEVE prend 3% TTC du montant investi pour couvrir les frais de collecte. C’est peu, mais ça justifie encore une fois de garder son investissement au moins 7 ans pour bien les amortir.
Il n’y a pas de frais de gestion à payer par l’investisseur, comme dans beaucoup d’autres types d’investissements traditionnels. La raison ? Un faible loyer est payé par l’agriculteur, et ça rémunère la gestion administrative (facturation, impayés et gestion des travaux sur les bâtiments) et les taxes foncières notamment.
Liquidité
Tu peux récupérer ton argent après minimum 3 ans, pas avant. C’est dans les statuts de FEVE. Mais bon, si tu sors avant 7 ans tu perds ton avantage fiscal de 25%. Donc il faut investir sur le long terme.
La foncière peut te racheter tes parts parce qu’elle garde une partie de liquidités pour le faire. Mais aussi parce que d’autres investisseurs arrivent quand toi tu veux sortir. Et enfin parce que l’agriculteur peut exercer une option d’achat sur sa ferme. Mais le mieux c’est que tout le monde reste le plus longtemps possible, pour financer toujours plus d’autres fermes !
Pour résumer, c’est un investissement avec un impact social et environnemental très élevé. Il est intéressant si on vise le long terme. Personnellement j’y crois beaucoup. Ils accompagnent les projets, et ils ont une équipe super solide pour le faire.
FEVE montre une nouvelle voie. Objectif 1 milliard d’euros par an dans l’agroécologie bio en 2030 ?
Comme quoi changer de paradigme est toujours possible. Ça fait plaisir ;)
Ça t’a donné envie d’en savoir plus ? Inscris-toi au webinaire du vendredi 14 mars à 12h30 pour comprendre comment investir dans la terre agricole :
5. Vocaux 📣 : conseils de l’équipe
Simon Bestel, cofondateur de FEVE
Ce que je retiens :
Les acteurs du terrain leur donnent chaque jour de l’énergie parce que notre mission est très largement partagée.
Après 4 ans, ils peuvent parler avec tout le monde, de la coordination rurale à la confédération paysanne, Safer, chambres d’agriculture. Ils ont pu prouver leur sérieux.
Vincent Kraus, cofondateur de FEVE
Ce que je retiens :
Ce qui est cool, c’est que les retours sur l’impact sont directs. Des agriculteurs disent avoir réalisé leur rêve, et que ça n’aurait pas été possible sans FEVE.
FEVE a un rôle éducatif sur la prise de conscience de l’impact de notre argent. Mais aussi sur la compréhension de l’agriculture par les urbains.
Ils ont rassemblé les investisseurs institutionnels et les citoyens ensemble pour investir, et c’est génial de voir comment chacun apporte à l’autre.
C’est tout pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu jusqu’au bout. J’espère que tu as apprécié autant que moi ce plongeon dans l’agriculture avec FEVE.
Je tiens à rappeler qu’investir comporte des risques, tout ceci n’est pas un conseil en investissement mais juste une boîte que je trouve très cool :)
J’ai deux derniers services à te demander :
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À très vite,